Le Chott el-Jérid


Le Chott el-Jérid est la plus vaste plaine saline ou sebkha tunisienne avec une superficie d’environ 5 000 km2.
Long de près d’une centaine de kilomètres d’est en ouest, le chott el-Jérid se prolonge à sa pointe orientale par le Chott el-Fejaj. Déployé sur un axe est-ouest entre Nefta à l’ouest et El Hamma à l’est, l’ensemble couvre pratiquement la largeur du Sud tunisien, entre le golfe de Gabès et la frontière algérienne.
Il est situé dans un creux synclinal, à la limite entre les chaînons montagneux tunisiens et la plateforme saharienne. Son altitude actuelle est de 15 à 20 mètres au-dessus du niveau de la mer

Zones non dépourvues d'eau

« Le climat [ayant] changé à plusieurs reprises au cours du Quaternaire, les chotts se sont retrouvés, selon les périodes, soit des milieux le plus souvent à sec soit des lacs ». La pluviométrie actuelle se caractérise par son irrégularité d’une année sur l’autre mais la moyenne est généralement inférieure à 150 millimètres par an. Si les pluies d’hiver sont fréquentes mais relativement peu abondantes, elles peuvent, en octobre ou mars, constituer des petits « déluges localisés » riches en eaux de ruissellement des oueds. La présence d’eau dans les chotts n’est néanmoins pas due qu’à la pluviométrie : elle résulte également des nappes souterraines situées à faible profondeur. Deux nappes plus profondes sont enfouies dans les couches géologiques (correspondant au Crétacé inférieur, au Miocène et au Pliocène à des profondeurs variant entre 300 mètres et 2 500 mètres


Chott el-Djérid.

Cependant, l’évaporation prélève jusqu’à sept fois plus d’eau qu’il n’en est apporté par les pluies, notamment au cours de la saison chaude où les températures varient entre 25 et 40°C (pour une moyenne de 10 à 24°C le reste de l’année) et où le souffle du sirocco, vent chaud et sec originaire du Sahara, suffit à élever la température d’une dizaine de degrés en quelques heures. « Au total, le climat est d’une aridité et d’une chaleur remarquables rapprochant la région plus du Sahara que de la steppe »

Tozeur

Tozeur est une ville du Jérid tunisien et le chef-lieu du gouvernorat du même nom. Elle compte 32 400 habitants selon le recensement de 2004. Située au nord-ouest du Chott el-Jérid, elle se trouve à 450 kilomètres au sud-ouest de Tunis. Il s’agit de l’une des oasis situées aux portes du désert du Sahara. Tozeur est une ville avec un passé religieux important et connue pour ses lettrés comme sa géographie contemporaine, parsemée de marabouts, en témoigne.
L’une des parties de la ville ancienne est construite en briques (valorisées aujourd’hui dans un but touristique) d’argile Les maçons ont créé sur les façades des motifs en relief inspirés des tapis et de la calligraphie. Elles sont posées de façon à augmenter la surface du mur qui se trouve à l'ombre. Les maisons de l’un des plus vieux quartiers de Tozeur (Ouled el-Hadef) sont ainsi dotées de cette architecture, ses petites ruelles (datant du XIVe siècle formant un véritable labyrinthe.
La ville est entourée d’une palmeraie d’approximativement 1 000 hectares, abritant quelques 400 000 arbres autrefois irrigués par quelques 200 sources remplacées dès 1995 par les nombreux forages modernes qui alimentent désormais Tozeur.


Même si la nappe phréatique reste surexploitée, des mesures comme l’introduction du goutte-à-goutte ont permis d’économiser de 35 à 30% de la consommation. La palmeraie se découpe en milliers de petits jardins (en moyenne d’un demi-hectare) plus ou moins bien entretenus : seules 25% des terres sont cultivées et de nombreux palmiers meurent faute d’entretien néanmoins 500 nouveaux hectares ont pu voir le jour grâce à l’exploitation de la géothermie. Elle a servi de décor pour de nombreux films comme Star Wars ou Le Patient anglais.


Tournage de Star Wars (la porte)

Le palmier dattier ou dattier (Phoenix dactylifera), largement cultivé d’abord pour ses fruits : les dattes. C’est la plante verte des oasis sahariennes. On ne connaît pas cette espèce à l’état sauvage.
C'est un grand palmier de 15 à 30 m de haut, au tronc cylindrique, le stipe, portant une couronne de feuilles (les palmes). Les feuilles sont pennées, finement divisées et longues de 4 à 7 mètres.
L’espèce est dioïque et porte des inflorescences mâles ou femelles, appelées spadices, enveloppées d’une très grande bractée membraneuse, la spathe. Les fleurs femelles ont trois carpelles indépendants, dont un seul se développe pour former la datte.
Les fruits, les dattes, groupées en régimes, sont des baies, à chair sucrée entourant un « noyau » osseux qui est en fait la graine.


Palmier dattier dans la palmeraie de Tozeur

Fécondation artificielle

La fructification demande des arbres mâles et femelles, mais dans les palmeraies, on pratique la fécondation artificielle et il suffit d’un palmier mâle pour un harem de 50 palmiers femelles. On féconde les fleurs femelles en accrochant des fleurs mâles dans leurs bouquets.



Fécondation artificielle dans la palmeraie de Tozeur

Une palmeraie est en pleine production de douze à quinze ans après sa plantation et elle peut être exploitée pendant soixante à quatre-vingt ans. Si certains palmiers ne donnent pas plus de 20 à 50 kg de fruits, d’autres variétés produisent entre 100 et 200 kilos par pied. Selon les variétés la récolte s’échelonne de juillet-août à novembre-décembre. Les dattiers produisent plusieurs régimes par an, constitués de douzaine de tiges portant des dattes. Le poids d’un régime peut atteindre 70 kilos.

La surface consacrée à la culture du palmier a doublé en vingt ans, entraînant un renouveau du secteur de l’agriculture en termes quantitatifs, qualitatif, et d’emplois associés. Le travail dans les palmeraies étant pour l’essentiel saisonnier (entretien, fécondation, récolte), il autorise en général une deuxième activité pour les ouvriers agricoles. Cependant, la situation des agriculteurs s’est fortement dégradée au XXe siècle car l’eau est « devenue un bien comme les autres » en devenant payante, l’arrosage se montant à 30 à 50 millimes par mètre cube pour un arrosage hebdomadaire, conduisant nombre d’agriculteurs à travailler dans le secteur touristique. Selon d’autres sources, le coût annuel de l’irrigation de 5 000 m2 de palmeraie équivaut à la production dattière de deux palmiers.
La production annuelle de dattes se monte à 35 000, dont 4 000 issues de l’agriculture biologique et les deux-tiers de la variété des deglet nour, et représente le tiers de la production nationale. Les autorités cherchent également à développer la pratique de la culture à trois étages : maraîchage au sol, arbres fruitiers puis palmiers au-dessus.


Texte : Résumé du Net et documents Alain Chuette (Visite de la palmeraie)
Photo : Alain Chuette (Circuit en 4X4 dans le chott el-Djérid.)

Juin 2011

 

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