80 ANS APRÈS
UN RIVET DU SCM
EST DÉCOUVERT AU TANEZROUFT

 

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Fin mars 2013 je recevais, de la part de mon ami Mahammed, les photos suivantes :


 

De quoi s’agissait-il ? La question restait posée.
Vraisemblablement ce pouvait être une tête de rivet.
Cette petite pièce de 3 cm de diamètre venait d'être retrouvée dans l'immensité Saharienne, plus précisément dans la zone où le Capitaine LANCASTER avait dû atterrir en catastrophe (lire Un Papillon dans le Désert).

Je voudrais souligner ici la qualité du Dr Mahammed MAHBOUBI, scientifique accompli, professeur de géologie à la faculté d'Oran, qui avec son groupe était dans le Tanezrouft pour une mission de reconnaissance d'un lac paléolithique situé à quelques encablures du point crash « LANCASTER ».
De ce fait, pourquoi ne pas faire le détour vers le lieu de l'accident du SCM.



Le Tanezrouft Mars 2013
photo : Mahammed MAHBOUBI


Mais quid du point crash de Bill ?
Titus POLIDORI avait donné l'itinéraire qu'il avait réalisé, retrouvant par hasard le SCM :
http://3emegroupedetransport.com/POLIDORITitusa.htm

Jean AUBRY, de son côté, avait fait part également de ses relevés :
http://3emegroupedetransport.com/GendarmesHier.htm

Les différentes imprécisions de ces coordonnées, du fait des moyens de l’époque, avaient déjà posé problème à l'équipe de Wylton DICKSON pour retrouver l'épave. En 1975, je rappelle qu'ils avaient mis près de trois jours pour enfin apercevoir la carcasse du Southern Cross Minor à l'horizon et la récupérer.
http://www.3emegroupedetransport.com/LeSCMestarracheaudesert.htm

Ceci pour confirmer que retrouver aujourd'hui le point exact du crash sera loin d'être simple.

À cet endroit, le Tanezrouft a une surface relativement plate mais de nombreuses dépressions de terrain peuvent tromper totalement l'observation.



Le Tanezrouft Mars 2013
photo : Mahammed MAHBOUBI


Mahammed m'a expliqué récemment que Titus, arrivant de l'Ouest au soleil levant, se trouvait légèrement plus haut que l'épave qui était dans une dépression du terrain, d'où son observation comme il le dit, de cette « chose étrange » apparaissant à l'horizon.
À l'inverse Wylton arrivant du Nord-Est avait, avec un éclairement totalement différent, une vue réduite à environ 4 km.
De plus avec la chaleur à ce moment de la journée, j'irais jusqu'à dire que « l'effet mirage » que tout saharien connaît bien ajoutait à la difficulté d'observer quoi que ce soit à un horizon aussi reculé.

Nous savons aussi de par le décodage que nous avons fait avec Mahammed du DVD de John STAINTON d'une part et de l’interview de Wylton DICKSON d'autre part, que l'équipe de Wylton avant de se diriger vers l'Ouest était trop éloignée de l'épave pour l'apercevoir lors du premier jour de recherche.
Nous avons visualisé le film de John STAINTON de multiples fois ce qui nous a permis de consolider notre étude entre les explications données par Wylton et l'analyse du parcours reporté sur carte avec l'appui de Google Earth auquel Mahammed s'est fait un plaisir de m'initier dans les moindres détails.
Mais revenons au RIVET.
J'avais fait analyser les photos de cette petite pièce métallique, aux États-Unis par Heather, en Angleterre par Graham, en Australie par Brian, en France également.
Les réponses n'étaient pas formelles mais allaient toutes dans le même sens, quand Pierre JARRIGE me dit avec certitude qu'il s'agissait bien d'une pièce « aviation ». J'avais pourtant la réponse dans mes archives, mais comme on le dit souvent trop d'informations tuent l'information.
Je ne m'étais donc pas arrêté sur un scan que Serge LE PUIL m'avait fait parvenir du Queensland montrant au musée de Brisbane un des capots moteurs du SCM sur lequel se voyait de façon nette d'autres rivets du même type.



