Alain TONTONI

appelé du contingent 66 2/A
CCS
- Coiffeur

 


CIT 156 à Toul du 6 juillet 1966 au 19 septembre 1966
621ème GAS à In-Amguel du 20 septembre 1966 au 30 novembre 1966
3ème GT à Reggan du 1er décembre 1966 au 26 juin 1967
3ème GT à Béchar du 27 juin 1967 au 5 juillet 1967
GT 515 à La Braconne du 6 juillet 1967 au 18 septembre 1967


Les commentaires photos et légendes sont d'Alain TONTONI

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J’ai passé le conseil de révision au chef-lieu de canton à Fontoy en avril 1965 et été déclaré apte au service militaire, j’y eu confirmation en octobre après les 3 jours passés en caserne à Commercy. Je n’étais pas spécialement militariste, bien qu’il soit vrai que j’aime les uniformes, d’ailleurs j’en ai une collection. Comme j’allais beaucoup au cinéma et que je rêvais d’espaces et d’aventures, n’étant jamais sorti de ma région, j’optais pour la marine, mais n’étant pas majeur mes parents ne voulurent pas que je m’engage car je ne voyais que cette solution. Comment faire pour voir du pays ?
Étant coiffeur cela me permettais de voir du monde, donc un jour je coiffais un client qui était capitaine de réserve, je me suis renseigné et il me conseilla de faire la préparation militaire ce qui me permettrais de choisir l’arme de mon choix (MON ŒIL). D’octobre 1965 jusqu’à mai 1966 tous les dimanches et parfois les samedis de nuit, j’allais crapahuter. Début juin, je fus convoqué pour passer les examens qui durèrent 15 jours dans une caserne du 2ème Génie à Metz et que je réussis.



Une première anecdote : là j’ai vu un adjudant qui se déplaçait en vélo, chaque fois qu’il rentrait en caserne bien éméché – cela lui arrivait souvent – il mettait son vélo en cellule. Enfin mi-juin j’ai eu à choisir mon affectation, 4 régiments divers sauf la marine, j’ai choisi le CIT 156 car il était stipulé qu’après les classes je serais affecté au 621ème GAS au Sahara. Je ne m’aperçus pas encore que l’armée faisait ce qu’elle voulait, sans nous demander notre avis. Je suis arrivé au CIT le 6 juillet 1966, j’y ai fais mes classes. À la caserne il y avais un grand salon de coiffure, un maître coiffeur – exerçant ce métier dans le civil – supervisait une vingtaine de coiffeurs qui avaient appris sur le tas, celui-ci était quillard et ne voilà t’y pas que l’adjudant responsable du salon vint à savoir que je fus coiffeur, il me convoqua pour me dire qu’après les classes je prendrais mes fonctions de maître coiffeur – ce que je refusais expressément – ce qui me valut un sermon digne d’un prêtre à un pécheur mais qui ne me déstabilisât nullement. Je suis allé voir mon officier et lui racontais mon problème, il en fit part au capitaine de compagnie qui, après renseignements, me dit que l’on ne put aller contre mon choix vu mon dossier prémilitaire, cela est une 2ème anecdote.

CIT 156 à Toul – Juillet 1966 – Fin de classes 66 2/A
Le peloton, le 1er rang du bas 2ème en partant de la droite, c’est moi. L’officier qui est au centre est sous-lieutenant, un appelé, un type très bien et à sa droite le maréchal des logis SÉLAMI, ancien harki, un homme très bien aussi.


Fin de classe au CIT 156 à Toul : Arrosage à la Kro de notre départ imminent pour le Sahara. Le lendemain matin, nous prîmes le train jusqu’à Paris, nous y sommes restés 2 jours cantonnés à la caserne du Château de Vincennes, le lundi matin 19 septembre 1966, direction le Bourget, embarqués sur Breguet 2 Ponts et envol vers In Amguel avec escale à Bou-Sfer pour le plein.

Survol des côtes françaises
Survol des côtes algériennes
Survol du Sahara

Quand nous sommes arrivés à destination, un adjudant-chef nous attendait. Il demanda qui était le coiffeur, je me suis présenté en lui signifiant que je n’étais pas venu au Sahara pour exercer mon métier mais pour conduire des camions et faire des missions, il me répondit que l’on verrait le lendemain. Le lendemain il me convoqua, pour me dire que c’était lui qui commandait, que j’étais dans son service en tant que coiffeur et que la prochaine nuit je la passerais en cellule après avoir été faire une ronde comme sentinelle, armé d’un MAS 49-56, accompagné d’un maître-chien et son berger allemand et d’un brigadier. La ronde s’effectuait à l’extérieur du camp, d’un poste de garde à l’autre le parcours était de 7 km environ, le vent la nuit et tous les petits bruits que l’on entend… comme je fus soulagé quand je vis la lumière du poste suivant et je terminais ma nuit en cellule. J’en garde un excellent souvenir de mon arrivée au Sahara.


In-Amguel : Marché touareg à proximité du camp St Laurent où nous étions cantonnés, sortie du dimanche après-midi.

