LES DERNIERS ÉCRITS DE BILL

 

Je ne rappellerai pas ici le triste accident du Capitaine Lancaster…
Les évènements ont été suffisamment évoqués dans d’autres papiers, entre autres « UN PAPILLON DANS LE DÉSERT ».

Le sujet ici est d’évoquer le Log book et ce qu’il a pu devenir.



Retour rapide sur l’histoire :
En avril 1933, Bill Lancaster se crashe au plus profond du Tanezrouft.
Il ne sera que légèrement blessé, mais au cours des huit jours qui suivront, le désert se chargera de venir à bout de celui que sa bonne étoile avait protégé jusque là.
Bill se retrouve désormais seul auprès de l’épave de son avion, le Southern Cross Minor. Le point de non retour est arrivé, Bill le sait bien mais il ne se laissera pas allé à la détresse, il va faire le point, réfléchir à sa situation, imaginer qu’il peut être sauvé et surtout noter comme à son habitude tout ce qui lui passera par la tête. Mais là dans le désert démuni de la moindre des choses, il écrira sur son Log book.
Titus Polidori retrouve Bill 29 ans plus tard, en passant par le plus grand des hasards à cet endroit alors qu’il remontait du sud et que le désert mettait sur sa route une zone de fech-fech, il prit la direction de l’Est pour rejoindre la grande piste. Ses hommes en avaient assez de cette virée dans ce Tanezrouft redouté par tous, ils avaient hâte de reprendre la piste vers Bordj Pérez.
Titus grand amateur d’archéologie locale profitait de ces raids pour rechercher sans cesse les traces de vie, impensable dans cette région si éloignée d’une quelconque présence humaine.
Il avait quelque part raison et son expérience du terrain lui avait déjà permit quelques succès en ce sens. De nombreuses preuves des traces de l’homme étaient parsemées ça et là dans ce Sahara qui a toujours interpellé…
Jean-Charles Humbert dans son livre : « SAHARA, les traces de l’homme », a su en témoigner de la façon la plus remarquable.

http://www.3emegroupedetransport.com/POLIDORITitusa.htm

Titus, en ce mois de février 1962, venait de retrouver celui qui avait fait déjà les manchettes de la presse internationale 30 ans plus tôt lors du célèbre procès de Miami. Et alors que le Capitaine Lancaster avait échappé de justesse à la condamnation, il faisait à nouveau parler de lui en ce mois d’avril 1933 après avoir disparu corps et biens, laissant derrière cette disparition une interrogation de 29 ans.
Titus, comprenant de suite qu’il s’agissait d’un évènement hors de l’ordinaire, s’empressa d’aller chercher de l’aide auprès de géologues aperçus plus tôt en remontant la piste. Son objectif étant de retrouver à ce moment la balise « SIGNAL DU TANEZROUFT » qui se situait plus à l’ouest.
En réalité Titus ne retrouva pas le fameux signal du Tanezrouft, qu’il mentionne malgré tout sur sa carte. Sans doute que ce point balisé dans la nuit des temps n’était qu’un amoncellement de quelques grosses pierres se confondant désormais avec une nature aussi ingrate que redoutable, balise, dont la situation géographique n’apparaissait dorénavant que sur des cartes d’état-major de l’époque.

 



La Carcasse du Southern Cross Minor fut par contre bien visible et marquait physiquement l’endroit où le Tanezrouft avait enseveli Bill.

 

La découverte de la momie de Bill puis des documents qu’il avait voulu préserver le plus soigneusement marqua profondément l’esprit des hommes du Groupe Saharien Motorisé du Touat, loin d’imaginer une telle découverte.
L’analyse rapide des documents avec l’aide des géologues qui s’étaient déplacés sur le site levait le voile de la disparition du pilote anglais perdu au cours de sa traversée du désert dans cette quête de vouloir battre le record Londres >>> Le Cap détenu par Amy Johnson Mollison depuis novembre 1932.

