Kézako une station Télétype ?




       Faisant suite à mon récit relatif à mon séjour à Reggan au cours des années 1962-1963, je voudrais donner quelques informations complémentaires concernant ma fonction de responsable d’une station télétype.

       Tel est le terme que nous utilisions dans l’armée de l’air mais le mot exact est téléimprimeur. Il s’agissait en fait de matériels de la société Sagem équipant en grande partie les multiples unités spécialisées de l’armée de l’air. Allez, faisons un peu d’historique pour rajeunir :

      À la tête de nos stations, il y avait le Commandement des Transmissions de l’armée de l’air (C.T.A.A.) basé à Villacoublay. Existe-t-il encore ? Les sections de Transmission de Base (S.T.B.) dépendaient donc pour leur fonctionnement spécifique de cet organisme mais, demeuraient en fait sous l’autorité du bureau des transmissions d’une région et plus localement du Commandant de la Base aérienne. Un peu simpliste cet organigramme mais raccourcissons pour ne pas trop embrouiller le lecteur.

       La S.T.B. de Reggan dont je faisais partie, se divisait en fait en plusieurs services. Nous avions à sa tête le Commandant d’unité et son secrétariat. Ensuite, d’une part les services de maintenance technique et la station émission et d’autre part les services d’exploitation comprenant un central téléphonique, une station radio, une station télétype et un service de régulation chargé du « dispatching » arrivé et départ des messages auquel était associé le bureau de chiffre pour le plus confidentiel. Disons que les appelés du contingent formés spécifiquement à cette mission avant leur affectation en unités constituaient pour la plupart la « main-d’œuvre » du fonctionnement de chaque service. Tout au moins pour la partie exploitation.

       Pour ma part, instruit comme jeune opérateur certifié à l’école Air de Châteauroux juste avant l’arrivée des américains, j’effectuais par la suite, conjointement à la pratique sur le terrain, un complément théorique plus pointu en école des transmissions telles que Toulouse pour le brevet élémentaire et, nécessité de polyvalence, Le Bourget du Lac pour le brevet supérieur de la spécialité, bien entendu. Petit plus malicieux pour ce dernier stage, nous n’étions pas loin d’Aix-les-Bains et nos soirées ne manquaient pas de piquants au « Happy Day », boite de nuit face au casino, avec quelques curistes de passage mais chut !... Je n’ai rien dit à mon épouse.

       Les « mécanos » étaient formés pour leur part à Étampes, Auxerre et Rochefort aujourd’hui. Certains provenant d’ailleurs de l’école des arpettes de la Base de Saintes. Tel se situait mon déroulement de carrière à mon arrivée à Reggan pour ce qui concerne la spécialité avec en plus celle de chiffreur. Le grade conjuguant en osmose notre réussite ou non aux divers examens de sortie. Le cadre de maîtrise et le grade de major s’ajoutant par la suite à ce cheminement de carrière après les événements de mai 68.

       Concernant la liaison avec la France, il me souvient qu’elle se faisait par B.L.U. mais là s’arrête ma capacité d’explication. Notre matériel d’exploitation se composait donc de téléimprimeurs Sagem comprenant un clavier de dactylographie conjugué d’une perforeuse de bande continue à cinq trous. Bande que nous reprenions ensuite pour la placer dans un transmetteur également Sagem. Nous n’étions pas toujours reliés en direct si bien que nos messages arrivaient dans un centre principal lequel les répercutait dans la bonne direction.

       Par la suite ce procédé a été remplacé par un Centre semi-automatique situé à Dijon, caserne Kriens, où j’ai été muté à mon retour d’Algérie puis par un Centre totalement automatique. Il est évident qu’avec l’arrivée de l’informatique et d’Internet, tout ce fonctionnement peut paraître désuet de nos jours mais on ne peut pas nier son utilité et son efficacité opérationnelle pendant une très longue période.

       En fin de parcours, je quittais les transmissions de l’armée de l’air dont je gardais de merveilleux souvenirs et franchissais le Rubicon en tant qu’officier de réserve pour assumer la direction de la préparation militaire, région Limousin et de Centres de vacances de l’I.G.S.A.A dont celui notamment du fort des Saumonards à l’Île d’Oléron.

       Un nouvel azimut très tonique fait de raids en haute montagne dont la traversée des Pyrénées, courses diverses, traîneau à chiens en Laponie, parapente pour lequel je n’étais pas très doué, me tendait les bras et j’y allais d’un bon pied jusqu’à ma seconde retraite, si j’ose dire.

      À présent, catalyseur responsable d’un groupe multisports et loisirs et publiant quelques récits rieurs et contes d’enfants, par ci, par là, il est possible, pour ceux désirant suivre mon parcours civil d’inscrire tout simplement mon prénom et nom sur Google. Vivant donc désormais sur une autre planète nous avons la télé, le portable et j’en passe et nous sommes donc à cent lieues de notre cheminement télétype « à la papa » mais nous avions 20 ou 30 ans. Ceci valait bien largement cela…

      « Cha ch’est vrai, dirait la mère Denis en conclusion » !

Raymond Mascarell

 


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