Jean PETIT
Chef de Bataillon
État-major du 19ème Corps d’Armée

 

Mission dans les Territoires de TOUGGOURT et des OASIS

 

           À 15 h, une prise d’armes dans l’avenue centrale réunit face à face le Détachement Sénégalais et les Sahariens de la garnison. Après s’être rendu mutuellement les honneurs, les deux détachements se mettent en colonne et prennent du champ pour venir ensuite défiler impeccablement devant les deux Monuments Foucauld – Laperrine, au pied desquels tous les officiers se sont alignés. En tête les noirs vêtus de kaki, suivis des sahariens vêtus de blanc, passent dans un ordre impressionnant en faisant « Tête gauche ». Au-dessus de nos têtes un avion de l’Escadrille qui a pris son vol tournoie en cercle et jette sur le défilé l’ombre de ses ailes. Aucun autre témoin à cette parade militaire que le groupe des officiers déjà nommé. C’est en toute intimité, un geste vraiment symbolique auquel nous assistons. La mère patrie si lointaine, peut être fière de ses enfants qui réalisent aujourd’hui la soudure étroite de deux morceaux de son immense empire africain. Une telle cérémonie n’aura pourtant en France aucune publicité. Nous savons mal faire notre réclame et je suppose que les journaux de la Métropole ont mieux à reproduire dans leurs colonnes avec les chicanes de la politicaillerie intérieure qui nous tue, qu’avec les faits et gestes d’une poignée de soldats dont l’unique mobile est de conserver intact le patrimoine national.
           Nous achevons notre après-midi à la piscine. Car Tamanrasset possède sa piscine large et vaste. 4 d’entre nous plongent avec joie et battent le crawl. Mais l’eau, assez fraîche parait-il, ne me tente pas et je me contente d’admirer de la berge les torses ruisselants de nos amis. J’ajoute qu’à côté de la piscine, les officiers de Tamanrasset possèdent un fort beau tennis, que les boys entretiennent merveilleusement. On peut y jouer tout l’été, car l’altitude de 1 365 m conserve à Tamanrasset une fraîcheur en toute saison. Auprès du tennis des plates bandes de fleurs jettent leurs taches multicolores et des ruisselets d’eau courante circulent dans les séguias.
           Cette eau bienfaisante ne se contente pas de faire éclore des fleurs, mais elle permet encore à un joli blé vert tendre de pousser dans des petits carrés qui alternent avec les plates bandes. Cette fraîcheur de végétation extraordinaire au cœur du Hoggar m’incite à cueillir quelques spécimens destinés à servir de témoignages à ceux de mes lecteurs trop incrédules. Nous assistons au coucher du soleil du haut des murailles du bordj du Père de Foucauld. Le spectacle est magnifique. Nous admirons en silence la teinte des montagnes rocheuses qui passe, avec une rapidité telle qu’il serait impossible de fixer sur une toile, du rose au mauve puis au bleuté et au violet. Mais un tam-tam infernal nous fait descendre de notre observatoire, deux groupes compacts d’indigènes se livrent au pied du bordj à une sorte de danse frénétique appelée « Danse du bâton ». Cela consiste pour les hommes à tourner en sautant et en frappant d’un coup sec de bâton ceux qui tournent et sautent à proximité. Il y a dans tout ce mouvement et de tous ces bâtons entrechoqués quelque chose de mystérieux et d’hystérique à la fois. La cadence est rythmée par deux ou trois indigènes accroupis qui frappent sur des petits tambours. L’allure ralentit ou s’accélère au gré des danseurs, mais elle ne s’arrête jamais et dure ainsi plusieurs heures. Tous les officiers sont là pour contempler cette sorte de folie communicative, au milieu des flots d’une poussière blonde qui plane sur l’ensemble. Les femmes des maisons environnantes accourent toutes peu à peu pour venir assister au spectacle. Elles s’accroupissent sur le sol, riant et jacassant entre elles. Leur présence stimule d’avantage les danseurs qui redoublent leurs entrechats. Tard dans la nuit, revenus à la popote pour dîner, nous entendrons encore-le claquement sec des bâtons et le bruit sourd des tambourins. La « Danse du bâton » est à Tamanrasset signe de grandes réjouissances et notre présence en est peut-être aujourd’hui la cause.

          Samedi 5 mars 1938. Voici arrivé notre dernier jour à Tamanrasset. Le convoi Sénégalais est parti ce matin de bonne heure en direction du nord. Vertier part à son tour avec les deux camions Latil. Gonnet et moi serons les derniers. En effet nous rejoindrons en avion le détachement pour la halte déjeuner de midi à In Eker. Nous profitons donc de nos derniers instants à Tamanrasset pour en aspirer encore quelques bouffées. Notre 6ème jour dans ce beau pays que nous allons quitter et qui ne nous laissera que d’agréables et émouvants souvenirs. Nous allons, en attendant que les avions aient fait leur plein, faire un petit tour en dehors de l’agglomération jusqu’à l’oratoire du Père de Foucauld que je n’avais pu visiter.