Enfant touareg : il s’est laissé photographié moyennant finance, je lui ai proposé 1 dinar et il en fut satisfait.
Environs d’In Amguel
Entrée du village
d’In Amguel
Village d’In Amguel

Environs d’In Ecker
Au bord d’une foggara


Aux abords du village, anecdote : à la droite de la photo, où l’on aperçoit 2 militaires, se trouvait une hutte, par curiosité un copain et moi nous y sommes rendus. Un groupe de soldats attendait à la queue leu leu, la hutte n’était, ni plus ni moins, qu’un bordel. J’y suis rentré, l’intérieur était séparé en 2 par une tenture, dans la 1ère partie une femme attendait assise, une serviette à la main et un seau d’eau à proximité, elle te lavait le bigoudi et hop tu passais de l’autre coté de la tenture pour te soulager avec une jeune demoiselle du terroir. Mon copain et moi, sommes ressortis en vitesse car vu l’état de propreté l’envie nous fut coupée.
Devant ma chambrée
Avec le conducteur DUBOIS
Camp Saint-Laurent à In-Amguel

Une anecdote : quand je suis arrivé à Reggan en décembre 1966, j’étais affecté, bien entendu, comme coiffeur à la CCS. Je me suis présenté en saluant simplement au commandant de compagnie, le lieutenant DELEAU, qui passa capitaine quelques temps plus tard. Il me mit au parfum aussitôt, que la base américaine d’In Amguel c’était terminé, que la discipline à Reggan était d’actualité, que la présentation était la suivante vis à vis d’un supérieur : saluer, décliner son état, son nom, la compagnie, le temps de service effectué et enfin rabattre la main sur la cuisse en la claquant. Je compris à ce moment-là, qu’il fallait la jouer fine.

1er janvier 1967 : je pose pour la postérité avant de prendre mon tour de garde au poste de police.

Bordj de la CCS
Devant la fontaine de la CCS.
Avec « Dutronc »


DUVAUCHELLE et moi devant un feu de cheminée, cette fresque a été peinte par mes soins.

DUVAUCHELLE et POMPANON se réchauffant.

Le guitariste vu de face, c’est le brigadier BALSÉGUR qui passa maréchal des logis quelque temps plus tard, par contre je ne me souviens plus des 2 autres.

« Cette photo à été prise devant l'armurerie de la CCS. Je reconnais FOULON et le guitariste de dos est, je pense, CHABRERIE ».
Jean-Claude BALSÉGUR


Le singe de CHASSAGNARD

La « zoubia » (décharge)

Anecdote : au mois de janvier 1967, je me suis porté volontaire pour faire le peloton (CA 1), car il était dit que nous ferions des missions lors de ce stage. Dans le courant du stage, notre peloton est parti en mission vers les gorges d’Arak avec 4 à 5 GLR. Arrivés à destination, nous avons chargé ces camions de pierres et de cailloux et nous les avons déchargés quelques km plus loin dans un oued en crue, car la 1ère compagnie devait passer par cet endroit pour une mission au Niger. Nous l’avons attendue et la traversée de l’oued s’est bien passée. À notre retour, un pot nous a été offert avec les félicitations du chef de corps .Ce stage m’a permis d’abandonner la coiffure – Ouf ! – pendant environ 6 semaines en laissant mon collègue LACHÈVRE seul à son devoir, il était agriculteur dans le civil, je dois dire qu’il se débrouillait bien.


Méchoui d'avril 1967

Le maréchal des logis LOSCH en plein boulot.

Vus de dos, je crois reconnaître, au 1er rang en uniforme de parade le lieutenant MERLE et, à côté, le conducteur DEU, un ch'ti, chauffeur de la gazelle à la CCS.

De gauche à droite, les maréchaux des logis LOSCH, CHAMINANT et le brigadier-chef DIAZ. J’ai estimé ces 3 personnes. Une anecdote au sujet de CHAMINANT : en mars 1967, notre chef de chambre le brigadier DE VOLDER – un engagé – et le maréchal des logis, partirent en permission en France, de Reggan, avec escale de 24 h à Béchar et enfin la France. 2 jours après leur départ, que fut notre stupéfaction de voir DE VOLDER de retour. Il nous raconta leur mésaventure : que faire pour tuer le temps en attendant la correspondance ? Nos 2 amis sont sortis faire la bamboula la PM les a pris et ramenés manu militari à la caserne de transit. Le maréchal des logis, moins éméché que son compère, réussit à prendre l’avion, DE VOLDER eut moins de chance, il prit la correspondance pour Reggan avec 15 jours d’arrêts de rigueur et une sanction à venir. À son retour, CHAMINANT fut convoqué par le chef de corps et ils étaient passibles tous les 2 d’une dégradation. Le temps passa et peu de temps après le méchoui, le maréchal des logis CHAMINANT prit la semaine. La semaine se prenait d’un samedi avant le déjeuner jusqu’au samedi suivant. Le samedi suivant, après le défilé, la sentence fut prononcée (dégradation et mutation). Ce qui fut folklorique c’est que le maréchal des logis a été dégradé avant le changement de semaine. À la passation et présentation de la compagnie au capitaine, par voie hiérarchique comme cela se faisait, le brigadier présenta la compagnie à son supérieur (l’ex-maréchal des logis CHAMINANT qui était 2ème classe depuis peu), celui-ci présenta la compagnie au sous-officier de la semaine montante et ainsi de suite, on a bien rit en sourdine. Après ces usages, les ex maréchal des logis et brigadier sont partis à Béchar où nous les avons revus au mois de juin à la dissolution des sites sahariens.