Le Capitaine William Newton Lancaster avait présumé de ses forces et son décollage incertain de Reggan démontrait la grande fatigue du pilote qui savait déjà que le combat était perdu et qu’il ne pourrait pas être au rendez-vous de la gloire en battant le record dont il avait tant besoin pour retrouver cette notoriété abîmée par l’invraisemblable fait divers du décès de Haden Clarke.
Malgré tout Bill s’engagea dans cette course du temps, à l’encontre de toutes les recommandations qui lui avaient été faites tant à Oran qu’à Reggan. Il savait qu’en cas de « pépin », les français, comme il disait, viendraient le rechercher… Prémonition ? Ce fut pourtant vrai, mais 29 ans plus tard !
L’Adjudant Polidori après avoir fait le nécessaire (par radio) auprès de sa hiérarchie reprenait dès le lendemain matin la route de Bordj Pérez laissant tout ou presque (…) sur place aux bons soins de la Gendarmerie déjà en route vers le point crash.
Mon ami Louis Masclet faisait partie du peloton de Titus et nous avons pu échanger un maximum sur ces faits (autant que la mémoire de ces évènements de plus de 50 ans puisse le faire).
Les instructions avaient été donné d’Adrar, le Lieutenant Moppert avait indiqué à la Brigade de Gendarmerie de Reggan d’intervenir sur les lieux du crash pour faire l’enquête adéquat, rapatrier la momie de Bill et tous les éléments possibles et utiles pour que cette affaire soit « bouclée » au mieux.
Pierre OTT faisait partie de cette patrouille composée de Gendarmes d’Adrar et de Reggan, plus de l’Aspirant Bodin venu également d’Adrar pour faire les premiers constats en tant que médecin.
Pierre m’a dit que l’ordre venu d’Adrar intimait à la Brigade de Reggan Palmeraie :
« Vous avez un accident d’avion sur votre circonscription et vous ne bougez pas ».
Encore aurait-il fallut que cette information fût arrivée à ce moment à la Brigade de Reggan. Le MdL Paul Bretez commandant la Brigade prépara aussitôt le départ du peloton en direction du point crash.



Arrêt casse-croûte au Pk250
De gauche à droite : L’Aspirant Médecin Bodin du GSMT d’Adrar,
les gendarmes Villars Lesné et Bernard Supligeau d’Adrar
et le Gendarme Pierre Ott de Reggan.

Dès le lendemain de la découverte du SCM, en fin de matinée les Gendarmes étaient à pied d’œuvre. Ce fut Pierre lui-même qui déplaça la dépouille mortelle de l’infortuné pilote pour le déposer sur une tôle à sable dépliée pour l’occasion à 90° sur le côté droit du Dodge 4x4. Puis le peloton après avoir terminé les investigations, reprit la route vers Reggan.

http://www.3emegroupedetransport.com/Chronologie.htm

Bill avait pris soin de protéger ses documents dans une valisette aluminium accrochée solidement à une aile du SCM.
Louis eu lui-même cette petite valise en mains et il me dit dès nos premiers contacts que dans cette valise, il avait été retrouvée une chaussure de femme style ballerine, sans doute un souvenir de Chubbie emportée par Bill au gré de ce voyage marquant ainsi un contact physique avec celle qui l’attendrait.
Étonnant, personne n’avait jamais parlé de ça.

Au cours du voyage de retour, l’Aspirant Bodin avait traduit à la volée les quelques cinquante pages du Log-book aussitôt consignées dans le procès verbal de Gendarmerie établi par Pierre OTT.
Après le décodage du texte en anglais par les géologues venus à la rescousse de Titus Polidori, c’était la seconde lecture des documents de Bill.
À l’arrivée à Reggan, les documents furent aussitôt confiés (vraisemblablement par Jean Aubry Commandant la Gendarmerie du Sahara et basé à Reggan-Plateau Ndlr), à son ami l’Intendant de 1ère classe Charles Mélin, spécialiste de langue anglaise et dont la compétence en la matière n’était plus à démontrer.

