LA TOMBE DE BILL À REGGANE
Document de synthèse et suite

 

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La première inhumation de Bill fut celle que le Tanezrouft lui donna.
Après huit jours de souffrances, le Capitaine William Newton LANCASTER s’était éteint seul dans cette immensité où il fut oublié pendant 29 longues années.
Le vent du désert le recouvrit peu à peu d’un léger manteau de sable.
Quelques tourterelles, usées de cette longue traversée du Sahara, vinrent mourir auprès de lui, comme pour accompagner Bill dans cet ultime voyage.


La dépouille de Bill retrouvée en février 1962 par Titus POLIDORI


La momie de Bill partiellement désensablée


La momie de Bill désensablée

Le lendemain qu’elle eut été retrouvée, la dépouille mortelle du Capitaine LANCASTER fut rapatriée par la gendarmerie à Reggan-Ville.



http://3emegroupedetransport.com/Chronologie.htm

La dépouille de Bill fut ensuite transférée du Bordj Estienne à l’hôpital du Plateau, puis ramenée à l’oasis après mise en bière.
Le corps du défunt fut d’abord placé dans un premier cercueil de zinc soudé, ce dernier mis en place dans un cercueil bois, comme c'était la coutume pour les malheureux décédés sous cette latitude.

Les funérailles furent organisées par l’Armée de l’Air. N’oublions pas que le Capitaine LANCASTER était un ancien pilote de la RAF.
Bill fut ensuite inhumé officiellement avec les honneurs militaires dans un petit cimetière créé à cet effet à l’oasis de Reggane.

Charles MÉLIN décrit, à l’issue de sa traduction du Log-book, la suite de l’événement quant au retour à Reggane de la dépouille mortelle du Capitaine LANCASTER. Tout en faisant un clin d’œil à cette histoire en citant Haden CLARK et Chubbie MILLER…

Charles Mélin est décédé le 1er août 2000, il est inhumé dans un cimetière de La Rochelle.

Le Colonel Mélin avait souhaité emporter avec lui, le petit crayon de Bill ayant servi à ce dernier à la rédaction de son Log-book, ainsi que quelques phalanges de pieds du Capitaine Lancaster retrouvés lors de sa visite sur le site du crash quelques jours après le retour de la dépouille de Bill à Reggan. Charles Mélin avait conservé précieusement ces reliques sa vie durant dans un petit coffret qui fut placé dans son cercueil au moment de son décès.
J’ai recueilli ce témoignage de la bouche même de Mme Veuve Mélin.

Le 23 juin 1963, j’écrivais à mes parents :
– « Aujourd’hui, nous avons également été, sur la tombe de LANCASTER, l’aviateur anglais que l’on a retrouvé l’année dernière dans le désert près de REGGAN, à 300 km je crois et qui était resté 30 ans ainsi à sécher au soleil, vous en avez sûrement entendu parler. Paris-Match a fait un reportage il y a 6 mois au plus ».

En réalité je n’étais pas encore incorporé lorsque le magazine Paris-Match avait réalisé ce reportage (Novembre 1962).
Près de 45 ans plus tard j’ai pu me procurer les 3 exemplaires de cet hebdomadaire que Michel a mis en ligne par la suite sur le site du 3ème GT.

http://3emegroupedetransport.com/WILLIAMLANCASTER.htm

Lorsque j’étais allé à l’oasis de Reggan, j’avais vu la tombe de Bill… Une tombe que malheureusement je n’avais pas photographiée et que j’avais redessinée de mémoire pour la rédaction de Un papillon dans le désert.


