Tanezrouft

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LE mot Tanezrouft recouvre la partie du Sahara se trouvant au sud du plateau du Tademaït, dont Reggan est à l’extrémité sud-ouest et bornée à l’ouest par l’erg Chech et à l'est par les massifs du Hoggar et de l’Adrar des Iforas. L'altitude de désert est faible. Il a été constitué par des alluvions entraînées par des fleuves qui lorsqu'ils avaient de l'eau, il y a bien longtemps, coulaient vers le sud-ouest. Il n'y a que très peu de massifs de dunes à la surface du bassin du Tanezrouft. Le sol est parfois du reg avec une mince pellicule de sable, mais souvent aussi d'alluvions très meubles (le fech-fech).

 


Je l’ai survolé plusieurs fois en avion pour aller de Reggan à Tessalit, en nous posant une fois à Ouallen et beaucoup plus souvent à Bordj Perez (maintenant Bordj Mokhtar).


Djebel Aberraz


Du point de vue géologique des couches horizontales de marnes et de grès ont recouvert le socle primaire presque partout, sauf à une douzaine de kilomètres de Reggan où affleurent presque à la verticale les plissements causés par une suture des continents (on dit maintenant cratons) ouest et est sahariens. Cette région offre un paysage très contrasté dans la dépression causée par l'oued Chebbi entre les bords de plateau, les plis siluriens et ordoviciens et les dépressions remplies de fonds de chott horizontaux.

 



Nous partîmes plusieurs fois en exploration de cette région qui nous changeait un peu des palmeraies, où seules des mouches nous tenaient compagnie et où pas l’ombre d’une plante n’apparaissait dans un monde purement minéral.

Ouallen


Ouallen est un puits situé à près de 70 kilomètres l'est de la piste impériale Reggan-Tessalit à la hauteur de la « balise 250 ». Un bordj y avait été construit par l'administration militaire saharienne pour le contrôle des nomades. C'était aussi un poste météo. Les gendarmes et goumiers qui l'occupaient ne recevaient de la visite que tous les deux mois, sauf à cette période d'essais nucléaires où un poste de mesure des retombées nucléaires y avait été installé. Une des particularités était qu'ils n'avaient comme véhicules que des ânes qui faisaient la navette entre le bordj et l'aérodrome, qui n'était qu'une zone de sable dur où des cailloux peints à la chaux figuraient la piste. Les traces d'avion n'étaient effacées par le sable qu'au bout de quelques mois.

 



J’y ai atterri qu'une fois le 5 janvier 1961 en rentrant de Tessalit pour rechercher le sous-lieutenant qui avait passé les fêtes de fin d'année à surveiller son aspirateur à poussières.

Bordj Mokhtar (Bordj Perez)


Le poste frontière de Bordj Perez à l'époque (maintenant Bordj Mokhtar) était situé à une dizaine de kilomètres de la frontière malienne et à une cinquantaine de kilomètres au nord de Tessalit. Les convois transsahariens à destination de Gao, Tombouctou, Bamako et Abidjan y faisaient escale. Outre les transports de fret (souvent des animaux venant du Sahel vers les marchés Sahariens), la frontière était traversée par des touristes en voiture, en auto-stop et même à bicyclette ignorant parfois le B, A, BA de la vie dans le désert. L'hôpital de Reggan en a accueilli quelques uns victimes de déshydratation ayant passé trois jours sur un chargement de bois ou de moutons.

 



Le poste était occupé par des gendarmes que l'on ravitaillait en pastis et en bière à l'occasion de nos vols sur Tessalit. L'aérodrome était tracé sur un reg en graviers et, les gendarmes n'étant pas reliés par VHF, le C-47 les réveillait en faisant un passage à basse altitude au dessus du bordj. L'avion se posait sur la plaine où seulement quelques mirages se détachaient de l'horizon (en général des dunes qui se manifestaient comme des immeubles lointains). La jeep des gendarmes nous retrouvait et on leur déposait boissons, vivres et bouteilles de gaz. Un jour après que la liaison mensuelle eut été différée pour des raisons de disponibilité des C-7, le chien des gendarmes était si content d retrouver l'avion qu'il bondit sur l'empennage (entoilé) et y fit un trou de 2 cm. Nous vérifiâmes à l'arrivée à Tessalit qu'il ne s'était pas agrandi en vol. Il m'est aussi arrivé une fois de sentir le gaz dans l'avion après le décollage de Bordj Perez, Nous avions repris une bouteille de gaz vide qui fuyait parce qu'on avait oublié de la refermer et que la pression de l’air à 3 000 mètres est plus basse qu’au sol.

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© 1961-2003 Jean Bellec