SECONDE PARTIE : LES GBC ET GBO
Alors que le Berliet G LR 8 équipe déjà ses unités des Territoires du Sud, l'armée française est à la
recherche de véhicules offrant à la fois une charge utile supérieure et de meilleures capacités de franchissement.
Par Alain DAILLOUX
Ses officiers, qui assistent aux essais des gros porteurs Berliet au Sahara dans le cadre de la prospection pétrolière et du transport, constatent que ce constructeur propose des véhicules dotés d'une capacité d'emport et de franchissement supérieure à celle des Berliet GLR 8 R. D'autre part, c'est toujours le GMC qui sert au transport de la troupe dans les compagnies légères des GT (groupes de transport). En conséquence, l’armée finit par adopter en 1958 le Berliet GBO 15 6 x 4 HC capable de charger 15 tonnes et en 1959 le GBC 8 6 x 6 présentant de bonnes aptitudes en tout-terrain pour remplacer les GMC.
Le Berliet GBO 15 HC 6 x 4
Ce gros porteur 6 x 4 affiche une charge utile de 15 tonnes. Bien que plus lourd et moins souple d'emploi, il « passe » mieux que le GLR alors que sa capacité d’emport est double... tout comme son prix. Il est lui aussi doté d’une cabine couchette et d’un double porte-roue de secours derrière la cabine mais le plateau de chargement arrière est plus long de 2 m. Si le réservoir d’eau est le même que sur le GLR 8 R, la capacité des réservoirs à carburant est portée à 600 litres, ce qui lui confère une autonomie supérieure. Sa monte en pneumatiques en 16.00 x 20, conséquente elle aussi, en fait un véhicule hors-Code en largeur, ce qui ne présente pas d'inconvénient notoire dans le désert. Non rédhibitoire également en regard des conditions d’utilisation du véhicule, son poids en ordre de marche, tous pleins faits, atteint tout de même 17,1 tonnes pour un PTC de 34 tonnes. Autre particularité, le GBO dispose d’une boîte de vitesses à cinq rapports et marche arrière associée à un multiplicateur à assistance pneumatique doublant le nombre des rapports. Un certain nombre de GBO 15 6 x 4 HC sont livrés avec une cabine simple et un treuil Sinpar monté entre la cabine et la caisse arrière. Cette dernière est cependant identique à celle des autres GBO. Le treuil d’une capacité de 15/19 tonnes dispose de 60 m de câble. Un dispositif de rouleaux et de guides permet son utilisation par l’avant et par l’arrière ; le véhicule dispose par ailleurs de deux bêches d’ancrage. Les Berliet GBO 15 6 x 4 HC équipent les compagnies lourdes des GT comme les GLR. Comme sur les premiers GLR, dès leur mise en service en mai 1958, de nombreux problèmes apparaissent : fêlures de l’ensemble de la traverse support du pivot de balancier, de la traverse intermédiaire avant du châssis, rupture du support de dynamo, du câble de débattement des ponts, etc. De plus, on constate sur pratiquement tous les GBO des détériorations des pattes-supports de cabines, des supports de roues de secours et des ruptures de la tringlerie supérieure du radiateur. Comme pour le GLR, Berliet intervient rapidement pour remédier à ces problèmes. Leur cause est attribuée au fait que Berliet a testé son GBO dans l’est saharien en zone principalement sablonneuse alors que dans l’ouest prédominent les zones rocailleuses et la tôle ondulée qui soumettent les véhicules à des vibrations intenses et des chocs brutaux. Après correction progressive des problèmes, le GBO 15 6 x 4 HC atteint un niveau de fiabilité qui, sans être parfait, dépasse néanmoins celui du GLR 8. Il est par exemple moins sujet aux prises d’air.
(Cliché ECPA/D France)
(Cliché ECPA/D France)
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| Ce 
          Berliet GBO du 2e peloton (as de carreau) chargé 
          avec une AM M8 s’est ensablé. Sous cet angle, on peut bien 
          voir le deuxième type de ridelles, désormais métallique 
          et permettant de charger plus. Les ailes arrière ont disparu. 