Vous m’accorderez que le dessin n’est pas de bonne facture, mais j’ai toujours espoir de retrouver un jour une photo de ce que j’avais vu ce dimanche de juin 1963.
Je fus par la suite, des plus étonnés à la lecture du témoignage du Colonel MÉLIN qui écrivait en complément de sa traduction des notes de LANCASTER :

Le corps de Bill a été ramené au Bordj de REGGAN qu’il avait quitté 29 ans auparavant. On y a créé un cimetière chrétien et comme un cimetière avec une seule tombe ça n’existe pas, on y a aligné 3 tombeaux. Seul celui du centre est réellement occupé, il porte l’inscription William LANCASTER – 1898-1933. (Charles MÉLIN)
Il rajoute plus loin :
Mais je ne crois pas que les deux autres soient réellement vides, car j’imagine que l’un abrite le fantôme de Haden CLARKE, mort tragiquement à Miami, exactement un an, jour pour jour avant BILL ; et que l’autre abrite ou abritera si ce n’est déjà le cas, celui de Keith MILLER ……. CHUBBIE pour ses deux compagnons !

Le Colonel MÉLIN pouvait avoir raison sur les dates car Chubbie MILLER décéda en 1972.
Que deviennent ensuite les fantômes ???

Lors de ma visite à l’oasis de Reggan en juin 1963, je n’avais pas vu un tel cimetière.
Ma mémoire me jouait-elle des tours, je ne pouvais pourtant pas mettre en doute les écrits du Colonel Mélin !!!

Mais quelque temps plus tard Michel découvrait sur un site allemand de la Légion Étrangère les photos qui suivent :

Il n’y avait plus de doute William Newton LANCASTER reposait bien dans ce petit cimetière !

Grab von William LANCASTER. Englischer Pilot. Im Jahr 1933 in der Nähe von Reggan abgestürzt. 1962 erst gefunden. Zwischen 2 Legionären bestattet.*
Fotoalbum vom Forum LaLegion
J. DIERKES Légionnaire de 1ère classe au 2ème Régiment Etranger d'Infanterie
* Tombe de William LANCASTER. Pilote anglais. Tombé en 1933 à proximité de Reggan. Retrouvé seulement en 1962. Enterré entre 2 légionnaires.

Il était d’ailleurs expliqué dans la légende de cette photo que LANCASTER était inhumé entre deux légionnaires. Plus tard j’appris par la revue KÉPI BLANC (une autre découverte de Michel), que le Légionnaire NÉSINI avait été inhumé à la droite de Bill. Mais jusqu'à aujourd'hui : Rien de ces affirmations n’a été prouvé.

Lire sur le site : 30 avril 1963... Camerone

 


Photo : « Képi blanc » – La vie de la Légion Étrangère
n° 188 – Décembre 1962

Quelque temps après Raymond MASCARELL, responsable à l’époque de la station télétype de Reggan-Plateau, découvrait sur le site du 3ème GT « Un papillon dans le désert ». Il me contacta pour me dire que dans ses diapos, il pensait avoir la photo du petit cimetière où Bill avait été inhumé.
Après quelques recherches, il me faisait parvenir la photo qui suit :


Photo de Raymond MASCARELL (mars 1963)

J’étais heureux et frustré à la fois car si l’image qu’il me présentait était du plus grand intérêt, cela n’avait rien à voir avec ce que j’avais pu mémoriser de ce dimanche après-midi de juin 1963.
Plus tard d’autres photos me furent envoyées, je vous les présente ci-après, remerciant par ailleurs les différents auteurs.


Photo de Roland BOURGEY* du 11ème Régiment du Génie Saharien
* ami d'enfance du mari d’Annick BRUN MELIN


C’est la dernière prise de vue de ce cimetière, en ma possession. Elle montre le sable recouvrant les tombes au fur et à mesure du temps.

Comme il est possible de le constater, l’effet du temps sur le coloris de l’avant de la dalle en toub est très net par rapport aux autres clichés. C’est cette photo que j’ai pu présenter, par l’intermédiaire de Debbie (la petite-fille de Bill), à Nina sa mère (la seconde fille de Bill). Cette dernière âgée de plus de 80 ans vit toujours au Nord de Londres, Debbie me disant que sa mère conduisait encore sa voiture. Debbie a pu m’expliquer au téléphone, qu’elle n’avait pas abordé avec sa vieille maman, les recherches que nous poursuivions actuellement pour connaître l’ultime sépulture de Bill.