Nota : Je voudrais dire ici, que les documents de Bill, qui avaient séjournés tant d’années dans le désert, accrochés à l’aile du Southern Cross Minor, avaient pour partie commencés à s’effacer et qu’il fallut la réelle compétence de l’Intendant Mélin pour déchiffrer et traduire en quelques heures les 52 pages du Log book.
Je pris connaissance de cette traduction lors de la rédaction de « Un Papillon dans le Désert », grâce à la gentillesse de Madame veuve Mélin et d’Annick Brun Mélin sa fille qui me firent parvenir le résultat du travail de traduction du Colonel Mélin.
Charles Mélin fut tellement troublé par ce document venant directement de « l’au-delà » que son émotion était toujours à son comble lorsqu’il évoqua à plusieurs reprises au cours de conférences du Rotary Club, la tragique destinée du Capitaine Lancaster.


Lors des évènements de février 1962, il s’était rendu sur le site du crash vraisemblablement pour toucher de plus près aux derniers instants de Bill figés dans cette « désertitude » du Tanezrouft. Il y avait même bivouaqué m’avait confié son épouse.
Lui, qui avait traduit les documents du pilote dans la nuit qui suivi le retour des Gendarmes fut tellement imprégné de l’esprit de Bill, eut la bonne fortune de retrouver le crayon du pilote. Ce crayon qui avait servi à noter les pensées pendant les huit derniers jours de survie, que le désert avait accordé au Capitaine Lancaster.
Ce crayon, Charles Mélin le plaça dans un petit reliquaire avec quelques petits os (orteils Ndlr) qui s’étaient détachés d’un pied de la momie et qu’il avait également retrouvé. À sa demande, il emporta ce reliquaire dans l’au-là où probablement il retrouverait Bill…

L’ensemble des documents du Capitaine William Newton Lancaster fut ensuite expédié par la Gendarmerie à Monsieur ROY préfet de la Saoura (basé à Colomb-Béchar). Ensuite les documents furent envoyés au consul de Grande-Bretagne via le procureur de Mascara. Victor Jacops en a témoigné sur un courrier qu’il m’avait adressé en septembre 2008.
René Gonzalez jeune gendarme à Colomb Béchar, m’avait également dit qu’il s’était occupé d’un gros dossier concernant l’affaire Lancaster dont il avait été chargé de faire des « ronéo ».
Quant à François Moppert, il avait bien noté sur son agenda, le départ des documents et leur arrivée au destinataire. (J’avais reporté cette information dans Chronologie…).

Les documents de Bill furent ensuite envoyés à Chubbie qui les reçut par l’intermédiaire de son avoué. Chubbie avait donc consulté les derniers écrits de Bill 29 ans après sa disparition.
(Chubbie Miller avait épousé en 1936 le lieutenant John Pugh un pilote de la British Airways).

Les droits des documents furent revendus à la presse internationale.
Paris Match en novembre 1962 avait publié l’histoire sur trois exemplaires, sous le titre :
COMMENT JE SUIS MORT, IL Y A 29 ANS DANS LE DÉSERT.
J’avais d’ailleurs consulté ces magazines à mon arrivée à Reggan en avril 1963.
J’ai pu me les procurer par la suite.
La presse anglaise avait également publié sans modération de nombreux articles sur la tragédie de Bill.

La vente, des droits à la presse du Log Book et du Fuel Book de Bill, permit à la famille Pugh d’acheter une maison en Espagne où Chubbie et son mari résidaient régulièrement. Ceci pour dire qu’au décès de Chubbie en 1972, les documents de Bill restèrent dans la succession Pugh.
Dommage que John Pugh n’ait pas eu l’idée à ce moment de faire parvenir ces documents à Nina. Les papiers de Bill semblent être actuellement dans le coffre d’une banque londonienne appartenant à la famille de John Pugh.
Pourrons-nous un jour les consulter, à priori rien n’interdit de l’imaginer.