Photo d'un des capots retrouvés.
Scan Serge LE PUIL Queensland Museum


L'analyse de ces documents et spécialement de ce scan, a permis de lever le doute.



Mahammed de passage à mon domicile en mars 2014

 

La tête de rivet visible sur la gauche.
À droite, l’épingle permettant le maintien mécanique


Points de fixation sur structure

 

La tête de rivet retrouvée par l'équipe appartenait bien à un des « capots moteur » du Southern Cross Minor, précisément à celui retrouvé par Keith SCHELLENBERG à environ 500 mètres de l'épave alors qu'il rejoignait Hamish et Graham arrivés quelques temps avant sur le lieu du crash.

 

Autres photos de la tête de rivet

 

J'ai eu moi-même cette pièce entre les mains, il s'agit effectivement de la partie fixation du capot moteur comme vu précédemment, la pièce est en acier bruni ou mieux cémentée :

La cémentation est un traitement thermochimique qui consiste à faire pénétrer superficiellement du carbone dans un acier dont le pourcentage de carbone est insuffisant pour prendre de la trempe, afin de le transformer en surface en un acier fortement carburé susceptible d'être trempé. (Wikipedia)

Observé à la loupe, le métal montre de légères traces de frottement du fait de l'épingle (voir photos précédentes), son maintien mécanique sur le capot était soit du style emboutissage ou peut être par circlips (anneau intérieur d'assemblage).

La pièce en question dut se désolidariser du capot, lorsque ce dernier a « voyagé » au gré du vent de Nord-Est fréquent dans la région.

Dans son interview du Sunday Magazine en 1976, Wylton DICKSON nous dit :

En approchant lentement (de l'épave Ndt), nous avons retrouvé par hasard une partie du capot du moteur. L'aluminium brillait dans la lumière, le vent l'avait emporté à 500 mètres ou un peu plus de l'épave. (Wylton DICKSON ndt)

Je rappelle ici, qu'en 1962, les militaires français avaient sensiblement « remué » la carcasse du Southern Cross Minor qui lors du crash était posée à plat sur le sol. À leur départ l'épave se retrouvait dans une position totalement différente.

Titus avait du pousser un « coup de gueule » pour que ses « troupes » cessent de fouiller cette épave y compris aux alentours, voir la photo suivante que m'a communiqué Louis MASCLET lui-même membre du peloton.


Photo Louis MASCLET

à gauche : Le SCM retrouvé par le GSMT
au centre : Le SCM, quelques jours plus tard, lors de la visite de la patrouille de Jean AUBRY
à droite : Le SCM retrouvé par Wylton en 1975


Les capots du moteur, détachés de la structure par les militaires français, avaient tout simplement été remis contre l'épave de l'avion avant leur départ du site.

La position GPS de l'endroit où fut retrouvé le rivet a été dûment consignée.
C'est un point de repère parmi d'autres pour la recherche du point crash, ce dernier jusque là n'ayant pas été formellement découvert…
Sans doute lors du prochain passage, dans ce secteur, sera-t-il possible de planter même un simple piquet marquant physiquement l'endroit où le Capitaine William Newton LANCASTER connut les huit plus longs jours de son existence, huit jours pendant lesquels il put comprendre que le désert serait le plus fort, que la nature avait ses règles et que l'être humain devrait toujours savoir que par rapport à l'Univers, il n'était rien.

Lorsque le bornage du point crash LANCASTER sera officiellement réalisé, je pourrai à ce moment sur un futur « papier » montrer quelques photos de l'endroit où Bill sombra en cette nuit du 12 avril 1933. Une information sera également donnée sur les différents points GPS concernant ce crash.
Pour information, actuellement cette zone est strictement interdite et à moins d'y pénétrer incognito, il est nécessaire d'avoir une autorisation préalable et un objectif formel pour s'y rendre.

 

Rédaction : Alain BROCHARD – Mars 2014