          Malheureusement, ces ridelles sont sensibles aux secousses et aux chocs 
          de la piste et cassent à la base des montants. Elles doivent 
          être fréquemment ressoudées. (Cliché Jean-Marie Melon) | 
(Cliché Jean-Marie Melon)
(Cliché Jean-Claude Herbet)
La présence de l’as de carreau sur le capot de ce Berliet GBO 15 6 x 4 HC treuil indique qu’il appartient au 2e peloton de la compagnie lourde. Ce véhicule arbore une immatriculation indiquant qu’il a été reconstruit en 1965, probablement chez Berliet à Oran. Son chauffeur est Germain Vieille. Les GT assez riches en GBO treuils en ont un par peloton. Plus lourd que le GBO normal, le GBO treuil pèse 19,1 tonnes. Sous le pare-chocs, tout un dispositif de crochets et manilles doit permettre la fixation du triangle de remorquage, mais également des bêches d'ancrage. Ici, ce dispositif a probablement été rajouté lors du passage du véhicule en 5e échelon.
(Cliché Jean-Marie Melon)
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| Ce 
          convoi effectue la liaison Béchar-El Abiadh du 2 au 6 février 
          1961. 22 camions civils sont incorporés au convoi militaire car 
          la piste n’est pas libre. Trois semi-remorques de 20 tonnes tractées 
          par des Willème LD 4 x 2 T gravissent lentement la pente pour 
          sortir de l’oued Rharbi derrière un GBO qui, lui, ne s’inquiète 
          pas de ce mauvais passage. (Cliché Pierre Robinet) | 
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| En 
          décembre 1960, ce convoi de retour de Béchar effectue 
          une halte casse-croûte à la palmeraie de Kerzaz, joli petit 
          coin situé à 350 km de Béchar. Au fond, on aperçoit 
          la grande dune de Kerzaz. Deux GBC 8 accompagnent les GBO 15 6 x 4 HC 
          ; l’un d’eux évolue en serre-file et sert de véhicule 
          radio. (Cliché Pierre Robinet) | 
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| Le 
          graissage et la vidange d’un GBO 15 6 x 4 HC sont des opérations 
          assez longues avec 88 graisseurs et 19 bouchons pour 105 litres d’huile, 
          sans compter les 52 litres d’huile destinés au rinçage. 
          Ces soldats procèdent ici à la dépose d’une 
          roue de secours ; l’un d’eux tire sur un brin du moufle 
          à chaîne. Sur le GBO treuil, le support de roue de secours 
          qui est différent est actionné par un treuil à 
          main. (Cliché ECPA/D France) | 
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| Redescendre 
          une dune peut être parfois aussi difficile que de la monter. Ici, 
          il y a du travail pour le GBO 15 6 x 4 HC treuil, si toutefois il s’en 
          trouve un dans le convoi et qu’il arrive à s’approcher 
          à une vingtaine de mètres au moins du véhicule 
          échoué dans le sable. Sur le toit peint en blanc figure 
          un chiffre représentant le numéro du GT auquel appartient 
          le véhicule. (Cliché Jean-Paul Boussereau) | 
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| Tandem 
          classique des convois de l’ouest saharien de la fin des années 
          cinquante que celui formé par ce tracteur Willème LD 4 
          x 2 T avec semi-remorque un essieu chargée à 20 tonnes 
          de la Société africaine de transports tropicaux (SATT) 
          et ce Berliet GBO 15 6 x 4 HC d’une formation militaire de transport. 
          Les deux véhicules sont chargés avec du matériel 
          pour l’armée. (Cliché collection colonel Mourot) | 
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| D’une 
          manière générale, le Berliet GBO 15 6 x 4 HC « 
          passe » mieux que le Berliet GLR 8 R; on dégonfle moins 
          souvent les pneumatiques sur les GBO. Pour éviter ce genre de 
          mésaventure, il est recommandé de rouler la nuit ou très 
          tôt le matin quand le sable est plus dur. Ici, le GBO qui transporte 
          un Dodge 6 x 6 a recours à la « tôle », comme 
          on appelle couramment la plaque PSP, pour se sortir de ce mauvais passage. (Cliché ECPA/D France) | 
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| Le 
          multiplicateur présent sur ce camion permet d’obtenir une 
          seconde gamme de vitesses, chacune d’elles s’intercalant 
          dans la gamme normale. Pour passer de la gamme normale à la gamme 
          du multiplicateur ou inversement, il faut pousser ou tirer la commande 
          au tableau de bord et ensuite appuyer sur la pédale d’embrayage, 
          un grand « klonk » retentit alors dans la cabine, 
          qui avertit le conducteur que la demi-vitesse est bien passée. 