De gauche à droite : Jean-Michel THOMAS ((le gascon d’Auch), le brigadier-chef DIAZ et moi. J’ai apprécié Jean-Michel THOMAS, c’était un sacré boute-en-train, qui nous remontait le moral quand il était bas.

Le méchoui
THOMAS et moi
mourons de soif
Je croque les restes

BALSÉGUR, THOMAS, DURÉCU en arrière-plan et TONTONI, grignotant les restes du méchoui.

Cadavres et restes
du méchoui

DIAVORINI et « Dutronc » devant la borne proche du poste de police, qui a été ramenée en France et scellée à l’entrée du camp de la Braconne. Une quinzaine d’années plus tard, étant avec mon épouse et ma fille dans la région, je voulais leur montrer où j’avais terminé mon service militaire… que je fus déçu de ne plus voir la fameuse borne. J’ai demandé quelques renseignements au sous-officier de semaine qui n’était pas au courant de la petite histoire de cette borne.

DIAVORINI et moi
devant la borne.

Parc de la 2ème Compagnie.

Tir au FM 24-29
à balle réelle.

Mon fennec « Hercule ».
Notre
mascotte

Vue de Reggan-Plateau désertique.

Légionnaire de la 4ème Compagnie du 2ème R.E.I. le 30 avril 1967, commémoration de la bataille
de CAMERONE


Sur la Gazelle
de la CCS.

Le 3ème Groupe de Transport, après passation de pouvoirs à l’ALN, quitte Reggan et prend la direction de Béchar.


En contrebas d'une ruine de fort de la Légion

 

Dans le environs
d’In Salah
Petite pause
sur la piste
Environs d’In Salah

Entrée Adrar
Rue principale d'Adrar
Après être sortis d'Adrar

Arrivée à Béchar

En route vers Oran,
gorges de Mascara
Dans les gorges
de Mascara
« Arrêt pipi » dans les
gorges de Mascara
Panorama à l’approche
de Mers el-Kébir.


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Août 1967 : Défilé à Angoulême, présentation officielle du GT 515.
Une anecdote sur la dernière photo : quand nous sommes arrivés au camp de la Braconne, comme nous n’avions pas de vêtements civils, nous déambulions en uniforme saharien. D’après les informations qu’ils eurent de la TV et de la presse, les citadins d’Angoulême et des villages attenants, croyaient que nous étions un régiment de Légion Étrangère qui prenait racine dans la région… je ne vous dis pas l’embarras qu’eurent ces gens. Nous sûmes cela plus tard quand nous avons sympathisé avec la jeunesse dans les bals de la région.

Et voici la fin d’une des étapes de ma jeunesse. Bien que l’armée ne me convienne pas, pour rien au monde je n’aurais voulu rater cette expérience; cela m’a permis de voir du pays et d’apprendre à vivre en communauté. J’eus beaucoup plus de chance que certains copains. De peur que je ne me déshydrate, mes grands-parents m’envoyaient régulièrement des mandats pour parer à cet handicap. Je leur écrivais par exemple le dimanche que la banque était en faillite et que j’avais soif, la lettre arrivait le mercredi, aussitôt le grand-père allait poster un mandat et le samedi, il arrivait à bon port !!! J’étais sauvé !!! Cela n’est pas pour me vanter, mais, j’en ai fais profiter quelques copains qui n’avaient pas ma chance, et cela nous à fait rire de bons coups.

 

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Et me voici 40 ans plus tard avec mon épouse et ma fille.



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Retrouvailles

Jean-Claude BALSÉGUR et Alain TONTONI
à Ottange (Moselle) le 16 décembre 2007



Quelle belle journée ce jeudi 3 Août 2011, à l’initiative de Jean-Louis SCHIBLER, nous nous sommes retrouvés à Bouxwiller (Alsace)
7 anciens copains du 3ème GT du contingent 66 2/A. Nous avions fait nos classes à Toul au CIT 156 puis mutés au 621ème GAS à In Amguel Sahara, ensuite au 3ème GT à Reggan et enfin nous avons terminé au G T 515 à La Braconne. Après un moment de stupéfaction lors de ces retrouvailles (après 44 ans un changement s’est opéré sur notre physique) nous nous sommes remémorés nos souvenirs et en se quittant nous nous sommes promis de nous revoir en essayant d’agrandir ce cercle de copains.
Debout de gauche à droite :
Jean-Louis SCHIBLER, André PARIS, Alain TONTONI
Assis de gauche à droite :
Daniel DESROCHE, Armand FREYERMUTH, Francis JOLY et Gilbert GUIGON