Livre d’Or de la 66 1/A
On les a retrouvés...
Quatre
cent quatre vingt sept jours et autant de nuits blanches
Nous sont tombées dessus... (y compris les dimanches) Entendirent nos phrases prononcées toutes ensembles Où des mots par moments ont des accents qui tremblent Mots qui nous sont très chers, espoirs de tout notre être Ceux de nos épouses, fiancées, bébés peut-être De nos parents aussi souffrants sans trop se plaindre De cette séparation qui va bientôt s’éteindre A l’idée de songer que dans cent jours enfin Nous serons réunis autour d’un bon festin Je pense pour la plupart, ne plus nous séparer Ne doit pas signifier, ne plus se rencontrer Car grands amis nous le sommes et resterons toujours Cette amitié est née de nos cinq cents longs jours Et si passant un jour par tel bourg, telle cité Nous pensions que soudain « machin y habitait » Ralentissez un peu… ou même faites un détour Pour retrouver l’ami et... lui dire un bonjour Vous vous rappellerez de ce bon vieux G.T. Où les bons souvenirs ont chassé les mauvais Et vous reparlerez de « la classe » cette fois Qui fit naître une amitié... qui ne périra pas Une amitié réelle, franche et spontanée Qui était l’essence même de la 66 1/A |
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SUING
Jean-Paul « Le Chti » Il était allergique au plus petit effort Il était bien loin de pratiquer un sport Il avait deux passions, celle de rêvasser Et de remplir un ventre bien grassouillet |
MOURRIER
Raymond « Le Taulard » A Laon souvent il s’énervait Mais au G.T. il se calmait A la Kronenbourg il se mesurait A Béchar, une biture il prenait |
TUBŒUF
Gérard « Eustache » Un GBO il conduisait A Brigitte souvent il pensait Au P 7 souvent il allait La quille souvent il gueulait |
LESUEUR
Daniel « Le Cambrésien » F.B. il nous débarquait Sur G.B.O. il crapahutait Chez Fifine une visite il faisait Souvent à la quille il pensait |
DEBEL
Danny « Nounours » De Halluin 2° Classe il nous venait Chez Fifine il se plaisait Trop fort il se croyait car CA1 CA 2 il fit Gradé il nous revenait |
BOURDOUXHE
Pierre-Paul « Le Fécampois » Bricard il était La semaine il montait Décontracté toujours il était Mais à la quille il pensait |
SCHWINN
Marc « Le Bulleur » Ramier, il était Au cul, il tirait Au foyer souvent il rôdait Mais la quille il gueulait |
PAINCHART
Jean-Jacques « La Flèche » Deux mois chauffeur du Lieut il était Sur GLR il continua A sa Françoise souvent il écrivait A la quille il rêvait |
MALASSAGNE
Daniel « Bouboule » A Laon, sur Simca il débuta A Reggan, sur GBO il continua A Marseille une halte il fit Mais... Comme pour la quille il gueulait |
PAKULSKI
Serge « Touche ta bille » Les batteries il sabotait Les pneus il crevait Souvent les murs il frôlait La libération il attendait |
PLANQUAIS
Jean-Pierre « Fangio » Sur son GLR à Montlhéry se croyait Champignon toujours au plancher Bon crapahuteur des pistes ensablées A la quille il rêvait |
LIRZIN
Jean-Claude Toujours à l’atelier il était Plongé dans ses radiateurs il était Bientôt prendra une autre clef Celle de la liberté |
MERCIER
Bernard « Na Nard » A Laon consultant il était Au G.T. il se calmait La Kronenbourg il adorait A sa femme il pensait |
JULIEN
Jean-Pierre « Le Poubellier » A 20 000 il planait Les punaises il aimait Car au plateau souvent il était A la quille toujours il rêvait |
HULOT
Alain « Moustache de phoque » A Laon bulleur il était Frigoriste, sa bille il touchait A sa fiancée souvent il pensait La quille souvent il gueulait |