          Sur ce Berliet GBO 15 6 x 4 HC, le différentiel autobloquant 
          inter-ponts ne semble pas avoir fonctionné lors du franchissement 
          de cette légère ondulation de terrain, puisque la pelle 
          est requise. (Cliché Jean-Paul Boussereau) | 
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| Ces 
          deux Berliet GBO 15 6 x 4 HC sont immortalisés sur un parc du 
          service du matériel à Colomb-Béchar en 1963. Immatriculés 
          en 1961, ils ne semblent pas avoir reçu leur affectation au 3e 
          GT, seul groupe de transport restant en Algérie à cette 
          date. Comme on peut le voir sur ce document, les GBO des dernières 
          livraisons n’ont que deux phares au lieu de quatre. Le « 
          D » sur le pavillon désigne un véhicule hors-Code. (Cliché Claude Dion) | 
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    Les Berliet GBC 8 6 x 6
Le Berliet GBC 8 6 x 6 n’est pas totalement inconnu des militaires ; ces derniers le côtoient au Sahara dans les entreprises civiles depuis près de deux ans. Ils sont séduits par les performances du véhicule dans lequel ils voient un remplaçant possible pour le GMC. Le Berliet GBC 8 6 x 6 arrive progressivement dans les GT fin 1959-début 1960. Il est acquis pour remplacer les GMC dans les compagnies de transport de personnel mais il est également affecté comme véhicule d'accompagnement des pelotons de Berliet GBO et GLR 8. C’est un 6 x 6 qui dispose d’un moteur de 125 chevaux directement dérivé de celui du GLR 8 R. Il est également doté d’un double porte-roue de secours derrière la cabine mais il ne reçoit pas de cabine couchette. Certains GBC 8 6 x 6 sont dotés d’un treuil de cinq tonnes de capacité situé au centre du véhicule avec 60 m de câble de 14 mm qui, comme sur le GBO, peut être utilisé vers l’avant ou vers l’arrière. Les GBC équipés de treuil sont plus lourds et pèsent 9,5 tonnes à vide contre 8,9 tonnes pour les versions non équipées. La charge utile du véhicule est de 3,5 tonnes mais l’armée, par une note de service, la limite à 3 tonnes au Sahara mais la porte à 4 tonnes dans le nord de l’Algérie. Deux types de GBC 8 sont perçus par les GT. Si les premiers affectés sont animés par un moteur à injection licence Ricardo (GBC 8 6 x 6), les suivants reçoivent un moteur polycarburant à injection Magic (GBC 8 MK 6 x 6). Les deux modèles se différencient extérieurement par l’emplacement du préfiltre et de la cheminée d’admission d’air situés sur l’aile avant, à droite sur le Ricardo et à gauche sur le GBC 8 MK. De plus, le GBC 8 MK n’a pas de phares dans les ailes comme son homologue à moteur Ricardo. Il dispose également d’une pompe électrique sur le réservoir, d’un filtre à huile sur la pompe injection (cette dernière est lubrifiée par circuit d’huile forcé sur le moteur polycarburant) et d’un indicateur de braquage au tableau de bord. D’emblée, le GBC donne satisfaction ; ses capacités de franchissement sont très bonnes et même jugées supérieures à celles du Dodge 6 x 6. Prévenue par les utilisateurs civils des défauts éventuels du véhicule, l’armée y palie en amont. Il est malgré tout constaté à l’usage quelques ruptures de demi-carters de pont avant des détériorations des bielles de réaction des ponts arrière, de joints homocinétiques de ponts avant et de goujons de paliers de transmission sur le pont intermédiaire. Néanmoins, le véhicule se montre dans l’ensemble plus fiable que les GBO 15 6 x 4 HC et GLR 8 R qu'il côtoie.
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| Pris 
          début décembre 1960 à Ksabi, à 450 km au 
          sud de Colomb-Béchar, ce GBC 8 6 x 6 est animé par un 
          moteur à injection Ricardo. Il s'identifie extérieurement 
          à la prise d'air à droite et aux phares dans les ailes. 