Pour Nina, son père Bill repose toujours dans cet endroit du désert, dans ce petit cimetière que nous avons pu lui montrer grâce à la coopération de tous. Elle gardera ainsi en mémoire ce coin paisible de l’oasis de Reggane où son père fut inhumé en février 1962.



Photo collection Pierre BERNARD-HERVÉ,
petit-fils de Pierrette HERVÉ postière à Reggan-Ville



Photo Alain Robert LEROY, brigadier-chef au 620ème GAS,
détaché à l'hôpital de Reggan, chauffeur d'ambulance

Les dernières tombes françaises restées sur le sol de Reggane furent recensées en mars ou bien avril 1966. Il est pensable que ce soit le Service de Santé Militaire qui se chargea de cette opération menée par l’Autorité Militaire de Colomb-Béchar. Les dépouilles des européens furent transférées plus tard avant le départ des derniers militaires français en 1967.

Jean-Marie COTTENCEAU qui était appelé du contingent 65 1/B affecté au secrétariat du CCS, témoigne :

Bonjour Alain,
J’ai rencontré cette personne au mess sous-officier de Reggan-Plateau en mars /avril 1966. S'étant assis à ma table, je me souviens bien de la conversation, disant que venant de Colomb-Béchar, il était en mission sur Reggan pour exhumer les dépouilles des européens inhumées dans le secteur. Mission dont l'objet m'avait surpris, ignorant bien entendu le cas de LANCASTER la conversation s'en était arrêtée là. Quant à l'arme à laquelle il appartenait je l'ignore, pourquoi pas « services de santé » ?
Bonne recherche
Amitiés sahariennes
Jean-Marie


Le cercueil en bois fut scellé à la cire et nous savons que le sceau utilisé fut celui de l’empreinte de la chevalière de Monsieur HERVÉ. Monsieur HERVÉ était adjoint administratif au CAS de Reggane en février 1962, sous le commandement du Capitaine MICLOT.

Monsieur HERVÉ
Famille HERVÉ


Le Capitaine MICLOT féru de photographies

J'avais imaginé que la dépouille mortelle de Bill avait pu être ramenée en Angleterre à l'occasion de ce transfert de tombe de 1965, ou plus tard, sachant qu’en 1968 les tombes restées à Reggane avaient été toutes déplacées, du fait du départ des militaires français.

Il y avait-il d’autres tombes que celle de Bill à Reggan à ce moment je l’ignore, sans doute quelqu’un a-t-il la réponse, je reste ouvert à toutes informations sur ce point.


J’avais recherché un peu partout en Angleterre en fonction des listes des personnes inhumées dans la période, retrouvant sur Biddulph, un certain William LANCASTER inhumé début des années 1970. C’était sans compter que le nom de LANCASTER est aussi commun en Angleterre que celui de DUPONT en France.
Le révérend m’avait gentiment répondu qu’il ne s’agissait pas du Capitaine W. N. LANCASTER.

Plus tard Debbie m’avait assuré au téléphone que son grand-père n’avait pas été ramené en Angleterre. Du coup plusieurs pistes s’ouvraient, la dépouille de Bill pouvait avoir été inhumée dans le Nord de l’Algérie. L’autre piste pouvait être aussi le rapatriement dans un des cimetières du Sud de la France, mais jusque-là nos recherches sont restées vaines, et mes courriers sans réponses.

Mahammed se déplaça par la suite au cimetière du Petit Lac près d’Oran.

Photos : Mahammed MAHBOUBI

Après examen de plusieurs milliers de sépultures, Mahammed découvrit une tombe correspondant à un dénommé LANCASTER, mais il s’agissait de Peter inhumé en 1950.
Sauf erreur de transcription cette tombe ne correspondait pas à celle de Bill.

Au cours de son raid de 2013 Mahammed interrogea ses contacts à Reggane sur ce qu’était devenue cette tombe que nous recherchions.


