William LANCASTER

par Alain BROCHARD
Appelé du contingent 63/1 – Technicien radio – Base Aérienne 167

  

   Le 23 juin 1963, j’écrivais à mes parents :
– « Aujourd’hui, nous avons également été, sur la tombe de LANCASTER, l’aviateur anglais que l’on a retrouvé l’année dernière dans le désert près de Reggan, à 300 Kms je crois et qui était resté 30 ans ainsi à sécher au soleil, vous en avez sûrement entendu parler. Paris-Match a fait un reportage il y a 6 mois au plus. »
      Effectivement ce dimanche après-midi, lors d’une ballade à Reggan-Ville, guidé par un ancien (il était arrivé sur la base six mois avant), nous étions allés sur cette tombe.
Ce camarade journaliste en place à Reggan pour raison disciplinaire, (j’appris d’ailleurs à l’occasion, sans en avoir rien vu, que sur cette base étaient « expédiés » quelques fortes têtes). Qu’en était-il exactement ?
Ce copain plus âgé (dont malheureusement j’ai oublié le nom) était sursitaire et de par son métier, à l’affût de tout. Il nous parla donc de ce pilote, Paris-Match en main.
       Lorsque je me mis à écrire quelques anecdotes de ma vie, je me suis dit que Reggan, avait été un temps de vie qu’il ne fallait pas oublier. J’ai donc recherché certainement comme vous tous, les photos réalisées là-bas. La chance voulue que j’en retrouve une bonne partie ainsi que plusieurs documents et mes courriers soigneusement conservés par ma mère. Le but étant de dire ce qu’il y avait derrière toutes ces images plus ou moins en bon état, mais non « décodables » pour ceux qui n’avaient pas fait le voyage !
       Je me suis donc lancé dans la rédaction d’un document qui ne sera sans doute jamais terminé, car les documents que vous avez la gentillesse de faire connaître sont un plus tous les jours pour ce mémoire dont le titre sera très certainement : RETOUR AU SAHARA, direction >>> REGGAN. Document rédigé à titre exclusivement personnel.
Évidemment, je me suis souvenu de WB LANCASTER et le Net oblige, j’ai commencé mes recherches, découvrant le livre de Sylvain ESTIBAL que j’ai lu avec le plus grand plaisir. Et, même romancé, l’auteur nous met en situation sur ce que fût la tragédie d’un homme perdu au fin fond du Tanezrouft après le crash de son avion.
Ce fait divers m’avait interpellé à l’époque et je ne pouvais pas passer sous silence, la fin de vie de quelqu’un qui malgré toute la désespérance qu’il avait, a su montrer à tous que même si l’issue ne pouvait être que « la dernière traversée », il n’etait pas question de se laisser abattre, mais qu’il fallait au contraire y croire, parce que demain le soleil se lèverait sans doute encore !
Se résigner, se plaindre souvent, pour peu de choses, n’apportent en aucune façon la solution au problème vécu. C’est ce qu’a su nous dire W.B LANCASTER à travers ses écrits pour sa mère et sa fiancée.
Triste fin de vie dirons certains, pas sûr ! Cet aviateur voulait, je pense, à la fois se prouver, en démontrant à travers l’exploit de battre le record du raid aérien « LONDRES – LE CAP », (détenu l’année précédente par Amy JOHNSON en 4 jours 6 heures et 54 minutes), faire oublier le triste épisode du procès qu’on lui avait fait l’année précédente aux États-Unis. Il fût en effet suspecté d’avoir assassiné Haydon CLARKE, le fiancé à l’époque de Keith MILLER « Chubbie » et prouver à son entourage, qu’il était quelqu’un d’autre qu’un vulgaire malfrat !
Là encore LANCASTER montrait une volonté forte, ne voulant pas se laisser abattre, en voulant faire oublier ce fait divers. Il souhaitait ainsi redonner au monde l’image de celui qu’il était véritablement. Par sa mort dans le désert à quelques 250 Kms au Sud de Reggan, il a réussi ce pari, nous montrant à tous, une volonté à toute épreuve, celle de ne pas abandonner, celle de vouloir vivre à tout prix !
J’ai donc passé du temps à rechercher tout ce qui pouvait avoir été écrit sur l’aventure de ce pionnier qui entre Christophe Colomb et Gagarine (sans oublier les autres), écrivent une page de l’histoire de notre vie.

Mes recherches m’ont bien entendu conduit à poser la question à Michel, recherchant, une photo de la tombe de LANCASTER que je situais de mémoire à la sortie de Reggan-Ville sur la piste d’Adrar.
Michel se trouvant impliqué dans cette recherche, m’a fait parvenir le document du lieutenant MOPPERT *, enrichissant ainsi le chapitre de mon document sur cette affaire.

Les recherches continuent, plusieurs points peuvent être intéressants :
– Trouver une photo de la tombe de Lancaster à Reggan à l’époque.
– Est-il toujours inhumé là-bas, sachant que la carcasse de son avion récupérée en 1975, se trouverait au Queensland Muséum à Brisban. Photo ?
– Une stèle aurait-elle été posée dans le désert à l’endroit du crash ? Photo ?
– Sylvain ESTIBAL écrit dans son ouvrage « Le dernier vol de LANCASTER », que le pilote aurait eu les honneurs militaires le 15 Février à la base de Reggan en tant qu’ancien pilote de la Royal Air Force.
Il existe peut-être des témoignages ou documents sur cette cérémonie ?
– Une copie du « rapport original » signé de l’adjudant POLIDORI, qui avait retrouvé l’aviateur, serait un plus.

Toutes ces questions sont sans doute utopiques, mais pourquoi ne pas les poser ?

La mise en forme de toutes ces recherches, synthétisées sur le site grâce au savoir-faire de Michel pourrait être un hommage de la part de tous « les tringlots » passés à Reggan, à un homme qui n’a pas eu peur de se battre jusqu’au bout, y compris contre lui-même !

Merci à tous d’avoir eu la patience de me lire !

N’hésitez pas à nous contacter, y compris pour des questions, si le sujet vous a intéressé.

*  TANEZROUFT désert de la soif

 

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