Nota : Concernant cette information, après avoir contacté Graham, Andrew et Debbie, j’ai reçu la réponse qui suit.
L’incertitude de retrouver les documents de Bill devient plus douteuse, toutefois il ne faut jamais désespérer et surtout toujours maintenir les recherches.

Hi Alain

Bonne année ! Juste pour te faire part que John Pugh n'avait pas de fils mais s'est marié une deuxième fois après le décès de Chubbie. Sa deuxième femme s’appelait Ann mais nous ne savons rien de plus d'elle. Elle a hérité de Pugh je pense mais nous ne savons pas ce qui est arrivé après cela. Nous ne savons pas quel âge elle avait et si elle avait des enfants. Le journal de bord était à un moment déposé dans une banque conservé dans un coffre-fort, mais il n'y a maintenant plus aucune trace de cela. Nous avons eu des difficultés pour découvrir ce qui est arrivé au journal de bord. Désolé de ne pas pouvoir t’apporter plus d'aide. Très bons voeux 2014.
Debbie


Ralph Barker auteur de « VERDICT ON A LOST FLYER… The Story of Bill Lancaster » publié en 1969, (seul livre qui à mon sens dit l’exacte vérité sur la tragique histoire de Bill), reprend dans son ouvrage le texte « ad litteram » plus quelques photos des pages du Log Book.

Pour ma part j’ai essayé de retrouver un maximum de copies de pages du carnet de vol de Bill. Je vous les présente ci-après dans l’attente de la totalité (il faut savoir rêver !)

LES PAGES DU LOG BOOK

Le mardi 13 avril 1933 5 a.m.

Bill avait fait le point sur l’endroit de son crash, remerciant Dieu de s’en être sorti au meilleur compte.
Puis il essaie d’imaginer sa position

Here is what I make of my position

Voici ce que je pense de ma position

Page du 13 avril 1933 3.00 p.m.

The vulture has gone for which I am grateful, so too have the others birds.
3.30 p.m. I am buoyed up with the hope that Chubbie may do something. I don’t know how she can do anything, but I seem to have faith in her arousing interest anyway. She said she would the last time I saw the little darling.
4.15 p.m. I have an idea I am going to get dizzy and stupid spells so I must write as much as possible in the beginning (in case I am not able to write a final entry).

Le vautour est parti je suis reconnaissant de ça, les autres oiseaux sont également partis.
3.30 de l'après-midi. Je suis habité au plus de l'espoir que Chubbie puisse faire quelque chose. Je ne sais pas comment et ce qu’elle peut faire, mais je pense que son intérêt va se réveiller de toute façon. Elle a dit qu'elle le ferait la dernière fois que j'ai vu la petite chérie.
4.15 de l'après-midi. J'ai une idée je vais avoir des moments de vertige et d’aberration donc je dois écrire autant que possible depuis le début (dans le cas où je ne pourrai pas écrire à la fin).

Document source communiqué par : Graham Powell … Traduction : Alain BROCHARD Novembre 2012.

Page du 13 avril 1933 5.15 p.m.

 



‘‘People who’’ haven’t been in the desert have no real idea of thirst. “It’s hell” gat. I did not realise it until this moment. It drives a man mad. I have not experience a tenth of what agony I must endure to survive this.
Please come out soon. Zero hour is 6.00 p.m. Another 40 minutes then step on it boys. I hope you bring some water.
6.30. p.m. Zero hour has begun and a car has started down the track from Reggan about 150 miles away. I will light the fire at 10.30 and flares from then on at half-hour intervals. Am a bit low. Lost a lot of blood. Could not resist a pick-me-up “of spirits off ammonia and half-pint water.”