Photo : Mahammed MAHBOUBI

Mahammed en profita pour reprendre contact avec un de ses anciens étudiants, ABDELKADER, qui travaille dans l’hydraulique à Reggane (à droite sur la photo) pour retrouver un témoin de cette époque, SI MOHAMED REGGANI (à gauche sur la photo, 87 ans !). Ce dernier ayant conservé une excellente mémoire de ces événements : Mahammed le surnommera la mémoire de Reggane !

Cet ancien de Reggane très âgé avait déjà été interrogé à ma demande en 2010, par le secrétaire de « Tanezrouft Voyages », lui-même basé à In Salah. La même réponse m’avait été transmise, c’est là que j’apprenais que le témoignage venait d’un ancien infirmier de l’hôpital de Reggane.


Au départ j’avais pensé qu’il s’agissait de l’hôpital de Reggane-Plateau, depuis j’ai compris qu’il devait s’agir de l’hôpital de la ville de Reggane, l’hôpital du plateau étant réservé aux militaires et de plus sans doute désaffecté par la suite ? Cette idée me venait du fait qu’à l’époque de la base française, un secteur de l’hôpital du plateau était réservé à la population autochtone.

En visualisant sur Google Earth Reggane-Plateau, force est de constater que l’hôpital militaire construit par les militaires français fin des années 1950, a été démantelé, il apparaît toujours sur les images d’archives de 2007, ensuite l’évolution de la base a fait place à d’autres bâtiments, remplaçant ainsi les nombreuses constructions de tôles, fillod et autres jossermoz n’ayant plus leur place aujourd’hui dans une base militaire moderne.

Voir lien suivant :
http://3emegroupedetransport.com/EvolutionBasePlateau.htm

En réalité après avoir posé la question à Mahammed, nous avons appris par Abdelkader que Si Mohamed Reggani avait bien travaillé à l’hôpital du Plateau qu’il avait dû intégrer dès sa construction, il avait alors une trentaine d’années… Sa formation d’infirmier se fit sans doute à ce moment, ensuite à la fermeture de l’hôpital du Plateau il intégra aussitôt l’hôpital de la ville de Reggane construit dans la foulée.

Si Mohamed Reggani qui vient de décéder en mars 2015, était né en 1926, il connaissait le moindre détail de la vie de la palmeraie et certainement au travers de son vécu au Plateau, il avait eu à connaître beaucoup de choses. J’irais jusqu’à supposer qu’il devait tout savoir sur ce qui s’était passé pour le Légionnaire Gnesini.

Lire : http://3emegroupedetransport.com/Camerone1963.htm

Là encore les bonnes questions doivent être posées au bon moment, sans attendre que les mémoires s’effacent !

Inutile aussi de revenir sur les différents essais réalisés là-bas, ses témoignages nous auraient certainement interpellés !

Ici je ne pourrais que remercier Feu Si Mohamed Reggani de l’aide qu’il nous a apporté quant à la recherche du lieu de la tombe de Bill à Reggane, y compris de me permettre de comprendre quelle fut l’histoire du petit cimetière évoqué tant de fois dans mes papiers.

Désormais il a rejoint Bill pour d’autres discussions !!!

De cette rencontre Mahammed put se déplacer à l’endroit exact où se trouvait la tombe de Bill.

Quartier de la tombe


De nos jours, le secteur des tombes se trouve dans la périphérie de la ville de Reggane.

Ce que nous appelions Reggan-Ville était dans les années 1960 un village de moins de 2 000 habitants. Aujourd’hui, quelques 50 ans après, Reggane est une ville importante de plus de 20 000 habitants.

Lors de sa dernière visite Mahammed avait d’ailleurs noté que la population de cette périphérie devait avoir immigrée d’autres régions sahariennes, l’accent étant très différent de la population locale.

