COLOMB-BÉCHAR
Base Aérienne 145
et CIEES 343
ex CEES

Historique

Entre les 2 guerres, l’Escadrille TOE n° 4 s’installe à la caserne Lopez et utilise le terrain du futur aérodrome Georges Léger. En 1938, on trouve à Colomb-Béchar, le GAO 588 et une section de transport aérien soutenus la Section de l’air 1/202. Aucun document n’a permis de savoir ce qui s’est passé jusqu’à l’après-guerre et l’installation du Centre d’essais. Les essais d’engins autopropulsés demandent dès 1946 la disposition de champs de tirs très étendus qui permettent la récupération des engins. Le Sahara présente ces avantages mais il faut disposer d’eau, de moyens d’accès routiers, ferroviaires et aériens et enfin d’énergie. C’est ainsi que Colomb-Béchar est choisi avec des zones allant jusqu’a 2 000 kilomètres, la voie ferrée Mer-Niger, les mines de charbon d’Abadla à proximité…

Le Centre d’essais des engins spéciaux (CEES) est créé par arrêté du 24 avril 1947. Le premier noyau de personnels, presqu’entièrement de l’armée de l’air, arrive début septembre. Le centre, appelé également Centre du Guir, s’installe sommairement en 1947-1948 sur l’ancienne base de Colomb-Béchar, en attendant des constructions neuves. Le 1er septembre 1947, un DBA 145 est créé pour le soutien Air du site ; dissous le 31 décembre 1948, il est remplacé par la CA 2/145, puis le 1er octobre 1954, par la Compagnie de l’air des Éléments air du CEES 343. Une escadrille est affectée au CEES avec 2 Goéland et 2 Nord 1100 pour les liaisons et 2 LeO 45 pour les largages d’engins.

L’altitude, 800 mètres, et la chaleur rendent les décollages plus longs. Un détachement de radars (Air) et un détachement de cinéthéodolites (Terre) complètent l’équipement initial. Les débuts sont difficiles, les campagnes de tirs doivent s’interrompre pendant les grosses chaleurs, enfin des dissensions entre Air et Terre apparaissent sur leurs attributions respectives. Les essais ne démarrent réellement qu’à mi-novembre 1949 et le CEES devenu CIEES (Centre interarmées d’essais des engins spéciaux) monte rapidement en puissance ; dès 1955 plus d’un engin est tiré par jour. L’Escadrille du CIEES, rattachée à la BA 145, se compose alors de 18 avions pour les liaisons, les transports, les essais, l’accompagnement d’engins, leur largage, leur récupération et enfin pour le sauvetage et les évacuations sanitaires. Une Sous-direction technique Air 1/594 fut créée le 1er septembre 1957. Un escadron d’engins sol-air 1/545 est également créé, mais dissous le 31 janvier 1959, il est remplacé par une section d’engins sol-air au sein de la sous-direction tactique Air 1/332 de Colomb-Béchar, annexe du CEAM et créée le 1er octobre 1954.

Le CIEES comprend une direction (le Directeur est choisi dans l’arme pour laquelle le plus grand nombre de tirs est prévu), une base aérienne, une base guerre, un service-méthodes, un service technique et des services généraux. Le Centre du Guir se compose de 3 sites :
           - la base principale B1 près de Colomb-Béchar avec l’aéroport Georges Léger, les supports logistiques du CIEES et 2 bases proches de lancement, l’une près de B1 pour les tirs inférieurs à 50 kilomètres avec rampe oblique et l’autre à Bou Hamada, à 12 kilomètres, pour les tirs verticaux.
           - une aire B’1 de tir moyenne portée, à 50 kilomètres au Sud, sans moyens particuliers.
           - l’aire principale de lancement B2 à Hammaguir, à 110 kilomètres au sud-ouest de Colomb-Béchar, avec une base-vie, permettant des tirs à 1 000 kilomètres vers le Sud-Ouest (Tindouf) et 1 000 à 2 000 kilomètres vers le Sud-Est (Bidon V et le Tchad). C’est de B2 qu’est tiré en novembre 1965, le premier satellite français lancé par une fusée « Diamant ».

La mission du CIEES est de mettre ses moyens et son infrastructure à la disposition des directions techniques des Armées : DTI, DEFA, DCCAN, du CEV, du CEAM et de l’ONERA. Les expérimentations tactiques sont effectuées par l’EMA avec un Groupe d’artillerie guidée et par l’EMAA avec l’annexe du CEAM. Début 1956, la BA 145, administrée par la CA 2/145, est composée de la Participation Air au CIEES, de la Section météorologique 22/145, des GP 36 et 37/145, de la Section munitions 44/145.

