CONSEILS AUX AUTOMOBILISTES

Lisez attentivement les Arrêtés du Gouvernement Général de l’Algérie réglementant la circulation des automobiles sur les pistes sahariennes et qui constituent, en quelque sorte, un véritable « Code Saharien de la route » ; l’étude de ces documents vous permettra de connaître, de façon parfaite, les textes qui régissent tous voyages dans les oasis sahariennes.
Nous avons désiré, d’autre part, vous donner un certain nombre de conseils dont l’expérience de randonnées au Sahara nous a démontré l’intérêt.

ÉPOQUE DE VOTRE VOYAGE :

Vous pouvez vous rendre au Sahara du début Octobre à fin Avril ; de Mai à Septembre, les températures, en général très élevées, que vous rencontreriez risqueraient de gâter tout le charme de votre voyage.
La meilleure époque pour accomplir votre voyage est celle allant du 20 Janvier au 10 Avril : les nuits ne sont pas trop fraîches et, durant la journée, la chaleur est on seulement supportable, mais agréable.

CARTES :

Les meilleures cartes actuelles du Sahara sont les suivantes : carte des Principales routes et pistes de l’Afrique Française, au 2.500.000°, feuilles 1,2 et 3 ; croquis du Sahara au 1.000.000° (service géographique de l’Armée ; carte des pistes transsahariennes au 4.000.000° (Michelin) ; ces cartes vous aideront utilement à préparer votre voyage.

PRÉPARATION DU VOYAGE :

Si vous voyager avec une seule voiture, vous devrez souscrire un contrat de dépannage avec l’une des Sociétés de transports transsahariens, pour la traversée de la région désertique séparant les Territoires du Sud de l’Afrique Occidentale (voir pages 20, 50 et 87 les renseignements concernant les services de dépannage sur les lignes du Tanezrouft, du Hoggar et des Ajjers) ; dans la zone Nord des Territoires du Sud, et à condition de précéder d’une journée le Service automobile régulier, des voitures roulant seules sont exceptionnellement autorisées à circuler. Deux ou plusieurs voitures circulant de conserve ne sont pas astreintes à ces différentes obligations.

Matériel :

Ne partez qu’avec une voiture en parfait état de marche.
Il est possible de traverser le Sahara avec n’importe quelle voiture, à condition que cette voiture soit pourvue d’un système de suspension très robuste : il sera donc nécessaire de renforcer les ressorts de votre voiture. Si le réservoir d’essence de votre voiture est à l’arrière et surbaissé, il sera utile de la protéger par une natte en alfa, de façon à éviter qu’il soit percé par un caillou.
Il est indispensable, d’autre part, d’équiper votre voiture avec des pneumatiques de la plus forte dimension possible et à basse pression.
Étant donné que votre voyage sera effectué durant la saison fraîche, nous ne pensons pas qu’il soit indispensable d’équiper votre voiture d’un radiateur spécial (récupérateur d’eau) ; il suffit simplement d’emporter une nourrice de 25 litres d’eau.
La fréquence des distributeurs d’essence et des stocks de lubrifiants n’exige plus maintenant qu’une nourrice de 50 litres pour l’essence et d’une quinzaine de litres pour l’huile.

Outillage de réparation :

Prenez soin d’emporter un outillage – de préférence neuf – bien assorti, (ne pas oublier, notamment, une lampe à souder et un petit étau).

Pièces de rechange :

Les pièces de rechange à emporter sont les plus fragiles ou les plus exposées de la voiture (organes d’embrayage et de transmission, pont arrière) ; ne pas oublier des lames de ressort supplémentaires ; il est recommandé de toujours emporter deux roues de secours complètes et six chambres à air.

Cliché SHELL
La piste rocailleuse (Béni-Abbès)


Objets de dépannage :

Il est préférable d’emporter 4 planches de 1 m 25 de longueur sur 30 cm de largeur et 4 cm d’épaisseur (que l’on peut fixer sous les marchepieds) plutôt que d’emporter des rouleaux de treillage ; au cas où il ne serait pas possible d’emporter des planches , choisissez des nattes en alfa.
Pour les voitures ayant les pneus arrière jumelés, il est intéressant d’emporter deux tubes de 8 à 10 cm de diamètre et de 2 m à 2 m 50 de longueur.
Emportez une corde solide, d’une dizaine de mètres, pour remorque.
Si vous tombez un soir en panne, vous regretterez de n’avoir pas emporté une hachette pour couper les troncs ou les branches d’arbres qui vous permettront de faire du feu : prenez donc une hachette.
Et n’oubliez pas une boussole qui vous rendra de grands services au cas où vous quitteriez accidentellement la piste.