          C’est ici un des deux GBC 8 d'accompagnement d’un peloton 
          de GBO, qui sert de véhicule de commandement et de popote. L’officier 
          debout devant le véhicule est le commandant Robinet du 3e 
          GT. (Cliché Pierre Robinet) | 
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| Ce 
          Berliet GBC 8 6 x 6 Ricardo qui vient de débarquer attend son 
          départ pour le sud dans le camp de la Senia près d’Oran, 
          qui dépend du 260e bataillon de réparation 
          du matériel. Il porte encore les protections maritimes sur les 
          quelques parties non peintes, ses arceaux de bâche sont en position 
          basse, il est chaussé de pneumatiques à profil routier 
          et il est encore dépourvu de plaques PSP sur ses ridelles. | 
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| En 
          cherchant un passage, ce Berliet GBC 8 6 x 6 chargé de fret s’est 
          bien planté. Sur ces camions, la distance entre l’essieu 
          avant et l’essieu intermédiaire est de 3,09 m ; la longueur 
          des plaques PSP étant de 3 m, il est difficile d'essayer de placer 
          ces dernières devant les roues arrière, d’où 
          probablement cette tentative par l’avant. L’officier qui 
          appuie sur la plaque de désensablage à droite est le patron 
          du 3e GT en 1960, le colonel Beck. (Cliché collection René Gallani) | 
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| On 
          procède au contrôle des véhicules le matin avant 
          le départ du bivouac. Les premiers Berliet GBC 8 6 x 6 dont les 
          immatriculations commencent par 563 semblent bien avoir été 
          livrés avec des pneumatiques à profil routier. Sur le 
          GLR 8 R comme sur le GBC 8, la liste des opérations de contrôle 
          à effectuer décrites dans la rubrique « avant le 
          départ » par les guides d'entretien est conséquente. (Cliché collection René Gallani) | 
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| Ce 
          document pris à Colomb-Béchar au 3e 
          GT en 1965 permet de voir les modifications apportées sur le 
          GBC 8 MK 6 x 6 Magic polycarburant (à droite) par rapport au 
          premier modèle (à gauche) : arrivée d’air 
          et filtre à air sur l’aile gauche et suppression des phares 
          dans les ailes. Ces derniers sont les feux de route, ceux situés 
          dans le pare-chocs servant uniquement de feux de croisement. (Cliché Claude Tihay) | 
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| Cette 
          vue arrière, hayon ouvert, d’un Berliet GBC 8 MK permet 
          d’apercevoir la position de la panoplie porte-outils, ici vide. 
          Le réservoir que l’on aperçoit sur le côté 
          gauche est celui contenant l’eau. (Cliché collection privée) | 
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| Sur 
          ce cliché pris en 1966, un Berliet GBC 8 MK Lot 7 avance prudemment 
          dans les traces laissées par des Berliet GBO lourdement chargés. 
          Ce type de véhicule n’appartient pas à un peloton 
          ni à une compagnie, mais fait partie du service de dépannage 
          appartenant à la compagnie de commandement et des services (CCS). 
          Chaque convoi important est suivi par un Lot 7 qui intervient sur tous 
          les types de dépannages, en particulier les changements de roues 
          suite à crevaison sur les GBO, opérations qui nécessitent 
          un certain savoir-faire. (Cliché Jean-Jacques Oudart) | 
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| Photographiés 
          en 1963 dans le sud de Colomb-Béchar, ces deux Berliet GBC 8 
          Lot 7 appartiennent à la 12e compagnie 
          de-service du matériel ; le premier est un Ricardo, le second 
          un MK. La 12e CSM basée à Colomb-Béchar 
          soutient entre autres le 3e GT. Sous la plaque 
          minéralogique, on devine la sortie de treuil avant. C’est 
          le dernier véhicule de l’armée française 
          à arborer le type de portique copié sur le modèle 
          du GMC de la Seconde Guerre mondiale ; le système sera différent 
          sur les futurs GBC 8 KT et Renault TRM 4000. (Cliché Claude Dion) | 
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| Cet 
          impressionnant alignement de GBC 8 dans le parc du matériel de 
          Colomb-Béchar en 1963 est composé de véhicules 
          des GT dissous. Le deuxième camion est une version Ricardo. Un 
          document du commandement du train en Algérie comptabilise 119 
          GBC 8 6 x 6 et GBC 8 MK 6 x 6 répartis dans les diverses formations 