Parallèlement aux essais, la base voit son activité s’accroître avec les opérations de maintien de l’ordre. En juin 1956 en effet, les premiers attentats ont lieu en ville et les routes et la voie ferrée ne sont plus sûres. Des moyens de protection sont mis en place et le 1er septembre, le DTO 46/540 est créé et installé sur la base du CIEES. Le CLA, les transmissions, la protection, la sécurité incendie sont assurés par la base. Le PCA 29/540 fut créé le 1er juillet 1956 avec le PCA 78/540 d’El-Abiod. Le 1er décembre 1956, il devient PCAD 29/540 faisant de plus fonction, pour la Zone Ouest Sahara, de GATac vis-à-vis des PCA de Mécheria et de Tindouf dont le DTO 47/540 est rattaché à Béchar. Des moyens aériens sont implantés. L’EALA 5/72 sur T 6 créée le 1er juillet 1956 opère à Colomb-Béchar jusqu’à sa dissolution le 30 novembre 1959.

Un détachement du GSRA 76 équipé de Ju 52, créé à Tunis, est affecté à Béchar le 6 juin 1956. Prenant rapidement de l’importance, il devient autonome le 1er août sous la dénomination d’ESRA 78 puis le 1er novembre 1956 de GSRA 78 «Tindouf».

À partir de fin 1957, les C 47 remplacent progressivement les Ju 52 et en 1958 le GSRA est en plus doté de Broussard. Le GSRA travaille pour le PCAD : lignes régulières, transports, EVASAN, PC volant, RAV, appui-feu, protection de convois. De plus des détachements de MD 315 du GOM 86 et des détachements hélicoptères d’Oran opéreront à partir de Colomb-Béchar. Enfin pour les opérations d’importance, il est fait appel aux moyens du CIEES.

Avant la fin des opérations dès le 31 janvier 1961, le CLA 20/145 créé le 1er avril 1959, la Section photographique 21/145, la Section météorologique 22/145, la Section de munitions 44/145 et la Section VSV 47/145 sont dissoutes. Après le cessez-le-feu, les moyens s’allègent mais notre maintien sur les sites d’essais au Sahara entraîne des regroupements sur les bases du Sud et en particulier à Colomb-Béchar.

Le PCA 74/540 créé à Colomb-Béchar le 1er août 1958, est dissous le 31 juillet 1962. Le GSRA 78 et le DTO 46/540 sont dissous respectivement le 31 janvier et le 28 février 1963 ainsi la STBS 85/145 et la SP 35/145. La Participation Air au CIEES a la mission de rendre le Centre d’essais autonome au point de vue des servitudes aériennes et de regrouper les moyens aériens maintenus à Colomb-Béchar sans que leur mission interfère avec celle du CIEES.

À partir du 1er mars le Sous-directeur air du CIEES commande la BA 145. Le PCAD 29/540 devenu PCAD 70/145 le 1er octobre 1962 est dissous le 29 février 1964. Le CBA 761 est créé le 10 février 1965 ; à la même période la Direction technique du Commandement des Sites et le CATA 861 sont également installés sur la base. La BA 145 et la Participation Air au CIEES sont dissoutes le 30 juin 1965 en même temps que le CIEES dont l’activité est reprise par le Centre des Landes.

Insigne

Il est réalisé en 1948, à la demande du chef du Groupe Air pour ses personnels. Il représente la croix d’Agadès des Territoires du Sud, la silhouette du Garet Oum es Sebha appelé « château de Bou Hamama » caractéristique du paysage de Colomb-Béchar et un engin symbolisant la mission du Centre.

Enfin l’étoile et les ailes du PN sont destinées à marquer l’appartenance à l’armée de l’air de ceux qui portent cet insigne. Ce sera en fait le seul insigne du CIEES. Non homologué.

Le modèle initial est fabriqué par Chobillon et porte l’inscription CEES. Les modèles suivants fabriqués par Courtois et par Drago sont identiques à l’exception du sigle devenu CIEES. Un modèle plus petit existe sans nom de fabriquant.

 

Source:

LES INSIGNES DES BASES AÉRIENNES
Bernard THEVENET - 2000
SERVICE HISTORIQUE DE L’ARMÉE DE L’AIR

 

Guide d'accueil au C.I.E.E.S