            C’est dans cet ermitage que vécut le plus longtemps le Père à Tamanrasset. En réalité il eut trois résidences.
           L’Ermitage en question, situé un peu en dehors de l’agglomération de Tamanrasset, sorte de bâtiment étroit et long, remarquablement situé avec une vue fort étendue sur les montagnes lointaines.
           L’Ermitage de l’Assekrem, situé au cœur du massif du Hoggar, à proximité des Touareg, résidence d’été du Père, d’une température supportable à cause de son altitude.
           Le Bordj enfin qui fut construit pendant la guerre, au moment où l’on redoutait la venue dans le pays des Senoussistes de Tripolitaine, le bordj à la porte duquel il devait être frappé mortellement.
           Nous revenons au terrain d’aviation et après nos adieux au Lieutenant Imbard, nous prenons place à bord des avions qui vont nous conduire à ln Eker où nous devons rejoindre le convoi et nos camions. Je fais à nouveau équipage avec Duchène-Marullaz dans son Potez et Gonnet part avec Rostand dans le Caudron-Phalène. À 9 h 30 notre avion roule au sol et va prendre sa ligne de départ, puis il s’échappe pleins gaz et légèrement nous libère des entraves de la terre. Nous décrivons au-dessus de Tamanrasset un large cercle pour attendre le Caudron que nous voyons à son tour sous nos ailes filer au sol comme une flèche. Il semble avoir quelque peine à décoller et ce n’est que tout au bout du terrain que l’avion s’élève juste au dessus des éboulis rocheux en les frôlant presque. Il faut noter que l’altitude de Tamanrasset (1 365 m) rend l’air moins porteur au moment du décollage des avions et le Lieutenant Rostand qui est un fin pilote, préfère laisser son appareil s’envoler tout seul sans tirer sur le manche. Il est vrai que cela procure à Gonnet son passager une petite sensation. Bientôt nos deux avions rassemblés à même altitude mettent de conserve le cap au nord.
           Le temps est splendide et Tamanrasset s’efface bientôt derrière nous, nous laissant seuls suspendus au dessus de l’invraisemblable chaos montagneux du Hoggar dont les massifs présentent sous nos ailes l’échine rocheuse de bouleversements semblables à d’énormes bêtes apocalyptiques. À 9 h 50 nous survolons Tit à 1 700 m. À 10 h 05 nous coupons le Tropique du Cancer. À 10 h 25 c’est In Amguel, son oued et sa verdure. Nous apercevons sur la piste qui coupe l’oued 6 camions militaires arrêtés. Nous piquons à basse altitude et tournons en cercle. C’est le convoi de l’Adjudant Beauchatet de la Section Auto que nous avons vu hier à Tamanrasset et qui rejoint Djanet. Un camion change une roue et nous apercevons très nettement leurs occupants nous faire signe que tout va bien et qu’ils n’ont pas besoin de nous. Le convoi Sénégalais a de son côté probablement déjà atteint In Eker. Nous remettons les gaz et reprenons de l’altitude. Droit devant nous en direction du nord, la montagne d’In Eker dont la bosse arrondie commence à m’être familière, sert de point de direction. À 10 h 45, après avoir survolé le Bordj d’In Eker où nous apercevons les camions des sénégalais arrêtés, nous piquons vers le sol en direction du terrain à 3 km du bordj. Un tour au-dessus pour s’orienter, l’équipage Gonnet-Roustaud qui nous a précédés vient d’atterrir. À notre tour, nous touchons le sol sans secousse et roulons vers l’autre appareil ainsi que vers nos deux camions Latil auprès desquels se découpe la silhouette de Vertier.