          sahariennes du train pour l’année 1961. Le nombre 73 signifie 
          que le véhicule est placé en attente de décision 
          concernant son avenir ; barré d'une croix avec le nombre 76 à 
          côté, il indique que le véhicule est destiné 
          à la reconstruction. Les véhicules marqués 78 sont 
          réformés. (Cliché Claude Dion) | 
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    En service
Des trois modèles de camions Berliet utilisés simultanément dans les GST et CAST, le Berliet GBC 8 se montre le mieux adapté au terrain (ce qui est normal puisqu’il s’agit du seul modèle toutes roues motrices) et en même temps docile, nerveux et agréable à conduire, qualités que l’on ne retrouve pas sur les GLR 8 R et GBO 15 6 x 4 HC au comportement plus « lourdaud »,. Par ailleurs, les moteurs de ces derniers souffrent beaucoup de la chaleur. Bien que les moteurs du GBC et du GLR utilisent une base identique, il n’y a que 35 litres d'eau dans le circuit de refroidissement du GLR contre 50 dans le GBC. Par ailleurs, un GBO chargé avec 20 tonnes de ciment et en panne de moteur est difficile à remorquer, non seulement à cause de son poids mais surtout du fait de l’absence d’assistance de direction. Changer une roue dans le sable sur un GBO charge relève de la gageure. Certains responsables au commandement du train estiment le GBO disproportionné par rapport à sa charge utile. Dès que les GBC 8 arrivent, ils se voient donc affectés comme véhicules d’accompagnement des pelotons de GBO et des GLR ; eux seuls peuvent virevolter autour de ces derniers pour leur apporter plaques PSP ou pièces de rechange suivant les besoins. Bien qu’ils « passent » mieux que les GLR, les GBO ne sont employés que si les charges à transporter sont conséquentes ; dans les autres cas, le GLR leur est préféré car plus souple d’emploi. Ces convois militaires apportent une assistance technique non négligeable aux transporteurs civils qui empruntent les mêmes axes. Un tiers des nombreuses pièces de rechange emportées par les convois de l’armée servent en effet au dépannage des camions civils en panne au bord de la piste. Ces derniers sont plus durement sollicités et leur maintenance est plus aléatoire que sur les véhicules militaires. Par ailleurs, les GBO 15 6 x 4 HC avec treuil sont souvent envoyés en opération de récupération de camions civils enfouis dans le sable, lesquels sont par exemple des camions de transporteurs ayant imprudemment emprunté des raccourcis pour tenter de gagner du temps. Ce type de sauvetage s’effectue généralement avec deux GBO à treuil placés en V devant le véhicule à extraire. Enfin, pour terminer, il faut tout de même ajouter que toutes ces missions n’auraient pas lieu dans les mêmes conditions sans cet accessoire indispensable que doit emmener tout véhicule lourd circulant au Sahara, la « tôle » ou plaque PSP.
     Transports et missions spéciales
Pilotés par des engagés, des appelés et des Français musulmans, ces camions parcourent le Sahara en rames ou en pelotons constitués. La plupart des transports consistent à ravitailler des places militaires du Sahara, compagnies méharistes, unités du génie, dépôts des subsistances, du matériel et autres. Les véhicules participent également aux travaux d’aménagement du site de Reggan en 1958 et 1959, ils effectuent des transports pour le compte du CEA (Commissariat à l’énergie atomique), des transports de dromadaires en Berliet GBO 15 6 x 4 HC pour renouveler le cheptel des compagnies méharistes ou encore des missions spéciales comme le transport de réseaux Ribard pour isoler la dynamite au profit d’un puits de pétrole en feu au sud de Fort-Lallemand, pour le « pompier volant » Red Ader. À l’avènement de l’indépendance de l’Algérie, ils assureront encore le transport de tribus ne désirant pas devenir algériennes jusqu’à la frontière de la Mauritanie. Puis, au final, ils participeront au démantèlement des bases d’In-Amguel, Béchar ou Hammaguir, In-Ecker et assureront le rapatriement du matériel de ces sites via le port de Mers-El-Kébir.
    Épilogue
Les Berliet GLR 8 R et les GBC 8 qui ne sont pas trop éprouvés par leur temps passé sur les pistes sont rapatriés en Métropole en compagnie d’un certain nombre de Berliet GBO bennes et citernes. Quant aux GBO bâchés, ils constituent des convois épiques menés à partir de Colomb-Béchar vers Agadès et Zinder au Niger et Gao au Mali. Ces convois d’une soixantaine de véhicules chacun sont organisés fin 1966 début 1967 ; on y trouve pêle-mêle des Berliet GBO 15 6 x 4 HC, des GMC en remorque et des wreckers de 10 tonnes Ward-LaFrance. La « Coloniale » remonte de Bangui récupérer les véhicules et les chauffeurs retournent à Colomb-Béchar en Noratlas.