MOREAU
René « La Pipelette » Footballeur il était Sa bille il touchait A Christiane il pensait A la quille il rêvait |
MAGNIEZ
Aimé « Etienne » Tôlier il était, le foyer il préférait Si dans l’atelier il travai11ait Au-dessus du bruit du marteau On l’entendait quand la quille il gueulait |
HERVET
Jacky « Clamart » Un GLR il conduisait La Kronenbourg il adorait Mais bientôt un frein il mettait Car dans ses poches les bouts se touchaient |
PRUVOST
Joël « Clé à molette » |
BUNEL
Gérard « La Taupe » Au magasin d’armes il était Son avion il voulait Sur son lit il bullait A sa femme souvent il pensait La quille il espérait |
VARLET
Bernard « Boulogne » Consultant il était Toujours il dormait Quand ses yeux s’ouvraient La quille il voyait |
SOUARD
Jacques « Barentin » De Barentin il nous venait De ses sorties à Laon il se souvenait A Reggan mécano il se retrouvait Mais-la quille il désirait |
MINETTE
Daniel « 12-7 » A Laon, la bulle il recherchait Mais aux cuisines les cloches ce qu’il a pu se faire sonner Mais de ces mots se contrefoutait Car il aimait d’amour… un canard adoré |
LEFEBVRE
Jean-Pierre « Paris Normandie » A Reggan il débarqua Son rire il cultiva Le coup de sud il attrapa La France le sauvera |
BROUILLARD
« Le Gros » A Laon à la cuisine il était Au GT il continua Car la popote était son dada La quille il demandait |
FOURNIER
Daniel « La Suie » Dans son magasin il bullait Les boulons il donnait Janine il pensait Mais la quille il gueulait |
NOËL
Claude « Le Cuistot » Aux cuisines il était A la boucherie il désossait Au service se retrouvait Pour la quille il gueulait |
NOËL
Alain « La Grosse » Gros il était Car aux cuisines rien il faisait A sa petite fiancée il pensait A la quille il la retrouverait |
Père Cent de la 66 1/A
3e
GALVAUDEURS TRANSBAHUTÉS
Section
Saharienne 66 1/A
Tél.
: 7 A. C. 11 Tir |
C.C.P.
100-1 sou. A l’arrivée bleus nous étions, Avec le temps nous buvions, Au PÈRE CENT nous pensions, A la QUILLE nous partirons. |
A V I S D E D É C È S
Madame Veuve CENT, née DÉSIRÉE DEPUY LONGTEMPS, son Épouse ;
Monsieur PAUL HOCHON, recordman du vol en circuit, son Fils ;
Mesdemoiselles CÉDUPEU, ONSEBARD, CHAINOU, ses Filles ;
Madame Veuve CORVÉE DE CHIOT, née SAPUT, sa Belle-mère ;
Mesdemoiselles LADY HARRET, LADY CENTRY, attachées aux affaires courantes ;
Le Clown PAILLASSE, ses pin-up PUNAISES et ses boys MORPIONS ;
Ses Amis TIENTOIPÉNARD, SINON, THORA, de LATOL ;
Monsieur GODIO et sa fille CHOSSETTE, créateurs des célèbres parfums
« CRAMPON’TOY JE M’DECHOSS »,
Et tous les rescapés de la 66 1/AOnt la biturante, assoiffante et titubante joie de vous faire part de la perte irréparable mais tant attendue qu’ils viennent d’éprouver en la personne de
Monsieur
N’houssom Allah SANTENE
Vicomte de Mélés-Voiles
Petit-fils de Allah Ksé-Long
Grand Chevalier de la Sainte Fuite
Prince de Tyrokus
Fondateur de la S.P.A. (Société Protectrice des Appelés)
subitement décédé à REGGAN-CITY, après une longue agonie de 387 jours, malgré les soins des docteurs REMESSA et REMPILDONC.
La levée du corps aura lieu au Foyer du Saharien, en présence de l’Abbé NEDICTINE, assisté du Révérend Père Yves ROGNE, à la Chapelle SAINTE-CANNÉE.
Les chœurs seront assurés par les sœurs ANNIE ZETE et MARIE BRIZARD.
Les bleus se muniront de brouettes afin d'assurer le retour des Anciens au cimetière Sainte Cuite.