           Sept bons camarades se retrouvent ainsi et s’installent sur le sol sans cérémonie pour le déjeuner, abrités du soleil par les ailes du Phalène. Nous expédions notre repas de conserve et buvons un exécrable pinard, mi vinaigre, mi vitriol, que l’ami Imbard, par inadvertance sans doute, nous a délivré au départ de Tamanrasset. Nous lui rédigeons aussitôt un petit « poulet », où chacun d’entre nous déploie sa verve en le gratifiant de tous les noms ! Puis c’est l’heure du départ, les deux avions vont regagner Tamanrasset avec leurs équipages habituels et tous trois Gonnet, Vertier et moi allons reprendre dans nos bons vieux Latil notre course vers le nord cette fois. Les avions décollent au-dessus de nous en rase-motte pour un dernier adieu et s’effacent aussitôt vers 11 h 50. Nos deux camions quittent le terrain, à 11 h 55 vers Arak. À 12 h 20 à proximité du carrefour des pistes Arak-Amguid, Lenert tire un coup de feu sur une gazelle. Manquée ! Vers notre droite se profile le massif de l’Assaker. On file à 60 /65 sur un reg plat et roulant. Le paysage devient monotone, puis à 13 h 20, c’est un étroit défilé dans des rochers noirs et sur fond d’oued caillouteux, parsemé d’arbres et de végétation. Nous croisons 9 chameaux conduits par deux indigènes dans la région sud de l’Adrar Tinakor. À 13 h 45 nous rattrapons le dernier camion du convoi sénégalais au pied du Tinakor. C’est un fourgon bourré de bagages couvert de poussière, où sont entassés quelques tirailleurs. Le camion est arrêté sur la piste car il a perdu un sac marin tombé en marche. Il est vite retrouvé et ramassé. À 14 h 00 nous défilons devant le massif de l’Adrar Tesnou. À 14 h 05 nous rattrapons la voiture sanitaire du convoi sur un affreux terrain dénudé et caillouteux. À 14 h 20, 13 km plus loin, nous rattrapons 2 autres camions. À 14 h 23 c’est le Pullman qui véhicule le Capitaine Mézy et le toubib. Nous roulons ensuite sur du sable et la piste devient un peu lourde. À 14 h 45 le terrain est parsemé de rochers semblables aux menhirs et aux dolmens bretons des alignements de Carnac, mais ici ces pierres n’ont pas été placées par la main de l’homme. La nature seule a fait le décor. De nombreux rochers de grès présentent toutes les caractéristiques de l’érosion éolienne, ils forment des blocs très arrondis, creusés et affouillés par le sable qui les fouette sans relâche et finit par les percer parfois de part en part comme des tunnels. Nous pénétrons ensuite dans les monts de l’Adrar Tiseline. À 14 h 45 nous rejoignons le camion de tête du convoi avec l’Adjudant des sénégalais, dans une région de schistes pourris. Le sol présente toutes les roches possibles... c’est le paradis des géologues. Mais il faudrait pouvoir s’arrêter et je ne peux que noter toute la diversité au vol de notre camion. À 15 h 05 un petit ensablement me permet de fouler le sol de la piste quelques courts instants. J’admire ensuite des schistes roses patinés de noir. À 15 h 15, une gazelle se profile à notre gauche. Poursuite immédiate... tirée... manquée ! De beaux granits roses parsemés au milieu des schistes en feuillets minces comme des ardoises. Encore des grès travaillés par le vent de sable, creusés en véritables grottes. À 16 h 10, nous arrivons devant le mur de l’Adrar Tintejert, brûlé et calciné, qui fait partie du grand massif du Mouydir. Nous pénétrons dans la montagne de couleur rouge cuivre par un oued dont nous suivons la vallée étroite. C’est l’oued Arak. À 16 h 45, nous nous arrêtons dans le fond de l’oued à sec pour la corvée de bois. Celui-ci ne manque pas car la végétation est abondante : étels, krumcas, drinn etc. Tous ces arbres sont presque morts, leurs branches pourries cassent comme du verre. Il n’y a qu’à tirer dessus pour les abattre au sol. Je me livre à la prospection de cailloux, grès roses patinés, brûlés et verdâtres, comme si la pierre avait été l’objet d’une sudation sous la terrible brûlure du soleil. Étrange pays que cette vallée resserrée piquetée de la tache verte pâle des étels, mais où on ne distingue pas la moindre trace d’eau.


C’est un paysage momifié et mort qui impressionne dans son éternel silence. Nous suivons une des rives de cet oued à sec, mais le traversons parfois car la piste change de bord. Un de ces passages de l’oued se fait entre deux rangées touffues d’étels dont les branches frôlent nos voitures. Nous nous rapprochons de notre terminus de la journée : Arak. Nous pénétrons dans des gorges fabuleuses constituées d’un extraordinaire éboulis d’énormes blocs déchiquetés. Les sommets des falaises se profilent sur le ciel du soir en découpures d’un autre âge et présentent soit d’énormes boules juchées en équilibre sur les hauteurs, soit des colonnes, des orgues, des bilboquets. Certains des ces blocs et non des moindres se sont détachés, comme éclatés de la falaise et sont tombés au pied, au milieu de l’oued, tout près de la piste. Paysage dantesque où le soleil de l’été doit créer une cuisson peu ordinaire. Bientôt les étels se multiplient, les roseaux géants abondent, signe de la présence de l’eau. Les gorges multiplient leurs tours, leurs colonnes éboulées, effritées, effeuilletées. Le soleil couchant dore l’ensemble qui s’embrase. Tout à coup à un détour de la piste une habitation... enfin ! apparaît. C’est le bordj d’Arak, construit dans la même teinte de grès rose que l’ensemble environnant. Nous pénétrons dans la cour à 17 h 45. J’ai parcouru dans la journée, en avion Tamanrasset–In Eker = 185 km en 1 h ¼, en auto ln Eker-Arak = 245 km en 5 h 45. Total 430 km.
