LANCASTER’S CRASH POINT


Le 15 juin 2012 du TANEZROUFT à MONTPELLIER.


Merci à Mahammed Mahboubi, François Moppert, Maurice Patissier, Jean-Jacques Depétris, Eugène Bosio du grand bonheur qu’ils m’ont fait dans le partage de cette journée consacrée à la recherche du point exact du crash du Southern Cross Minor.

AU BOUT DE LA PATIENCE, IL Y A LE CIEL
Proverbe du TASSILI N’AJJER

Ce rendez-vous inattendu, je n’avais même pas osé l’imaginer et pourtant…
Mi-mars je recevais un e-mail d’un scientifique, géologue de métier, chercheur universitaire s’intéressant de surcroît aux espaces Sahariens !
Lors d’une mission dans la région de Tabelbala (Sud-ouest Algérien) en décembre 1990, ce professeur avait eu connaissance de l’histoire de Lancaster, histoire évoquée par un de ses guides. Puis en 2011 le Docteur Mahammed MAHBOUBI pour le citer avait découvert les espaces infinis du Tanezrouft.
Le Net aidant Mahammed avait découvert en rentrant à Oran l’histoire tragique du Capitaine William Newton Lancaster que j’avais osé mettre sur le site du 3ème Groupe de Transport le 12 avril 2009 sous le titre : UN PAPILLON DANS LE DÉSERT.
Mahammed sans hésiter reprit contact aussitôt avec son guide qui lui avait raconté cette histoire 21 ans plus tôt. Début mars 2012, la rencontre fut programmée avec son correspondant à Tabelbala et à cette occasion une entrevue inespérée eut lieu… L’incroyable se produisit Mahammed avait devant lui le guide de la patrouille de Titus POLIDORI, Monsieur Brahmi HADJ ADDI résidant lui-même dans cette oasis de Tabelbala.



Brahmi Hadj Addi

La photo qui suit, prise le jour de la découverte de Bill, nous montre entre autres Brahmi Hadj Addi, debout appuyé sur le côté du Dodge.


Monsieur Brahmi Hadj Addi, malgré son âge garde un souvenir intact de la découverte de l’appareil échoué et de son pilote, m’écrit Mahammed.

Comme vous pouvez l’imaginer mon sang ne fit qu’un tour. J’appelle aussitôt Maurice, Jean-Jacques, j’écris à François en vacances permanentes à Tahiti !

Mahammed terminait son e-mail écrivant : Toutes mes reconnaissances et mes remerciements de nous avoir fait vivre l’histoire du célèbre Lancaster qui reste ancrée au fond de nous-mêmes.

Évidemment il m’était impossible de laisser cet e-mail sans réponse !
Mes recherches, la rédaction, les corrections du document sur la fin tragique de Bill m’avaient pris un peu plus de trois ans, mais là encore « la patience », sinon l’attente d’avoir un jour peut-être une réponse à mes courriers…
Je « tirais » pourtant toutes les « sonnettes » mais souvent elles restaient muettes !
C’est ainsi déjà que j’avais eu le grand bonheur d’avoir une réponse de Tahiti, François m’avait répondu et avait de suite compris ma « quête ». Maurice également m’avait rejoint retrouvé par le biais de Christian Gérault (aujourd’hui disparu). Je n’oublie pas non-plus Michel Fernez administrateur du site du 3ème GT qui sans faiblir m’a toujours soutenu et aidé dans mes recherches.
Il fut d’ailleurs celui qui « dénicha » le document que François avait rédigé fin 1962 : TANEZROUFT DÉSERT DE LA SOIF.

La réponse de Mahammed à mon e-mail ne se fit pas attendre. Nous avons de suite sympathisé, nos échanges ont aussitôt pris la forme de questions-réponses. Mahammed me disant que dans la mesure de ses moyens il m’apporterait toute son aide.
Quelles étaient les questions qui pouvaient encore me préoccuper sur cette histoire !
Bien sûr en premier lieu, la tombe de Bill. Où, depuis mon passage à Reggane en 1963 Bill pouvait-il encore se cacher. Par « raiders » intermédiaires de passage à Reggane en 2009 puis 2010 j’avais fait interroger des interlocuteurs potentiels de Reggane, mais sans succès. J’avais pourtant la certitude à l’étude de l’oasis de Reggane par l’image satellite, que ce petit village que j’avais connu, il y avait désormais près de 50 ans avait tellement grandi, que la tombe de Bill avait obligatoirement été déplacée. Mais ce sujet en cours d’étude, se voyait « évincé » par un autre qui torturait Maurice depuis son raid de février 2010 quand il devait poser sa stèle sur le point crash.
Maurice, arrivant au point JA, coordonnées définies par Jean Aubry,



Le commandant Aubry à Reggan-plateau

celles mêmes que j’avais noté sur la page de garde de « Un Papillon dans le Désert », à savoir 24° 13’ Latitude Nord et 0° 06’ Longitude Est, eut la surprise de découvrir fixé au bout d’un manche à balais, un papillon en contre-plaqué que Jean-Jacques, qui suivait l’affaire de la mise en place d’une stèle, avait posé, clin d’œil à Maurice, mais…