Ni fleurs, ni pleurs, Des profondes… hisse… ton fric
Mais laissez les sous venir. Amen… tes sous…
NI
FLEURS, NI COURONNES, OÙ SON CORPS REPOSE
UN MANDAT VAUT MIEUX QU'UNE ROSE
LA
VIE FILMÉE EN KAKICOLOR
(SILENCE ON TOURNE)
Les
trois jours.................... |
Trois
pas vers la potence. |
Le
conseil de révision.......... |
Le
défroqué. |
L’incorporation................... |
Bonjour
tristesse. |
Le
courrier.......................... |
Les
viaducs de l’espérance. |
Le
rapport........................... |
Autant
en emporte le vent. |
L’appel............................... |
Les
visiteurs du soir. |
L’infirmerie......................... |
Les
arènes sanglantes. |
Le
toubib............................ |
L’assassin
est parmi nous. |
Les
piqûres......................... |
Le
crime était presque parfait. |
Le
motif............................. |
Quitte
ou double. |
Les
rempilés........................ |
J’irai
cracher sur vos tombes. |
La
solde.............................. |
Le
salaire de la peur. |
Les
corvées......................... |
Sauve
qui peut. |
La
taule.............................. |
La
cage aux fauves. |
Le
sergent........................... |
L’homme
qui en savait trop. |
Le première classe............... | Une étoile est née |
Le
deuxième classe.............. |
Seul
contre tous. |
Les
cuistots......................... |
L’affaire
des poisons. |
Le
rengagement................... |
Et ta sœur |
La quille............................. | Pourquoi viens-tu si tard. |
La
France........................... |
Le
pays d’où je viens. |
1
au jus.............................. |
Le
jour le plus long. |
16
mois.............................. |
Horizon
sans fin. |
ENTR’ACTE
MOTIFS DE PUNITIONS
Huit jours de consigne
Motif : A mis vingt-quatre heures pour dévisser un boulon alors qu’il s’agissait d’un rivet.
Deux jours de salle de police
Motif : A confondu la sonnerie du réveil à celle de l’extinction des feux en prétendant qu’il n’avait pas l’oreille musicale.
Quinze jours de salle de police
Motif : Est rentré à deux heures du matin en chantant « Minuit Chrétien » pour tromper la sentinelle.
Quinze jours de salle de police
Motif : A monté la garde un Vendredi Saint avec un fusil gras.
NOS PETITES ANNONCES
Échangerais : GBO modèle 46 (Campagne France, Indochine, Algérie Sahara) contre DS 21 modèle 1965.
À vendre : une douzaine de pas cadencés de différentes longueurs.
Recherche : Pâtisserie recherche un premier jus de carrière, retraité, pour sucer les dragées afin de récupérer les amandes.
DERNIÈRE MINUTE
Un conducteur a trouvé par hasard son bifteck sous une frite.
VŒUX SOLENNELS
Je renonce
devant les anciens de la 66 1/A à l’armée, à
la garde, à la permanence
et fais serment
devant les bleus de rengager pour toujours… dans la vie civile.
L'HOMME DES CASERNES
Le soldat appelé
« bidasse » ou « trouffion » est une victime du
gouvernement.
C’est
un bipède échevelé de la famille des râleurs,
à l’état mi-sauvage, mi-civilisé. Il vit
dans un repaire
appelé « caserne ». Cet étrange animal descend
de l’homme. Sous son
béret,
il arbore une mine soucieuse. Il se nourrit exclusivement de riz, de fayots,
de
lentilles caillouteuses
et autres mots impropres à la consommation. Mais il est costaud.
Jour après
jour, il résiste. Sa principale occupation consiste à se prélasser
sur un engin
sans forme
appelé « pucier ». Son cri est un cri de victoire qu’il
pousse à tout moment :
«
La quille, bordel !... »
LES COMMANDEMENTS DU PARFAIT SOLDAT
Au réveil, tu te lèveras
A l’appel,
tu répondras
Sans te presser évidemment
Si tu es là seulement
Au rassemblement, tu iras
Mais dans la piaule, tu chanteras
Si tu ne peux faire
autrement
Avec les copains, gaiement
Des corvées, tu te sauveras
En permission, tu iras
Le plus rapidement
Mais n’y compte pas pour le moment
Mais à la soupe, tu iras
A la visite, tu iras
En te dépêchant
naturellement
Quand tu voudras tirer au flanc
Mais quand la quille viendra
Tu seras très content
LE RETOUR DE L’ENFANT PRODIGUE
Parents ! Bientôt vos fils reviendront.
Peut-être les trouvez-vous changés !
Ils sembleront avoir perdu la tête,
Cela leur passera peut-être !
Si au retour, votre garçon
Se met à courir le jupon,
Ne croyez pas à l’obsession
Ce sont les privations.
S’il dit qu’il va se marier
Ce n’est que l’amour à rattraper.
Vous verrez qu’une fois chez vous
Votre grand mangera de tout.
Mais ô mères ! Que vous serez gentilles
De ne plus jamais leur faire de lentilles !
Parents, soyez compréhensifs, pardonnez-leur
Si en rentrant, ils font des leurs
En retournant à la vie,
Le soleil les éblouit.
ÉPILOGUE
Tout ce que vous lisez ici n’est que plaisanterie. Nous n’emportons d’ici que de bons sentiments, seize mois en communauté, il n’en faut pas plus pour nous avoir appris la camaraderie.
HONNI SOIT QUI MAL Y PENSE
IMP. LECLERC – SAINT-LÔ