Alain GOBÉ

appelé du contingent 64 1/B
1ère Compagnie – 2ème Peloton

 


Médaille de la Défense nationale échelon bronze
avec agrafes « défense » et « essais nucléaires »

 

Les photos et légendes sont d'Alain GOBÉ

 

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        Mon histoire militaire commença en 1963 aux 3 jours de présélection à (22) Guingamp. Je m’y rendais avec l’intention de profiter de cette opportunité pour voyager et également connaître un brin d’aventure. Pour ces deux raisons j’émis donc le souhait de servir en Afrique du Nord.

En mars 1964 je suis incorporé dans l’arme du Train au C.I.T. 152 à (02) Laon. Le climat y est moins clément que dans mon Ouest natal (49) Cholet, la température descend en dessous de zéro, la neige fait son apparition. Pour un volontaire des Territoires du Sud c’est raté.
Les premières tâches ne sont pas forcément très agréables : habillement, coiffeur, discipline, instruction militaire, parcours du combattant, marches, salut aux supérieurs, défilés, corvées, vaccins et 1ère hospitalisation pour une forte angine, c’est la galère !….. Le moral n’est pas au beau fixe, heureusement il y a les copains de chambrée. Une grosse amitié s’est déjà installée, un souvenir me revient à l’esprit, GILLE dit « nénette » m’avait choisi comme voisin, il avait repéré mon porte-clés avec « Chouchou » la mascotte de « Salut les Copains ».

Les moins bons moments ont aussi leurs fins : 1ère « perm » et leçons de conduite pour les permis VL et PL, puis l’annonce d’un proche départ pour l’Algérie, mon rêve devenait réalité. Les permis de conduire sont obtenus alors une autre « perm » nous est accordée avant le départ vers l’Algérie.

 

CIT 152 (Mars-Avril-Mai 1964)

 

La SNCF nous emmène à Marseille avec nuitée dans le camp de transit. Un autre souvenir : celui des punaises qui pullulent dans les lits. Avec deux autres camarades nous décidons de trouver un autre endroit plus sympathique pour passer la nuit. Une ambulance militaire est toute proche, belle aubaine, elle est ouverte et lits et couvertures nous tendent les bras, alors sans se poser de question nous y établissons notre chambre. Une chance pour nous il n’y a pas eu d’urgence cette nuit-là.

Ensuite embarquement à bord du « Ville d’Oran ». Pour beaucoup d’entre nous c’est la découverte d’un paquebot. Débarquement à Mers el-Kébir (le port près d’Oran), puis le train « La Rafale » prend le relais pour nous emmener à notre terminus le 27 juin 1964 à Colomb-Béchar. Les inscriptions sur le camp « HONNEUR ET DISCIPLINE » plantent le décor, le dépaysement est total, la chaleur est torride, désert, végétation, oueds, dobs, chameaux, dromadaires etc….

 

Sur le
« Ville d’Oran »
Oran

Mers el-Kébir

 

Sur un plateau proche du camp nous avons une piste pour apprendre la conduite de ces engins sahariens. Pendant plusieurs heures nous attendons notre tour, le soleil nous plombe de ses rayons ardents, nous connaissons la soif du Sud. Nous ne pouvons plus tenir, nous allons nous servir de l’eau dans les citernes des camions, elle est chaude et jaune de rouille. Un gradé nous « engueule » et nous chasse de l’endroit, les vaccins s’avéreront efficaces car aucun ne fut malade.

Pour ma part je serais affecté à un GBO, genre de monstre de marque « Berliet ». La vie est plus intéressante qu’à Laon : instruction de convoi, mécanique, entretien des véhicules et missions. Je circulais souvent en tête, accompagné du chef de rame du convoi le Maréchal des Logis Jean-Claude MOUROT, un gradé super sympa à qui je dois beaucoup de « bibines ». Il m’a appris la combine de leur rafraîchissement, « souvenez-vous » : en les enveloppant dans du papier et des chiffons humides et suspendues au « rétro ».

Pour résister dans ce chaud pays et afin d’éviter la déshydratation il fallait avaler pas mal de comprimés surtout de sel je crois. Pour se rafraîchir il y avait la piscine municipale et celle de l’armée de l’air dans laquelle j’ai appris à nager. Les différences de températures étaient énormes entre le jour et la nuit, les gardes nous paraissaient glaciales. Une seconde angine m’a permis de découvrir l’hôpital de la Légion Étrangère et faire la connaissance de quelques légionnaires.

 

Colomb-Béchar

Colomb-Béchar

 

Je me souviens d’une mission à Tarhit où nous avons fourni, aux habitants du village, des chambres à air usagées de camions qui leur servaient à puiser de l’eau dans les puits. En remerciement le chef du village nous a invité à prendre un thé hyper chaud. Nous nous passions, à tour de rôle, une queue d’animal pour se ventiler des mouches. Par sa fraîcheur et sa beauté l’oasis était un petit coin de paradis, certains se sont baignés dans la réserve d’eau.