Décembre 2014, Mahammed et ses compagnons, infatigables chercheurs, reprenaient la route du Tanezrouft. Il fallait en terminer entre autres avec la finalisation du point crash au Tanezrouft et également de la tombe de Bill à Reggane.
Le 24 décembre l’équipe était à pied d’œuvre forte de l’ensemble des documents collectés pour la recherche de l’endroit précis où avait bien pu être inhumé le Capitaine LANCASTER.

J’avais situé l’endroit de la tombe en dehors de la palmeraie près de l’arche marquant la sortie de la palmeraie vers une piste rejoignant celle d’Adrar.

Après plusieurs décennies ma mémoire pouvait avoir failli… Et puis la photo de Roland BOURGEY que j’avais mal interprétée m’avait laissé à penser que les reliefs apparaissant au loin ne pouvaient qu’être le plateau de Reggane. Que nenni, il ne faut jamais se laisser embarquer à la légère dans des recherches de ce type comprenant des photos d’un autre âge.

Je pensais m’être trompé en disant cela, mais en fait après de nombreux échanges avec Mahammed, il put reconstituer le parcours que nous avions fait à partir du poste de police de « Reggan ville », jusqu’à la tombe du Capitaine Lancaster.

L’année précédente comme nous l’avons vu plus haut, Si Mohammed REGGANI avait amené Mahammed et son équipe à l’endroit même de la tombe que j’avais vue en 1963 !

Mais alors où pouvait bien avoir été construit en février 1962 le cimetière des 3 tombes si bien décrit par Charles MÉLIN ?

J’avais imaginé qu’il devait se situer ailleurs compte tenu des
reliefs qui apparaissaient sur les photos de Roland BOURGEY et de Raymond MASCARELL.
Le 24 décembre donc, Mahammed et son équipe parcouraient la partie Nord de Reggane à partir du point donné par Si Mohammed REGGANI, observant les reliefs au loin pour s’apercevoir que la réalité n’était pas celle que j’avais imaginée au travers des photos visualisées !
Après plusieurs heures d’observation je dirais presque « d’arpentage », l’équipe de Mahammed situait précisément les angles de prises de vues de Raymond MASCARELL et de Roland BOURGEY.

Quel ne fut pas mon étonnement quant à ce que pouvaient être les reliefs observés sur les 2 diapositives citées plus haut. Mon imaginaire avait fait le reste et j’avais tout faux dans ma conclusion. Là nous y étions, le point GPS de la tombe désignait parfaitement l’endroit montré par Si Mohammed REGGANI dont la parole ne pouvait absolument pas être mise en doute. À partir de ce point, grâce à Google Earth il devenait clair que les reliefs se situaient Nord, Nord Est de la ville de Reggane.


Sur cette copie de carte Google Earth :

- Le tracé en jaune est l’itinéraire de recherche de l’équipe de Mahammed le 24 décembre 2014
- En rouge l’axe de prise de vue de Raymond MASCARELL
- En bleu l’axe de prise de vue de Roland BOURGEY

Les 2 axes se rejoignant bien entendu à l’endroit où se trouvait la tombe de Bill, endroit désigné par Si Mohammed REGGANI.


Je reprends ici les termes mêmes de l’analyse de Mahammed :

Entre les deux constructions on voit un relief. Ce dernier est reconnaissable sur les photos de Roland Bourgey et de la photo suivante prise à partir de l’endroit où la Tombe Lancaster se trouvait dans ce petit cimetière des 3 tombes.


Relief de l’arrière plan de la photo de Roland Bourgey

Photo prise plus à l’Est par rapport à l’axe des 3 Tombes par rapport au relief (voir photo précédente de la carte Google Earth).