           Le bordj d’Arak est tenu par un ménage français civil. C’est en somme un hôtel de la SAAT. Ceci malgré l’isolement du lieu me donne la sensation d’être revenu dans le nord ! Tout est relatif. Nous nous installons dans nos chambres. Celles-ci garnissent les 4 faces d’une cour intérieure. Au centre de celle-ci un bâtiment à arcades constitue la salle à manger commune. L’ensemble des constructions de teinte rose est couvert de tuiles également de terre rose séchée. Il fait chaud à Arak et les mouches y sont nombreuses. Qu’est ce que doit marquer le thermomètre en été ? Je n’ose y penser. Cela doit être dans les gorges étroites une fournaise de 40 à 50 degrés. Le convoi de sénégalais que nous avons distancé au cours de la journée sur la piste n’arrive au bordj d’Arak qu’à la nuit tombée. Les tirailleurs campent en plein air en dehors du bordj. Vertier, Gonnet et moi invitons à dîner avec nous le Capitaine Mézy. Mais celui-ci assez fatigué de son voyage préfère ainsi que le médecin, aller se coucher sans manger. Le Lieutenant Pzedzezchi, radio du convoi, partage seul nos agapes. Réunis tous les 4 à la table de la grande salle commune, nous dévorons avec appétit un copieux repas abondamment arrosé. Après dîner, dans la nuit noire, nous faisons un tour au milieu des sénégalais qui ont fait cuire leur repas sur de grands feux. Notre conducteur Morel et le brigadier-chef Lenert réparent, à la lumière des phares des voitures, le demi-arbre arrière de la voiture sanitaire, brisé en cours d’étape. Le dévouement de nos gens est vraiment admirable. À plat ventre sous-la voiture, couverts de poussière et d’huile, ils ne ménagent pas leur peine. Leur labeur est d’autant plus méritoire que la voiture n’est pas la leur et qu’ils ont tenu le volant toute la journée pendant plus de 400 km, sur un terrain difficile. Ils ne consentiront à prendre du repos qu’à une heure du matin, la sanitaire une fois réparée prête à reprendre la piste. Et le réveil sonnera pourtant pour eux demain à 4 h. Admirable équipe que ces conducteurs de nos unités sahariennes ! Que l’on compare leur tâche ingrate, obscure et sans profits immédiats avec celle de nos ouvriers d’usine de France. Et pourtant dans leur bouche, jamais un mot de récrimination ou d’aigreur. Leur point d’honneur saharien et leur extraordinaire discipline leur font accomplir des miracles. À titre d’exemple, une bielle coulée est réparée sur la piste en 3 heures. Je donne à nos conducteurs une partie de nos conserves et de notre « pinard » pour les remercier de leur effort. Nous nous retirons ensuite dans nos chambres pour dormir.
           Dimanche 6 mars 1938. Le convoi sénégalais a quitté Arak vers 5 h du matin pour poursuivre sa route. Les pétarades de ses camions m’ont réveillé, mais de notre côté nous ne quitterons les lieux qu’au grand jour après avoir fait un tour d’horizon du haut du belvédère du bordj et pris de nombreux croquis et photos. Le temps est lourd et nuageux. À 7 h 15 nos deux Latil vrombissent et après avoir repris nos places à bord nous nous lançons à la poursuite des fugitifs, vers le nord, en direction d’In-Salah.
           La piste serpente dans les gorges dont nous atteignons bientôt la sortie. Le terrain d’aviation est là sur la droite en terrain plat. Morel, pressé sans doute, conduit son camion à une allure de record. Plusieurs fois dans les virages nos roues chassent dans le terrain assez meuble. Je n’y attache pas trop d’importance confiant dans la maestria de mon pilote. Mais tout de même, ce matin je trouve qu’il a mangé du tigre. Tout à coup à 7 h 20 un virage plus court que les autres le surprend en pleine vitesse. Je n’ai pas le temps de faire « ouf ». Le véhicule lancé à mort ne peut être redressé à temps. Le coup de volant vient trop tard. Nous dérapons dans les cailloux et dans un fracas impressionnant nous sortons de la piste... Fort heureusement, celle-ci n’est pas trop surélevée par rapport au terrain environnant. La dénivellation est assez faible. Nous nous vomissons sur la gauche, la moitié du camion en dehors de la piste, l’autre moitié dessus. Il était temps ! Mais pour repartir, peine perdue. Les roues motrices arrière patinent dans le sable et s’enfoncent. Malgré nos efforts, malgré les « krechbas » placées sous les roues, notre camion donne de la bande de plus en plus. Nous essayons une autre manœuvre. Le camion Vertier-Donnet va nous hâler avec un gros cordage, mais le filin casse ! Nous recommençons en conjuguant tous les moyens. Au bout de 35 minutes nous nous tirons d’affaire... Après cette leçon Morel retrouve tout son calme. La piste redevient heureusement rectiligne et plate et nous pouvons ainsi marcher à 70 sans danger. À 8 h 35 nous faisons un court arrêt au bordj de