LES CARAVANES


L’Azelai, nom prestigieux d’un événement considérable.

L’Azalai en langue tamasheq est la caravane de dromadaires menée par les Touareg qui pratiquent le transport et le commerce au travers le désert du Sahara.


Une caravane chamelière

Autrefois la vie des nomades était réglée rigidement par des échanges à la base desquels se situait la nécessité de se procurer du sel.
Ce produit précieux était troqué contre de la viande, des tissus, des tapis, des dattes, du thé…
La caravane du sel, l’Azelai était l’occasion d’un grand regroupement, car les pistes étaient peu sûres pour rejoindre les salines – on a vu des caravanes comportant jusqu’à trois mille chameaux.
Aujourd’hui les mouvements de populations, leur sédentarisation, les camions automobiles mettent en péril cette ancestrale institution.

La route de l’Azalai d’Agadez aux salines de Bilma au Niger est un parcours Ouest en Est sur environ 700 kms au travers du désert de sable du Ténéré en passant par l’oasis de Fachi.
Le voyage se fait généralement en octobre et dure environ un mois.


Les salines de Bilma

Le plus dur pour les fiers hommes bleus fut sans doute l’éviction progressive du transport chamelier par le transport automobile.
Un chameau bien « en bosse » – on dirait vulgairement « bien gras » – peut avec une charge de quatre-vingts à cent kilos faire des étapes quotidiennes de cinquante kilomètres.
(Cependant certains chameaux pouvaient, il est vrai, porter cent cinquante, deux cents, voire trois cents kilos ; dans ce dernier cas ils n’étaient pas sahariens mais marocains.)
Il fallait donc de dix à douze chameaux par tonne sans compter les bêtes de réserves calculées à raison d’une sur dix pour les caravanes à longue distance.
Or un camion automobile roulant au Sahara à charge de rupture d’essieu transporte environ dix tonnes, ce qui représente, au minimum, la charge d’une caravane de 240 chameaux !

Si on tient compte du fait que le camion réalise en une journée le trajet qu’une caravane fait en trois jours, il est évident que le camion sort grand vainqueur de la comparaison.

Reste la spécialisation dans les transports.
Les matières pondéreuses à faible valeur sont transportées par chameaux. Les autres empruntent de plus en plus le camion qui assure un transport plus sûr et plus rapide.
Les Touareg ont ainsi perdu une autre raison d’être car ils s’étaient assez souvent spécialisés dans un transport d’échange d’une rive à l’autre du Sahara et ce transport leur est contesté par les propriétaires de camion, qu’il s’agisse des compagnies d’état ou des particuliers.

De quoi demain sera-t-il fait pour les hommes bleus ?
Question à laquelle eux-mêmes se gardent bien d’apporter une réponse. Si jusqu’ici, et pour eux seuls, « la maison c’est le tombeau des vivants », il n’est pas sûr qu’ils ne soient pas contraints, tribu, famille après famille, à se regrouper.
Dans les villages où ils subiront les dures lois de l’urbanisme moderne.
Pourront-ils s’y plier ? Sans doute le faudra-t-il, mais ils y perdront leurs traditions séculaires, l’originalité de leur folklore, la personnalité affirmée d’une culture dont les racines plongeaient jusqu'à la préhistoire.

Textes
Henri-Jean Hugot
Les Quatre Éléments, Sahara Toujours Recommencé


Photos
Wikipédia

 

 

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