De la discussion jaillit la lumière dit-on, effectivement mes premières hypothèses étant totalement erronées, je comprenais que l’endroit où j’avais vu la tombe de Bill était le même endroit que celui du petit cimetière, tout d’abord évoqué par Charles MÉLIN puis photographié par la suite comme nous l’avons vu.
Aujourd'hui, seules si les archives de la mairie de Reggane pouvaient parler et nous dire la réalité, mais là inutile d’espérer une réponse… Je repars donc sur mon hypothèse supposant qu’au moment du démantèlement du petit cimetière entre mars et juin 1963, le fait de n’avoir retrouvé qu’un seul cercueil, (les deux autres tombes étant factices), les autorités de Reggane n’ont pu que décider de restaurer la tombe de Bill d’où mon dessin. Je serais bien sûr des plus heureux de retrouver une véritable photo (qui existe certainement) de cette tombe seule, mais là encore, il nous est de plus en plus difficile après plus d’un demi-siècle de faire « déterrer » les archives de tout un chacun pour le moindre élément.
Il en est de même de nos archives Nationales, avec de plus le Secret Militaire concernant le CSEM qui couvre tout d'une chape de plomb, y compris de choses n’ayant rien à voir, (normal, nous sommes dans le nucléaire) nous interdisant tout et rien !

Malgré tout les recherches menées par Mahammed et ses équipiers me permettent de mettre un point final à l’histoire de la tombe de William Lancaster à Reggane.

Néanmoins à ce stade de la rédaction de ce papier, je me dois de vous donner la suite de nos interrogations et le résultat de nos recherches. Nous avons donc la connaissance du positionnement précis du petit cimetière désormais dans l’agglomération de Reggane.

Sur la carte Google Earth qui suit, il est possible de voir les positions de la tombe de Bill, de l’Arche (actuellement en ruines) et du Bordj Estienne (épingle positionnée sur la porte d’entrée).

L’orientation du Nord étant donnée en haut à droite de la page.

J’ai sensiblement orienté cette photo satellite pour la comparer à la photo de la carte postale des Bordjs situés à la palmeraie de Reggane de sorte à faciliter la lecture de ce qui va suivre …

J’ai volontairement omis le positionnement des Bordjs des Sénégalais et Lt Gélas.

Repère Jaune >>> Porte d'entrée du Bordj Estienne
Repère Vert >>> La tombe
Repère Blanc >>> L'arche



Document : Google Earth

                                      

Sur la photo de la carte postale (page d’accueil du Site du 3ème GT), j’avais en 2010 noté un certain nombre  d'illustrations manuscrites pour informations à l’Agence Tanezrouft Voyages dont le secrétaire basé à In Salah avait pu savoir lors d’une visite à Reggane à cette époque qu’un ancien infirmier de Reggane connaissait les éléments concernant la tombe de Bill que je recherchais.

Sans nul doute, il s’agissait de Si Mohammed Reggani rencontré 3 ans plus tard par Mahammed. À ce moment j’ignorais que la tombe de Bill avait été déplacée. Mes recherches sur l’affaire Lancaster avait certes dépassé l’état embryonnaire, mais je n’avais pas encore découvert qu’en 1975 l’équipe de Wylton Dickson avait recherché cette tombe sans succès et la réponse de Tanezrouft Voyages avait été : Il n’y a pas de tombe !

Lorsque Jean-Marie Cottenceau m’avait répondu pour m’indiquer que la ou les tombes du secteur de Reggane avaient fait l’objet d’un recensement pour être enlevées, j’avais alors compris que la tombe que je faisais rechercher à Reggane en 2010 n’était plus là depuis bien longtemps !

Je voudrais rappeler ici que mon investissement dans les recherches sur l’histoire du Capitaine Lancaster a eu avant tout pour objectif de retrouver cette tombe. Il m’aura donc fallu plus de 7 ans pour aboutir… Restant quelque part sur « ma faim », car désormais où Bill aujourd’hui peut bien se « cacher » ? Les recherches en ce sens continuent bien évidemment…

Un petit rappel, Bill tombé dans le désert en 1933 fut retrouvé 29 ans plus tard. À partir de 1965 sa tombe disparaît de Reggane soit depuis 50 ans, quand nous le recherchons encore. Bill pour l’instant a quitté la scène pendant 79 ans, ceci pour une aventure de vie de 35 ans !!!