Tadjemout. Un puits. De l’eau. Quelques carrés verts de blé, 4 ou 5 palmiers. Une femme indigène et deux enfants aux visages couverts de mouches. Un salut : « labès » et nous repartons. Pendant une demi-heure nous longeons à droite le pied des falaises de l’Adrar Tiggad N’Tarlemt. À 9 h 15 sur la gauche le terrain d’aviation de Taklit. La piste est bonne, plate et rectiligne, nous menons le train à 70. À 9 h. 30, nous entrons dans un défilé de monts de cailloux de grès rose brûlé et patiné. Pour les profanes qui croient que le désert se compose uniquement de dunes, une promenade dans ces régions ferait tomber bien de leurs illusions : des cailloux et toujours des cailloux ! C’est un peu désespérant à la longue. Mais le jeu des couleurs maintient l’attention : une plaque de sable rouge orangé très foncé garnit une gara d’un superbe manteau. À 10 h30, nous roulons sur un fond d’oued. Les cailloux de ses berges, érodés et usés par le flot torrentiel qui dût être autrefois très violent, sont roses ou rouges. À 10 h 40, finis les grès, voici les calcaires : nous pénétrons dans une région de garas tabulaires ou coniques. À 10 h 50, on aperçoit au loin la poussière, fine et blonde comme de la fumée du camion de queue du convoi sénégalais parti près de 2 heures avant nous d’Arak. Petit à petit se profilent les silhouettes de 3 camions qui se suivent et soulèvent des flots de poussière. À 11 h 05, le camion de queue est doublé. Nous laissons sur la droite le carrefour de la piste d’Amguid. Nous nous rapprochons du 2ème camion et forçons l’allure pour le dépasser. Parvenus à sa hauteur nous quittons la piste et le doublons à droite dans un terrain qui parait à première vue absolument plat. Nous marchons à 70. Brusquement devant nous le sol présente une dénivellation inattendue, un seuil à bords francs, une sorte de marche d’escalier invisible de loin qui se présente en travers de notre route et qu’il est impossible d’éviter. Il n’y a qu’à fermer les yeux, serrer les dents... (j’allais écrire autre chose !). En une, seconde l’obstacle est sous nos roues et le saut inévitable s’accomplit. Gonnet qui nous suit dans le 2ème camion me racontera qu’il a vu très exactement mon Latil sauter l’obstacle comme un cheval, les deux roues arrière quittant le sol et « ruant » vers le ciel ! La coupure du terrain à près d’un mètre de dénivellation. Notre camion s’aplatit des 4 roues de l’autre côté dans un fracas épouvantable. Je me suis dressé sur ma banquette pour amortir le choc. Mais nous restons immobiles, Morel ayant eu le reflexe de couper tout. Nous nous en tirons sans dommage pour la carrosserie, les ressorts et les organes vitaux. Seul un pneu a éclaté net. En outre un cri strident a jailli de l’intérieur du camion : « cassé ! » Il y a en effet sous la bâche de notre véhicule non seulement tout notre matériel : valises, cantines, lits, popote, mais encore deux êtres vivants, notre cuisinier Bouayech et le graisseur indigène, qui bourlinguent depuis notre départ, secoués et chahutés perpétuellement au milieu des colis. Enfermés dans la toile de la bâche, ils ne voient jamais la piste, ne peuvent prévoir les contre coups de ces obstacles et encaissent rudement les coups de tabac. Il faut vraiment avoir le cœur solidement accroché pour résister journellement à une telle corrida. Cette fois le cri « cassé » poussé par Bouayech nous laisse craindre pour notre matériel. Nous sautons à terre pour nous rendre compte des dégâts. Mais ce n’est pas de nos cantines qu’il s’agit. Il s’agit bel et bien du gars Bouayech en personne qui git lamentablement au milieu des caisses, dont l’une lui est retombée sur le crâne alors qu’il somnolait. « Cassé » c’est lui ! Il gémit affalé, couvert de poussière et sa face grimaçante naturellement bistre est devenue olivâtre. Nous le sortons du camion tant bien que mal et il s’étend sur le sol pour se reposer. Vertier lui donne un cachet pendant que nos chauffeurs changent la roue crevée. Pendant ce temps nous apercevons devant nous à peu de distance, le convoi sénégalais dont tous les véhicules se sont regroupés, arrêtés en marge de la piste pour la halte déjeuner. À l’aide de notre 2ème camion, nous le rejoignons. Il est 11 h. Bouayech parait toujours mal en point. Vertier trouve alors la formule magique pour le guérir : « Alors Bouayech, lui crie-t-il, il est l’heure de déjeuner, prépare nous le repas : sardines, pieds-paquets et petits pois ! » Du coup Bouayech se dresse. Il a reçu une consigne. Il se précipite pour l’exécuter. Son mal s’est envolé. Ces indigènes sont véritablement bâtis en fer et nous rions tous bien fort de l’heureuse issue de cette aventure que nous classons aussitôt dans l’armoire de nos souvenirs sous le titre de « Saut de la mort ».
