Pierre VIMONT-VICARY

Médecin-lieutenant
Médecin-chef du 3ème GT
Septembre 1966 – Juin 1967

 

 

Le médecin lieutenant VIMONT-VICARY à gauche

 

 

« Je suis arrivé à Reggan en Septembre 1966, après une année d’instruction à l’hôpital du Val de Grâce.
La période d’Août 66 à Juin 67 a été consacrée au repliement des sites sahariens, de Tamanrasset à Oran. Il y avait 2 ou 3 sites entre Tamanrasset et Reggan, dont un dans les gorges d’Arak. C’était principalement la Légion qui était dans ces sites. Mais le point principal était à Reggan, sur le plateau, où la Légion était très importante et devait protéger l’ensemble des sites.
Le 3ème GT, lui, n’était pas très important, à mon avis, pas plus de 120 à 150 hommes.
À Reggan il y avait une petite infirmerie militaire, pour les soins de moyennes importances, palud, grippe, affection des voies respiratoires, plaies diverses, qui s’aggravaient à cause du sable toujours présent dans l’air, affection des yeux, conjonctivites, toujours dues au sable.
Pour les cas plus graves il y avait un petit hôpital, sur le plateau, qui était tenu par la Légion, avec un médecin et trois infirmiers. Je n’ai jamais eu à faire d’évacuations sanitaires. Si les choses étaient plus graves il y avait bien sûr les évacuations aériennes.
Les «autochtones» n’étaient pas admis dans l’enceinte du Bordj Estienne, ils étaient soignés dans une petite infirmerie où exerçait un infirmier local. Il y avait aussi une école primaire pour les enfants de la palmeraie.
J’allais trois fois par semaine faire des visites médicales pour ces habitants de la palmeraie. J’avais à ma disposition quelques médicaments et pansements. Les cas graves étaient envoyés à Adrar, à 100 km de piste vers le nord, où il y avait un hôpital bien équipé où travaillaient des médecins français, des militaires détachés au Ministère de la Coopération au service des Algériens.
Pour faire mes visites j’avais une petite 2 CV, parfaite pour aller sur les pistes sahariennes.
C’est à l’occasion de ces visites à la palmeraie que j’ai rencontré un jour un caravanier qui revenait du Sahel et qui m’a proposé un petit singe très mignon de couleur rousse et blonde. C’était un Cercopithèque (qui met sa nourriture dans les joues) de l’espèce « Patas » ou plus communément « singe vert ».
Il était très apprivoisé et adorait les cacahuètes et les bananes, et tous ceux qui passaient près de chez moi l’appelaient «Boubou». Il était attaché par une longue corde et ne manquait jamais de recevoir une friandise. Il était devenu célèbre. Je l’ai ramené en France où il a vécu de longues années dans un zoo de province. Il y était très bien soigné.

 


Nous avons toujours été très bien acceptés par les Algériens, alors que leur indépendance était récente et était survenue après des années de violences ».