Des nouvelles récentes (juin 2015) sur investigations de Maurice Patissier, nous apprennent, que Bill n’a pas été rapatrié au carré (cimetière) de la Légion Étrangère situé à Aubagne. Mahammed prévoit d’autres recherches sur le cimetière de Mers el Kébir situé dans la région d’Oran.

Mais revenons à la carte postale illustrée :

Quelques précisions : Nous pensions jusqu’alors que cette carte postale datait de 1963. Ceci pouvait signifier que la tombe de Bill ou plutôt le petit cimetière pouvait apparaître sur cette photo ! Malgré les divers grossissements effectués il n’en était rien !

J’affirmais pourtant sans relâche qu’à moins d’avoir complètement perdu la mémoire, que j’avais vu la tombe de Bill près de l’Arche, tel que je l’avais toujours située sur cette carte postale…

            

Mais jusque-là aucune preuve formelle ne prouvait ce que je pouvais raconter. D’autant que personnellement j’avais eu la fâcheuse idée de ne pas photographier cette tombe, ni l’environnement immédiat. Bill était là plongé dans son Éternité et nous, nous préférions photographier un palmier plutôt qu’un monument funéraire… L’heure n'était pas à ce moment de s’intéresser à l’histoire de ce pilote malheureux, même si la lecture partielle de son Log-book interpellait.

À noter également que de toutes les photos du petit cimetière, aucune ne permettait de visualiser l’environnement immédiat. Sans la constance et l’implication de Mahammed et de son équipe, nous n’aurions jamais su.

Maintenant un peu de géométrie :

Nous connaissons donc par rapport à Google Earth, les exacts positionnements :

- De la tombe

- De l’Arche

- De l’entrée du Bordj Estienne

Fixons comme points de repères ces 3 éléments, il nous suffit de mesurer sur la carte postale agrandie au format A4 la distance entre l’Arche et l’Entrée du Bordj Estienne puis…

d'ouvrir Google Earth, de reporter la longueur mesurée sur l'image satellite entre (les épingles) de l’Arche et celle de la tombe… De même pour la longueur entre la porte du Bordj et la tombe,  au recoupement des 2 arcs de cercle il est fort de constater que la position de la tombe que j’avais vue en juin 1963 est grosso modo à l’endroit où je l’avais toujours indiquée ! Il va de soi que règle de trois et compas sont de la partie.

Voir photo suivante :


NOTA : Il est clair qu’en comparant l’image donnée par Google Earth et celle de la carte postale, j’avoue qu’il est difficile de s’y retrouver. Le problème est connu et pour les curieux il suffit de s’initier à la photogrammétrie, les réponses seront là.

Il me reste à remercier ici tous ceux ayant participé de près ou de loin à l’élaboration de ce texte.
Avec un remerciement particulier au Docteur Mahammed Mahboubi, Cheikh Maameri et leurs équipiers pour le rôle important qu’ils ont joué dans cette recherche qui n’aurait pas pu aboutir sans eux. Ils ont su nous montrer leur ténacité, leur enthousiasme et leur gentillesse pour répondre à mes questions, me permettant ainsi de continuer à écrire l’histoire de Bill.

Mahammed n’a pas été non plus avare de son temps concernant les rédactions de longs courriels quand les différents échanges le nécessitaient.

Je n’oublie pas non plus mon ami Michel ainsi que Maurice qui m'ont toujours fait part de leur plus grand soutien, m’aidant au mieux, recherchant sans cesse tous documents ou photos susceptibles d’apporter le plus dans la recherche en cours. Sans compter le temps passé dans les longs échanges téléphoniques nous permettant de confronter nos idées …

La question ultime de ce papier étant : À partir de 1965 où peut bien se trouver désormais la dernière tombe de Bill ?  Ne désespérons pas, les recherches continuent !


Amitiés Sahariennes à tous


Alain BROCHARD - Juillet 2015