           Nous déjeunons donc de bon appétit auprès de tous les camions rassemblés, en même temps que les tirailleurs sénégalais qui jonchent le bled de leurs boites de conserves. Comme le soleil tape assez fort, le Lieutenant Pzedzezchi accoutumé au Sahara sort de sa voiture radio un superbe parasol de jardin que nous plantons sur le reg et sous lequel nous nous abritons. Le convoi sénégalais repart avant nous suivant l’usage, sa vitesse horaire étant moindre que la nôtre. À 12 h 10 nous levons le camp à notre tour, tandis que Pzedzezchi dont le poste radio a pris liaison avec Ouargla achève de signaler par TSF, notre position et de rendre compte que tout va bien. À 12 h 30, nous rattrapons le car Pullman ensablé. Le Capitaine Mézy a fait descendre d’un camion 25 sénégalais qui poussent le lourd véhicule. À l'aide de cette main d’œuvre de renfort, à bon marché, le car peut repartir et en avant ! À 12 h 50, nous laissons à droite de la piste le puits isolé d’Hassi el Khenig. À 13 h 30 de très beaux mirages se découpent devant nous dans la région du chott Azirir. Puis des garas couvertes de sable jaune d’œuf ou jaune d’ocre. À 14 h 15, à droite, le puits tout neuf, d’Hassi Tiguenourine. La piste devient très mauvaise sur un plateau de reg à cause de petits ravinements très nombreux en tôle ondulée. Morel au volant doit être fatigué, il donne des signes visibles de lassitude (on le serait à moins, il a à peine dormi cette nuit). Je ne fais d’ailleurs aucune remarque à son égard, sachant par expérience qu’il est inutile de tarabuster par des conseils perpétuels un chauffeur à son volant.

 

 

           Mais à différentes reprises, alors que le terrain est parfaitement plat et n’offre aucun autre obstacle que les petits redjems (balises) jalonnant la piste de leur chaîne espacée, mais continue, Morel manque de justesse de les caramboler avec sa voiture. C’est à croire qu’il cherche à jouer aux quilles. Ces redjems sont constitués suivant le terrain de petits tas de cailloux ou de pierres, soit encore de vieux bidons ou de petites pyramides de tôle « don de Citroën ». C’est la seule signature humaine dans le désert. Le sol de reg fin absolument plat et uni s’étend ensuite à l’infini et l’on « gaze ». Un peu de sable par moment. À 15 h 10, sur le reg désert devenu peu à peu sablonneux, le vent de sable s’élève et balaie tout en traînées horizontales qui crépitent sur nos voitures. Nous sommes obligés de fermer les vitres précipitamment. Le sable devient mou et à différentes reprises nous manquons de peu l’ensablement. Nous approchons d’ln-Salah incontestablement. La région d'In-Salah est en effet une région de sable et comme le vent y règne assez souvent, nous avons de fortes chances d’y trouver le mauvais temps. Nous finissons par nous ensabler tellement le sol devient lourd. Le ciel devient opaque et voilé, obscurci de cette terrible brume du désert constituée par les milliers de grains de sable en suspens dans l’atmosphère. Nous poursuivons notre route vers In-Salah, cœur d'une vaste région, où s’étendent de belles palmeraies, le Tidikelt. L’horizon est jaune ocre. De multiples « foggaras » basses et alignées, tracent devant nous dans le bled de nombreux petits monticules. Les foggaras sont des canalisations souterraines creusées par les indigènes pour faire dévier les nappes d’eau sous la surface du sol et les amener à proximité des régions à irriguer.
           Bientôt nous apercevons ln-Salah. Des murailles crénelées qui se rapprochent... À 15 h 40, nous pénétrons « en ville ». Celle-ci est construite entièrement de bâtiments de style soudanais de terre séchée de couleur rouge foncé. L’aspect est saisissant. L’ensemble est remarquablement entretenu avec un goût extrême dont le chic et la coquetterie ne sont point exclus : c’est ainsi que l’avenue principale qui monte au bordj est jalonnée de bout en bout de superbes allées fleuries remarquablement entretenues et arrosées par des séguias d’eau courante. Dans le haut de l’avenue à gauche se profilent les frondaisons des étels du jardin du Capitaine Chef d’Annexe du Tidikelt. Puis c’est la porte monumentale d’argile rouge qui donne accès dans la cour du bordj. Nous avons fait depuis ce matin. 313 km.