Pharmacie de secours :

Il est nécessaire d’avoir une pharmacie de secours, du type des trousses que l’on trouve aisément toutes préparées et à laquelle seront ajoutés de la quinine, de l’aspirine ou de la metaspirine, du bismuth, de l’élixir parégorique, du permanganate de potasse, ainsi qu’un produit pour se préserver des coups de soleil.
Si le voyage doit avoir lieu à la fin du printemps, il est prudent, surtout si l’on se rend en Afrique Occidentale, de se munir d’un flacon de sérum antivenimeux A.O. (Institut Pasteur à Paris).

Habillement :

Les variations de température sont très grandes au Sahara : de 30° à 40° le jour et la nuit de moins 5 à 5° ; il sera donc indispensable d’avoir des vêtements légers durant le jour et des vêtements de laine pour la nuit (le burnous est recommandé).
Il n’est pas nécessaire durant l’hiver d’avoir un casque colonial au Sahara, mais il est recommandé d’avoir le visage entouré d’un turban en mousseline légère (cheich) ; à partir du début Avril, et si l’on se rend en Afrique Occidentale, le casque colonial est de rigueur.
Afin de se protéger les yeux durant les heures chaudes de la journée, il est utile d’avoir des lunettes à verres teintés.

Vivres :

Il est indispensable d’avoir toujours une semaine de vivres en réserve pour chaque passager et 4 à 5 litres d’eau par jour et par personne ; si l’on n’emporte pas d’eau minérale, il est préférable de stériliser l’eau retirée des puits au moyen d’un petit filtre.
Pour pouvoir prélever de l’eau dans les puits, parfois très profonds, emporter une corde de 35 à 40 mètres de longueur.

Armes :

Afin de les protéger du sable, les armes devront être soigneusement emballées dans des housses.

LE DÉPART :

Autorités :

Il est obligatoire de prévenir les Autorités locales de l’heure de son départ et de l’endroit où l’on se rend, en indiquant approximativement le délai que l’on compte mettre pour arriver à l’étape suivante.
Si vous ne donniez pas ces renseignements, vous risqueriez, en cas de panne ou d’accident de n’être pas secouru rapidement, ce qui, sur certaines pistes peu fréquentées, serait désagréable.

Heure de départ :

Le Sahara appartient à ceux qui se lèvent tôt. Il est préférable de toujours partir à 6 heures du matin, même i votre étape n’est que de 5 ou 6 heures, plutôt que de partir à midi.
Vous pouvez être pris dans une tempête de sable ou avoir une panne qui vous immobilisera pendant quelques heures et, si vous n’avez pas une marge de sécurité suffisante, vous serez obligé de passer la nuit sur la piste, ce qui n’a rien de particulièrement agréable (n’oubliez pas que la circulation durant la nuit est difficile, sinon dangereuse).

EN COURS DE ROUTE :

Suivez la piste. Le sol, à côté de la piste, peut paraître meilleur, mais il peut, aussi, masquer des bancs de fech-fech. D’autre part, si vous vous écartez de la piste, les traces de roues que vous suivrez peuvent avoir été faites (et c’est fréquent) par un automobiliste qui s’est momentanément égaré ; il est donc utile que vous perdiez ainsi votre temps.
Et pensez-vous aux caniveaux qui surgiront soudain dans un sol non aménagé, trop tard pour ce que vous puissiez freiner utilement ?
Suivez donc toujours la piste.


Cliché SHELL
La piste sablonneuse (Fort-Lallemand)


LA PANNE :


Étant donné le soin apporté à la préparation des voyages au Sahara, les risques de pannes sont heureusement très rares. Cependant si vous êtes victime d’un accident ou si vous tombez en panne et que vous vous aperceviez que la réparation nécessitera un temps très long, ou si vous estimez ne pas pouvoir repartir par vos propres moyens, essayez tout d’abord de ramasser du bois et des brindilles afin de pouvoir faire un feu durant la nuit.
Si, malgré que vous ayez prévenu les Autorités, vous vous apercevez qu’au bout de quelques temps l’on ne vous a pas encore secouru, ne perdez pas patience et attendez près de votre voiture sans vous en éloigner ; vous ne savez pas, en effet, de quel côté viendra le secours et, d’autre part, vous compliquerez la tâche de ceux qui vous chercheront si vous quittez la piste. À moins que vous ne soyez pas éloigné de plus d’une demi-journée de marche du plus proche centre habité, ne quittez donc pas votre voiture.

L’ARRIVÉE :

Informez le poste militaire de votre arrivée, afin que votre venue soit signalée au poste que vous avez quitté.
Surtout dans l’Extrême-Sud, il est d’usage de rendre une visite de courtoisie à l’Officier qui commande le poste.


Guide Shell édition 1934