Je me souviens...

Mission rapide Reggan-Béchar

 

Salut les Sahariens,

Afin de raccourcir les durées de trajet entre Reggan et Béchar, qui, je le rappelle, s’élèvent à 4 jours pour un aller-retour, le Commandement demande au 3ème GT d’expérimenter une mission dont le trajet s’effectuerait de nuit, sans gîte d’étape, mais avec haltes techniques classiques, soit toutes les 2 heures.
C’est ainsi que vers le mois de mars ou avril 1965, je suis désigné comme chef de mission qui comprend une demi-douzaine de GBO, une Gazelle lot 7, armée par l’ami Alain CHUETTE. Pour cette mission, je prends place à bord d’une Gazelle radio.
Le départ est fixé dès la tombée de la nuit et nous prenons la piste.
C’est la première fois que je roule de nuit sur les pistes sahariennes et je dois dire que je ne suis pas à l’aise.
La puissance d’éclairage des phares de la Gazelle n’est pas formidable et il très difficile d’éviter les gros trous de la piste.
Inutile de vous dire que nous sommes secoués comme dans un panier à salade !!
Vivement l’arrivée à Kerzaz où nous pourrons rouler sur la route goudronnée.
Malgré tout, le voyage aller se passe sans encombre et le convoi arrive à Béchar dans la matinée.
Par contre, je ne me souviens plus combien de jours nous sommes restés à Béchar avant de reprendre la route, toujours de nuit pour revenir à Reggan.
C’est lors de ce voyage retour que ma Gazelle est tombée en panne.
Il a fallu toute l’ingéniosité d’Alain CHUETTE pour la dépanner (il vous expliquera cela mieux que moi).
Arrivée à Reggan dans la matinée, nous avons rendu compte de notre mission en exposant surtout les difficultés de la conduite de nuit sur piste.
En conclusion, je n’ai pas souvenir que ce genre de mission ai été reconduite.
Amitiés sahariennes.

Jean-Claude MOUROT (ancien du P2 de la 1ère Cie)
19 avril 2011

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Bonjour à tous,
Salut Jean Claude,

Cette mission a eu lieu fin avril 1965. J’étais un tringlot tout neuf au 3ème G T.
Pourquoi est-ce moi qui aie été désigné, je ne saurais jamais. Inutile de vous dire que je suis parti dans ce convoi avec une certaine appréhension.
La plupart des chauffeurs étaient des « anciens » et je crois, en terme clair, qu’ils n’avaient pas confiance au bleu que j’étais, et de plus je n’appartenais pas à une compagnie.
Au Bordj René Estienne, nous étions quand même un peu isolés pour avoir des contacts avec les autres gars.
Ce fut ma première mission, la seule de nuit.
Comme le précise Jean-Claude, c’était un essai, qui ne fut pas concluant, à ma connaissance il n’y a plus jamais eu de mission de ce genre. Rouler sur les pistes de nuit, ce n’est pas simple pour celui qui se trouve en tête du convoi à cause de la visibilité, mais imaginez vous être le dernier… Et en cas de problèmes, dépanner à la lueur des phares, ce n’est pas chose facile !
Moi qui ne connaissais pas la route Reggan – Béchar, quand j’ai posé les roues du GBC sur le goudron, je ne savais pas combien de temps ça allait durer, mais j’étais content.
Le trajet aller s’est déroulé sans problèmes mécaniques particuliers.
Au retour deux incidents, le premier un tuyau d’injecteur percé à cause d’un frottement dû à une fixation qui s’est rompue. Remplacement du tuyau, une petite purge en desserrant toutes les arrivées aux injecteurs pour chasser l’air et nous sommes repartis.
Le second, c’est le GBC de Jean Claude qui nous a joué un petit tour : arrêt du moteur !
Vérification : en entrée de pompe d’injection, pas de gas-oil, déduction : pompe d’alimentation H S. Dans ce cas, la seule solution si on ne veut pas rentrer avec le véhicule en triangle *, c’est de le mettre en « charge », c’est-à-dire de mettre un récipient (fût, bidon…), plus haut que la pompe d’injection et de se raccorder en direct, c’est le principe des vases communicants. (Je schématise, c’est un peu plus compliqué car il y a une petite intervention à faire sur la pompe d’injection).
Nous nous sommes arrêtés deux fois pour remplir le bidon, mais le camion est rentré moteur en marche.
Par la suite j’ai appris qu’il y avait un point d’honneur à rentrer dans les compagnies sans avoir un seul camion en triangle.
Ma deuxième mission, j’ai refais ce trajet de jour, j’ai nettement apprécié, j’ai pu éviter quelques trous !

* Triangle, système de remorquage : deux points d’accrochage sur le véhicule tracté, un seul sur le véhicule tracteur.

Amicalement

Alain CHUETTE

21 avril 2011

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Salut les Sahariens,

Vous avez eu de la chance d’avoir du goudron jusqu’à Kerzaz. De mon temps toutes les missions s’effectuaient de nuit et il n’y avait pas de goudron juste avant Saïda. Par la suite, avec les mines nous avons roulé de jour mais c’est vrai que, la nuit, on perd vite la piste, surtout après l’oued El-Ma, avant Tindouf. Malgré tout, que de bons souvenirs définitivement ancrés dans ma mémoire.
Amicalement

René GALLANI
22 avril 2011