           Nous sommes reçus à In-Salah par le Capitaine Lanibois, chef d’annexe. Son portrait ? Il est indispensable de le donner en détail pour camper mon personnage. Physiquement, mise et tenue absolument irréprochables, impeccables suivant l’expression consacrée. D’une correction minutieuse dans les détails comme on n’en voit peu : vareuse de gabardine beige clair, culottes anglaises mastic, leggins de drap de même teinte aux plis rectilignes, souliers vernis dont le cuir étincelant n’offre pas la moindre trace de fêlure aux regards, sous-pieds, éperons à boites. N’oubliez pas qu’In-Salah est la capitale des sables et que dans ce décor les pieds nus dans des naïls de cuir seraient plutôt de rigueur. Le Capitaine Lanibois, pourtant vieux saharien, nous reçoit dans les sables du Tidikelt tout comme sur le pavé des grandes villes. Taille élancée, bien prise, figure ornée d’une très courte moustache blonde et d’yeux bleus. Moralement le Capitaine Lanibois ne parle guère. Il écoute, il hoche la tête, il sourit, il approuve, il fait un geste de déférence ou de courtoisie. Tel est celui qui nous fait aujourd’hui l’honneur de son domaine.
           Nous sommes installés, Gonnet, Vertier et moi dans des chambres de l’annexe où le Capitaine Lanibois nous accompagne. Je suis très somptueusement installé, grande pièce, grand lit, cabinet de toilette attenant etc. Bref le Sahara tout confort. Mais Lanibois nous en réserve d’autres. Après la toilette, je vais seul faire un tour de l’ensemble. Je visite le Poste et notamment la Radio, où après les affaires de service réglées, le Sergent Sales m’emmène chez lui. Il me retient quelques instants avec sa femme et m’offre un apéritif. J’apprends de ce jeune ménage qui a un jeune bébé resté en France à Toulon, que la vie à ln-Salah est assez dure, à cause du vent de sable qui n’a guère cessé parait-il, depuis Noël dernier. Dans ce pays le sable est l’ennemi public n° 1. On le trouve partout, dans l’eau, dans la nourriture, dans les maisons où il s’infiltre par les croisées, dans les jardins où il envahit les légumes que l’on s’efforce de cultiver avec des miracles de patience. Il faut dresser partout des barricades, des barrières de roseaux pour atténuer son action. Mais quelle différence avec le sable marin de nos pays du nord de la France. Ce dernier possède une certaine densité. À In-Salah le sable n’en a point. C’est de la poussière fine et ténue, perpétuellement en suspens dans l’atmosphère. On ne se mouche pas ni s’essuie les yeux à In-Salah sans garnir son mouchoir de sable rose. C’est un inconvénient évidemment majeur. Mais quand le temps est beau et que l’atmosphère est calme, quelle merveille, quelle couleur, quelle douceur et quel ouaté infini peuvent présenter ces grands horizons de dunes si merveilleusement limpides !
           Avec mes camarades et le Capitaine Lanibois j’accepte encore avant le dîner un 2ème apéritif chez le Lieutenant et Madame Baron. (Il y a en tout à In-Salah cinq à six ménages français). Le Lieutenant Baron est l’adjoint du Capitaine Lanibois. Baron est le contraste de Lanibois, petit, exubérant et rondouillard. Sa femme elle aussi est rondouillarde. À les entendre ils doivent, dans cette vie un peu nonchalante d’un poste du sud, passer leur temps à se confectionner des petits plats... d’où embonpoint. Leur accueil est d’ailleurs charmant et Madame Baron nous présente dans son salon une petite gazelle toute frêle et jeunette qu’elle élève au biberon.
           Nous gagnons ensuite la popote pour le dîner. Le Capitaine Lanibois nous reçoit ainsi que les officiers du détachement sénégalais, le Capitaine Mézy et le Docteur Moret. Le Cercle des Officiers d’ln-Salah est orné de souvenirs sahariens et non des moindres. Photos et autographes de tous les officiers qui ont acquis bien avant la guerre des titres glorieux à la conquête du Sahara et de ses oasis. On peut y lire notamment des lettres du Père de Foucauld qui vécut longtemps à In-Salah. Des souvenirs de campagne, des armes indigènes de valeur tapissent les murs. On y retrouve également les statuts de l’Ordre fameux de la « Tarentule » (araignée des sables) qui fut créé autrefois par les officiers sahariens de cette résidence, la décoration (une araignée de métal aux longues pattes suspendue à un ruban multicolore) qui n’était décernée qu’à ceux qui avaient acquis les titres y afférant dans les postes ou unités méharistes du Tidikelt, la liste des commandeurs, grands croix etc. de l’Ordre de la Tarentule dont un petit nombre aux noms célèbres furent les élus. Bref tout un champ de souvenirs où se mêlent la gloire et la gaieté française.