Eh oui il y avait un MAIS !
N’étant personnellement nullement enseigné sur les calculs de coordonnées terrestres, je ne m’étais même pas aperçu que dans celles diffusées par Jean Aubry et très certainement calculées dans un bureau lointain du Tanezrouft, (publication faite seulement en 1990), je ne m’imaginais pas que les « secondes » qui manquaient « à l’appel » définissaient en fait plusieurs kilomètres…
Le Papillon de Jean-Jacques n’était donc pas au bon endroit.
Maurice le savait et de calculs en calculs, il cherchait, je n’irai pas jusqu’à dire jour et nuit, mais malgré tout, cette affaire le laminait et nous l’avions évoquée lors de nos différentes conversations téléphoniques.

Mahammed de son côté avait vu de suite que sans les secondes, le point crash défini par JA ne pouvait pas être correct. D’où aussitôt sa question, quelles étaient précisément les vrais coordonnées ?
J’appelle Maurice qui n’avait pas complètement rangé ses cartes, lui demandant son avis. Et là entre cartes aéronautiques et Google Earth, la bataille des experts commençait.
Maurice se remit aux calculs, Mahammed également, Jean-Jacques à « l’ordi », et entre courriers et e-mail, je me retrouvais envahi par les cartes.
Pour apporter également le maximum d’eau au moulin, j’interrogeais Ivan Baumgarten qui disposait de nombreuses cartes ainsi que Jean-Charles Humbert qui avait lui-même rencontré Titus Polidori.
Les échanges successifs de cartes, coordonnées, etc.…, se succédèrent, la découverte du point précis allait se faire, Maurice n’en finissait pas d’affûter ses crayons et Mahammed examinait précisément ce secteur du Tanezrouft en pressant le satellite comme un « citron ». Jean-Jacques partit à l’autre bout du monde ne pensait plus à l’instant à notre ami Lancaster.
Puis une carte tomba du ciel, avec les travaux de Maurice, Mahammed venait de mettre le doigt sur un secteur où de nombreuses traces de roulage apparaissaient. Je me suis dit ça y est ils ont trouvé !!!


En agrandissant cette carte, il est possible de voir les traces de roulage près du point MM.

De sorte à mieux situer les différents points, je demandai donc à Jean-Jacques de retour à sa « base », de me positionner les points :
- JA >>> Jean Aubry
- MM >>> Mahammed Mahboubi
- MP >>> Maurice Patissier
par rapport à son parcours de Janvier 2010.
(Voir la carte qui suit).

De la même façon, en agrandissant cette carte, il est possible de constater que les points MM et MP sont très proches mais néanmoins à quelques kilomètres.
Quant au point JA nous ne pouvons que conclure qu’il n’est absolument pas représentatif du point crash recherché.
Je pense donc que les traces retrouvées par Mahammed autour de son point ne peuvent être que significatives de l’endroit où Bill vécu ses dernières heures. Cette hypothèse sera vérifiée sur le terrain le moment venu !
Mahammed à cet instant rend hommage à Bill :

À la mémoire de Bill LANCASTER
Le désert ne pardonne jamais l’erreur humaine, telle fut la panne qui survint à LANCASTER au moment où il traversait le Tanezrouft au printemps 1933. Il y a 79 ans « Bill » vient d’entamer son deuxième jour seul dans le désert. Les écrits qu’il laissa témoignent combien cette histoire est belle et combien cette histoire est horrible. Rendons un grand hommage à ce grand Aventurier qui grâce à son courage et sa ténacité rendit un grand service à l’humanité en tentant de survoler l’Europe et l’Afrique. Il nous a laissé un héritage inestimable en voulant rapprocher les hommes entre eux. Cette page d’histoire restera gravée pour toujours.
« Bill » tu es encore parmi nous…
Mahammed Mahboubi.

Puis vint le jour où Mahammed m’annonça qu’il serait courant juin de passage à Montpellier.
Il était évident qu’il me fallait regrouper l’équipe de recherche du point crash, sans oublier un instant François qui venait d’arriver dans l’hexagone et Eugène habitant à quelques encablures de là. Tous répondirent présent et la date fut fixée.
Nous nous retrouvions tous le 15 à Montpellier et de suite le groupe se souda pour un seul objectif, faire avancer le dossier. Chacun avait amené ses documents et le travail d’échanges commençait. Pas de dispersion les spécialistes tiraient l’ensemble des participants vers le point crash Lancaster.



de g à d : Jean-Jacques Depétris, François Moppert, Mahammed Mahboubi,
Alain Brochard, Maurice Patissier et Eugène Bosio

Le débat est ouvert.

 


Les cartes sont examinées

 


Se concentrer, réfléchir, le désert ne pardonne pas l’à peu près !

 


Les experts vont-ils mettre le doigt sur le fameux point …



Et puis vient la traditionnelle photo de « famille ».

 


Et ce fut l’heure des agapes.

 



Derniers points à vérifier.

 


Dernière photo du groupe et ce sera à la prochaine rencontre !