Louis DARBON

appelé du contingent 66 1/B
1ère Compagnie
- 3ème Peloton (GLR)

 

Les photos et légendes sont de Louis DARBON

 

Première photo au CIT 152 à Laon


J
ai été appelé sous les drapeaux en mars 1966 au C.I.T de Laon. Je faisais partie du contingent 66 1/B avec Forgeront, Capdupuy, Delépine, Ballarin, Elissetche, Suram etc.…
Bien qu’étant au mois de mars, j’ai trouvé qu’il faisait très froid par rapport à la région toulousaine, surtout quand on partait en manœuvres. Après deux mois de classes, un beau matin, ils nous ont réunis sur la cour de la Compagnie nous demandant de faire notre paquetage, car le lendemain nous serions conduits au Bourget pour prendre l’avion. Pour beaucoup d’entre nous c’était « destination inconnue ».
Nous voilà rendus au Bourget, nous avons embarqué à bord de l’ancienne caravelle présidentielle du Général de Gaulle, mise à la disposition de l’armée, d’un intérieur luxueux.
Après avoir survolé la Méditerranée puis l’Algérie, nous avons aperçu au dessous de nous le désert, et là, nous avons compris notre destination : le Sahara. Quelle déception !
À cause du climat, l’adaptation au 3ème GT à Reggan a été longue à faire. Au mois de mai, cela commençait à chauffer, là j’ai vécu comme tous mes potes de régiment : missions sur Oran, Mers el-Kébir en passant par Colomb-Béchar, Sidi-Bel-Abbès, Mascara. Très belles régions, super souvenirs d’Oran et de Kébir, mais voilà qu’au mois de juillet tout à changé. Après m’être rendu à l’infirmerie le pronostic du toubib était sans appel : jaunisse carabinée. Évacuation d’urgence hôpital de Colomb-Béchar, dû à quoi ? « abus de bière, conserves avariées » ? aucune réponse à mes questions.
Nous avons été huit à être conduits à l’« aéroport » du Plateau pour embarquer, direction Colomb-Béchar, dans un Noratlas. À l’intérieur de l’avion, surprise du décor : un grand tube tout en tôle sans le moindre confort, pour nous asseoir nous avions des banquettes (style civières de l’armée, en toile) et rien d’autre. Quand les moteurs tournaient il y avait un grand bruit de ferraille, assourdissant, tout vibrait de partout, même parlant très fort on ne s’entendait pas. À l’hôpital tout s’est bien passé, à part un séjour assez long. Dans une grande salle commune, nous étions tous mélangés, gradés de tout ordre, légionnaires et hommes de la Compagnie d’Infanterie Légère d’Afrique (C.I.L.A.). Dans cette dernière unité, c’étaient des jeunes gens condamnés dans le civil à de lourdes peines pour fautes graves ou des militaires, sanctionnés par le régiment, qui étaient mutés là. De fortes têtes y étaient envoyées comme on dit pour les « mater ». La discipline y était très dure, plus qu’à la Légion.
Le séjour à l’hôpital était tout à fait décontracté, gradés ou 2ème classes, nous étions tous à égalité : de simples patients. On se tutoyait tous : lieutenants, maréchaux des logis ou simples soldats. À l’hôpital il y avait des P.F.A.T. (personnel féminin de l’armée de terre). Des infirmières très gentilles. Malgré des séances de piqûres assez nombreuses, nous n’hésitions pas du tout à montrer nos fesses. Quoi d’anormal à 20 ans ?
Au bout d’un mois, nous étions pratiquement guéris et on nous avait annoncé une permission de convalescence de 20 jours en France. Nous étions tellement contents qu’avec deux infirmières nous avons décidé de fêter cela. Comme elles étaient libres de sortir en ville, elles se sont chargées des courses : champagne et gâteaux et en fin de journée, nous avons arrosé çà. Hélas !... le lendemain avant de partir, un toubib est venu faire un dernier contrôle sanguin, verdict : rechute, et vlan : 30 jours de plus à l’hosto : l’alcool nous était interdit. Nous n’avons jamais rien dit pour expliquer la cause de la rechute pour éviter que certaines infirmières soient sanctionnées. Après soixante jours d’hosto on pouvait partir enfin en convalescence, direction la France
Pour le retour à Reggan, j’ai fait escale à Marseille et passé quelques jours au Camp Sainte-Marthe. Là aussi, très bon séjour en toute liberté. Le retour à Reggan a été un peu dur moralement, mais finalement tout s’est bien passé.
J’ai retrouvé tous mes potes avec plaisir et toute la vie de la 1ère compagnie, sous les ordres du Lieutenant Picassette et quelques mois plus tard, je fus libéré comme tout le monde avec plein de souvenirs inoubliables dans ma tête.

 

Au pied du mât des couleurs

Devant l'infirmerie
Gazelle au sommet
d'une dune


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