           Nous sommes servis à table par un boy vêtu et ganté de blanc dont le service est sans reproches, et que Lanibois surveille discrètement de l’œil en maîtresse de maison consommée. La chair et les vins sont parfaits. Le Capitaine Lanibois est un raffiné. Il nous faut encore avant de prendre congé signer sur le livre d’or de la popote. Je feuillette le volume qui débute sous la signature du Gouverneur Général Le Beau et celle du Général Catroux. Puis c’est au long des pages bien des noms d’officiers de connaissance et même de leurs femmes... certaines piquées de lettres ont écrit des vers. Partout les charmes d’In-Salah et du Capitaine Lanibois sont fêtés, chantés, louangés, exaltés en termes parfois dithyrambiques ! C’est mon tour... Le Capitaine Lanibois me-tend le porte plume spécial destiné à l’usage du Livre d’Or, large et lourd, terminé par une très grosse plume ornée d’un éléphant en relief. Tout est extraordinaire à In-Salah ! Je tortille la plume entre mes doigts. Allons-y ! J’écris : « Que peut faire un Chasseur à ln-Salah ?... S’incliner » et je signe. Puis je passe le livre à Gonnet qui inscrit aussitôt : « Approuvé... Un Chasseur... d’Afrique ». Vertier ne perd pas le nord et ajoute : « Vu… Le Cornac des Chasseurs ». Notre prose à trois aura au moins le mérite sur celle de nos prédécesseurs d’être courte. Mais je m’en voudrais de passer sous silence ce que Duchène-Marullaz se rendant à Tamanrasset a écrit sur le dit Livre d’Or : « Vive In-Salah, où l’on ne rencontre ni Juifs, ni Francs-Maçons ». C’est ce qui s’appelle avoir du cran !
           Lundi 7 mars 1938. Au réveil, le Capitaine Lanibois chaussé de bottes étincelantes nous attend pour m’emmener ainsi que Gonnet faire un tour aux environs dans les palmeraies d’In-Salah. Il nous fait monter dans sa voiture personnelle, une superbe «Viva grand sport» dont la carrosserie est aussi étincelante et immaculée que ses bottes. L’intérieur de la voiture tapissé de gris tendre et de boiserie d’acajou-ne présente pas le moindre grain de sable. Les nickels miroitent. Un chauffeur indigène est au volant. Je prends place avec Bonnet sur la banquette du fond, tandis que Lanibois avec courtoisie s’installe « en lapin ». Nous filons sur la piste qui serpente le long des dunes et qui pénètre sous les admirables frondaisons des palmiers. À quelques kilomètres de là-nous descendons pour admirer une superbe piscine, au cœur même de la palmeraie. À proximité une source artésienne jaillit-du sol en bouillonnant et se répand aussitôt par de multiples séguias sous les palmiers. C’est la source la plus importante de la région qui en compte plusieurs et irrigue d’immenses hectares plantés de palmiers dattiers. Un peu plus loin, nous nous promenons dans les jardins de l’annexe aux carrés multiples de fruits et de légumes. Il y a même un bassin où naviguent des poissons comestibles, sortes de barbeaux, un clapier garni de lapins, un poulailler et ses volailles. Nous revenons ensuite au bordj où le Lieutenant Baron m’offre en souvenir un énorme morceau de tronc d’arbre pétrifié, comme on en trouve beaucoup à In-Salah. Cette pierre curieuse sert comme matériau de construction. Nous retrouvons Vertier qui ne nous a pas accompagnés dans notre promenade matinale, ainsi que nos équipages. Après les adieux et les remerciements chaleureux à nos hôtes d’un jour, nous reprenons la piste du nord dans nos deux Latil.
           Nous quittons définitivement In-Salah à 7 h 40. Nous traversons une région de dunes puis la piste reprend sa consistance. De nombreuses buttes témoins de grès s’alignent dans le bled. Une palmeraie se profile lointaine sur notre droite. À 8 h 30 ce sont de multiples garas aux formes fort curieuses, déchiquetées par le vent et sculptées par le-sable, qui n’offrent plus aux regards que des lambeaux ruiniformes. La piste sinueuse serpente au milieu des garas dont je dessine en vitesse quelques échantillons. À 9 h 40, se profile à l’horizon devant nous la falaise abrupte qui forme le rebord sud du plateau du Tademaït qu’il nous faudra gravir. À 10 h, nous rattrapons tous les véhicules du convoi sénégalais, arrêtés-sur la piste. Les tirailleurs cassent la croûte. Mon camion qui a pris quelque avance sur celui de Vertier-Gonnet patiente à son tour sur la piste. Le 2ème Latil qui a crevé et réparé un pneu nous rejoint au bout de 20 minutes que je passe à prospecter des cailloux. À 10 h 20 nos deux véhicules repartent et attaquent de conserve les lacets de la piste qui grimpe sur le plateau du Tademaït par une rude montée (akba). Nous atteignons enfin le haut du plateau dans la région d’Hassi el Hadjadj. Nous nous arrêtons pour admirer le coup d’œil de l’akba que nous venons de franchir. Le site est grandiose, vers l’arrière (sud) c’est la plaine que nous venons de quitter.

 



    

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