« Les gens qui » n'ont pas été dans le désert n'ont aucune idée réelle de ce que peut être la soif. « C'est la porte de l'enfer » je ne l'ai pas réalisé jusqu'à ce moment. Cela rend un homme fou. Je n'ai pas d'expérience j’ai subi un dixième peut-être de l'agonie que je dois endurer pour en réchapper.
S'il vous plaît sortez bientôt. L'heure H est 6.00 de l'après-midi. 40 minutes encore et les garçons vont y aller. J'espère que vous apporterez de l'eau.
6.30. de l'après-midi. L'heure H a commencé et une voiture est partie sur la piste de Reggan à environ 150 miles d’ici. J'allumerai le feu à 10.30 et des torches de signalisation à des intervalles d’une demi-heure. Je me sens un peu abattu. J’ai perdu beaucoup de sang. Je ne peux pas résister à un remontant « d'alcool et d’une demie pinte d'eau».

Document source communiqué par : Graham POWELL…. Traduction : Alain BROCHARD Janvier 2013


Page du 14 avril 1933 9.00 a.m.


Sur ce dessin, Bill explique de quelle manière il avait fabriqué des torches à l’aide de bandes de toile roulée récupérée sur l’avion, de morceaux de haubans qu’il enflammait et maintenait en l’air pendant plusieurs minutes pour se signaler, espérant que cette torche serait aperçue au loin.


Puis il continuait à écrire …

 


If machines are sent out from Reggan to-morrow I should be found alive. My thoughts have been of those near and dear to me this morning. I send them my loving thoughts and expressions of endearment. Oh Chubbie my darling, shall I ever see you again? Sweet little mother, for your first-born’s sake, take Chubbie to your heart and guide her in the right direction if I die. For if I live I swear this will be my only occupation except for such duties as I must perform for our support. Poor old Southern Cross Minor.

Si des machines sont envoyées de Reggan demain je devrais être retrouvé vivant. Mes pensées ce matin ont été près de ceux qui me sont chers. Je leur envoie mes pensées affectueuses et l’expression de mon affection. Oh Chubbie ma chérie, vous reverrai-je un jour ? Douce petite mère, pour l'amour de votre premier-né, prends Chubbie près de ton coeur et guides-la dans la bonne direction si je meurs. Car si je vis je jure qu’elle sera ma seule occupation à part les devoirs à accomplir pour notre subsistance. Pauvre vieux Southern Cross Minor.


Document source communiqué par : Graham Powell …Traduction : Alain BROCHARD Janvier 2013

Page du samedi 15 avril 1933


The hours from 11 a.m. to 4.30 p.m. are the dreaded ones. The heat of the sun is appalling. That I shall be ill after this even if found is inevitable. But I don’t mind as long as I can get water. That is my constant craving WATER

Sunday April 16 th
6.10 a.m. Fourth day commences. Wind has died down. All yesterday afternoon there was a strong
Wind and sandstorms. All I could do was to completely cover my head with my shirt and lie in the shelter
of a wing.

Les heures de 11 heures du matin à 4h30 de l'après-midi sont les plus redoutables. La chaleur du soleil est épouvantable. Que je sois malade après cela même si je suis retrouvé est inévitable. Mais peu importe tant que j’ai de l'eau. C'est mon envie irrésistible et permanente

L'EAU

Dimanche, le 16 avril th
6h10 du matin. Le quatrième jour commence. Le vent s'est apaisé. Tout hier après-midi il y eu de forts vents et tempêtes de sable. Tout que je pouvais faire était de complètement me couvrir la tête avec ma chemise et me mettre à l'abri d'une aile.

Document source : Ralph Barker … Traduction : Alain BROCHARD Décembre 2013

Page du 16 avril (1933) !

(I shall drink water for every) meal if I ever get out of this. No more smoking. I have not missed cigarettes a bit!
As I said before this morning I am quite clear in the head. I feel weak, so weak, in the body. It is shrivelling up around my stomach and ribs.
Chubbie my sweetheart, and mother my best friend, and father my pal, do not grieve, I have only myself to blame for everything. That foolish, headstrong self of me.
Life after all is only just a very short span in the scheme of things. I wish I had done more good in my time that’s all.
There is still hope but I want to (get my last message right).