 

Tarhit

 

Puis ce fut le déménagement de notre camp. Il fallut faire plusieurs voyages vers Reggan avant de s’y installer le 16 décembre 1964. Nous nous retrouvions au cœur du Sahara, la chaleur y est encore plus intense, Adrar – Reggan – In-Salah est baptisé « Le triangle de feu », une des régions les plus chaudes d’Afrique. Pour cette raison le travail ne reprenait qu’à 16 h 00 et à midi pour rejoindre le réfectoire, distant d’une centaine de mètres, il valait mieux presser le pas dans les derniers mètres car nous avions l’impression de nous cuire le visage devant un four.

 

Bordj de la 1ère Compagnie

Alain GOBÉ
STIEVENARD (Tétève)

 


Ensuite nous avons effectué beaucoup de missions : Oran dans la base sous-marine de Mers el-Kébir, In-Amguel en passant par Aoulef et ses pistes blanches de magnésium, In Salah et ses passages de caravanes, Arak où nous avons capturé quelques scorpions près du camp, In Ecker et la montagne dans laquelle avait lieu les essais nucléaires.

 

La Légion à Djénien-Bou-Reze
Kerzaz

Aoulef
In Salah
Arak

In Ecker
Sur la piste

 

Sur les pistes la mécanique des camions était mise à rude épreuve mais elle restait très robuste. Je n’ai connu que 2 pannes pendant ce périple d’un an :
– la fourchette qui avait sauté dans la boite de vitesse. Jean-Claude HERBET m’a remorqué avec une barre pendant plusieurs centaines de km, ce fut long, épuisant et poussiéreux.
– la seconde panne a été la rupture du ressort de l’accélérateur, l’élastique de mon bas de treillis à permis de pallier à son remplacement et de rentrer à bon port.

Quelques souvenirs pittoresques : une tempête de sable, des paysages lunaires avec une solitude oppressante, le bois pétrifié, les roses des sables, une chasse aux gazelles.

Le 20 mai 1965 à bord d’un Noratlas j’arrivais à l’aéroport du Bourget via Oran. L’aventure était terminée, il nous restait plein de souvenirs dans la tête, une certaine nostalgie de devoir se séparer et l’espoir de se retrouver un jour.

Retrouvailles

À ce jour j’ai rencontré trois fois mon copain Jean-Yves LE ROMANCER, 2 fois dans sa Bretagne et une fois à Cholet. J’ai eu également le plaisir d’avoir Jean-Claude HERBET au téléphone. Depuis la création de ce site j’ai eu de nouveau Jean-Claude HERBET qui m’a permis de retrouver au téléphone et pour mon plus grand plaisir, notre MDL Jean-Claude MOUROT. Michel FERNEZ et Charlie NOYELLE m’ont également appelé.

Puis 50 ans après (le 13/04/2014) j’ai retrouvé Charlie NOYELLE à Querrieu, tous les deux invités par Jean-Claude HERBET.

Seconde retrouvaille (le 13/06/2015) toujours à Querrieu, cette fois-ci notre MDL Jean-Claude MOUROT nous a fait l’immense plaisir d’être parmi nous.
Que de souvenirs remémorés ensemble et nous avons appris que Jean-Claude MOUROT avait terminé sa carrière militaire en Allemagne au grade de Lieutenant-colonel (avec pour sa part toujours autant d’humilité), nous lui disons « respect ».

Les liens sont donc renoués, c’est bien la preuve de la grande amitié qui nous unissait au 3ème G.T.
Merci à Michel FERNEZ pour la création de ce site et à tous ceux qui le font ou le feront vivre.

Cholet le 18/06/2008, dernière mise à jour faite à 44210 Pornic le 4/11/2022
Alain GOBÉ - 64 1/B
1ère Compagnie - 2ème Peloton
Tél : 02 51 18 79 81 - Email : gobe.alain@orange.fr

 

Querrieu (Somme)
chez Jean-Claude HERBET
le 15 juin 2015

 

1965-2015

Cinquante après, nous avons fini par nous retrouver, quelques anciens du 2ème Peloton de la 1ère Cie du 3ème GT, Béchar et Reggan.
Tous ces hommes, à un moment ou à un autre, de notre séjour commun au Sahara, ont piloté un GBO à bord duquel je prenais place comme chef de rame ou de mission :


• Alain GOBÉ dit « le chauffeur du vaisseau amiral » : conducteur du GBO véhicule-guide de rame,
• Jean-Claude HERBET dit « la Globule », conducteur du GBO-Treuil, véhicule de dépannage,
• Charlie NOYELLE dit « le Belge », conducteur d’un GBO perçu sur les quais de la Base de Mers El Kébir et redescendu jusqu’à Reggan après moult péripéties…

Une fois de plus, je veux rendre hommage à ces compagnons d’armes avec qui j’ai partagé la piste et les nombreuses missions de transport.
Cela a été un véritable plaisir de pouvoir se retrouver, cinquante ans après.

Jean-Claude MOUROT



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Charlie NOYELLE,
Jean-Claude HERBET & Alain GOBÉ
à QUERRIEU (Somme)
le 13 mai 2014

Charlie NOYELLE dit Le Belge – 64 1/C– 1ère Compagnie – 2ème peloton – Chauffeur GBO
Jean-Claude HERBET dit La Globule – 64 1/C– 1ère Compagnie – 2ème peloton – Chauffeur GBO

Alain GOBÉ – 64 1/B – 1ère Compagnie – 2ème peloton – Chauffeur GBO