(Je boirai de l'eau à chaque) repas si jamais j'en sors. Je ne fumerai plus. Je n'ai même pas un peu manqué de cigarettes !
Comme je l'ai dit déjà ce matin je suis tout à fait clair dans ma tête. Je me sens faible, si faible, dans mon corps. Il se ratatine autour de mon estomac et de mes côtes.
Chubbie ma bien-aimée et mère ma meilleure amie et père mon copain, n’ayez pas de peine, je suis le seul à blâmer pour tout. Cette folie d’être aussi entêté.
La vie est après tout juste un laps de temps très court dans le plan des choses. Je regrette de ne pas avoir fait plus de bien pendant mon temps (de vie Ndt) c'est tout.
Il y a toujours de l'espoir mais je veux (que mon dernier message soit correct).

Document source communiqué par : Graham Powell … Traduction : Alain BROCHARD Novembre 2012


Page du 19 avril 1933, le 7ème jour !


The SEVENTH DAY April 19th 1933
The last day of a weck in the middle of the Sahara Desert with a crashed light plane and a can of water.
Chubbie darling I have stuck to my guns re sticking by the ship and I have stayed the course for a week anyway. Of course, the wounds impeded somewhat.
Now my water will give out today. It cannot be made to last longer. It is then just a matter of a few hours and please God a quick end.
As this is the last entry I want to say a few words more to all who are dear to me. I have just lain and thought and tried to see all sides of any point. Chubbie give up flying (you won’t make any money at is now).

LE SEPTIÈME JOUR le 19 avril 1933
Le dernier jour d'une semaine au milieu du Désert du Sahara avec un avion léger crashé et un bidon d'eau.
Chubbie chérie j'ai respecté mes engagements et je suis resté collé à l’appareil et je suis resté là pendant une semaine de toute façon. Bien sûr, les blessures m’ont gêné quelque peu.
Maintenant mon eau s'épuisera aujourd'hui. Il ne peut pas être possible de durer plus longtemps. C'est alors juste une question de quelques heures et s'il vous plaît mon Dieu (donnez-moi Ndt) une fin rapide.
Comme ceux-ci sont les derniers, je veux dire quelques mots de plus à tous ceux qui me sont chers. Je viens juste de me mettre à réfléchir et j’ai pensé et j’ai essayé de voir les différents aspects de chaque point.
Chubbie renonce à voler (tu ne n’y gagneras pas d'argent maintenant).

Document source : Ralph Barker Traduction : Alain Brochard Novembre 2012


Dernières lignes …


The chin is up right to the last I hope. Am now tying this up in fabric will write anything else on strips and push inside wire which will blind the fabric.
Goodbye, Bill.

Je garderai la tête haute jusqu’à la fin, je l’espère. Maintenant j’attache cela dans la toile, j’écrirai le reste sur des bouts de toile et les glisserai sous le fil de fer qui maintiendra la toile.
Goodbye, Bill

Source : Ralph Barker Traduction : Alain Brochard Janvier 2014

Ensuite, le huitième jour 20 avril, Bill écrira à nouveau sur son Shell Fuel Card…


So the beginning of the eight day has dawned. It is still cool. I have no water. I am waiting patiently. Come soon please. Fever wracked me last night.

Donc l’aube du huitième jour est arrivée. Il fait toujours froid. Je n'ai plus d’eau. J'attends patiemment. Venez bientôt s’il vous plait. La fièvre m'a démoli la nuit dernière.

PS : Cette traduction est représentative de la copie de cette page du Fuel Book.
Le texte n’est pas complet.

Source : Ralph Barker Traduction : Alain Brochard Janvier 2014

Je vous recommanderais de relire la totalité des écrits de Bill pendant ses huit jours d’agonie au travers de la traduction de Charles Mélin :
http://www.3emegroupedetransport.com/Papillondansledesert103.htm

À moins que vous ne possédiez le livre de Ralph Barker…

Je conclurai par ce texte que vous avez déjà lu quelque part…


 

Rédaction : Alain BROCHARD Janvier 2014